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Monde Vert (Le)
Brian Aldiss
Gallimard, Folio SF, roman, traduction de l’anglais (Angleterre), SF - planet opera, 328 pages, février 2009, 7€

Dans un avenir très lointain, la Terre connaîtra ses derniers instants. Le Soleil sera en train de devenir une géante rouge qui ne tardera pas à absorber notre planète…
L’élévation graduelle des températures a créé une jungle géante aux dimensions planétaires, composée d’une flore incroyable et d’une nouvelle faune toute aussi surréaliste. Un milieu étrange où des plantes-araignées géantes tissent leurs toiles, en forme de gigantesques lianes, jusqu’à la Lune.

Si l’humanité a survécu, elle est retournée au stade du primate arboricole dont le seul problème est de survivre avant d’être mangé par plus gros ou plus rapide que lui. Mais l’homme est toujours l’homme, cherchant des solutions, un destin, un futur.



Classique avéré et reconnu de la science fiction, « Le Monde Vert » de Brian Aldiss n’est pas une plongée dans une société dont l’écologie serait devenu l’idéologie dominante.

Il s’agit tout simplement d’une sorte de planet opera dont les principaux héros seraient les très lointains descendants de l’homme, lancés dans une quête pour leur survie et un éventuel futur.
Cependant, plus que l’homme, c’est en fait notre bonne vieille Terre qui est véritablement le personnage central du roman.
Vieille, mourante, elle lance ses dernières forces dans une course à l’armement biologique dont la faune et la flore locales seraient les fers de lance vindicatifs. Dans un environnement superbe, profondément hostile et à l’exubérance étonnante, « Le Monde Vert » narre peut-être la dernière odyssée de l’humanité.

Disons-le tout net, ce roman est avant tout basé sur une construction du merveilleux, loin de toute logique scientifique, servi par une écriture en tout point remarquable. Brian Aldiss donne vie à son univers, nous plonge dans de belles séquences de téléportations mentales futuristes dont on a beaucoup de mal à s’évader.
Beau, intense, sensitif, ce texte AOC, millésime 1962, est toujours un modèle d’imaginaire à la charge poétique d’une rare puissance.

L’intrigue, plus convenue, répond aux critères, aussi vieux qu’Homère et toujours utilisés de nos jours, de la quête initiatique dont le genre fantasy se délecte. Néanmoins, on accordera à Brian Aldiss l’intelligence de son récit qui nous évite tous les poncifs que l’on se tartine aujourd’hui sur des trilogies monumentales (au minimum).

Fidèle à ses idées, l’écrivain anglais s’intéresse tout autant au futur de ses héros pensants qu’au devenir d’un monde destiné au grand embrasement solaire. Car, au-delà de la fable philosophique, le paradoxe du roman est dans les rapports d’opposition proposés.
La Terre va mourir mais vit une seconde jeunesse pleine d’énergie, comme si mère nature voulait en profiter au maximum avant de disparaître.
De même, l’homme n’est presque plus homme, mais pressentant pourtant la fin d’un monde que son milieu naturel ne laisse pas deviner, il cherche une solution pour vivre encore, toujours, ailleurs.

Sur un thème similaire, le lecteur curieux serait d’ailleurs avisé de lire « La Cité et les Astres » (Folio SF), excellent roman d’A.C. Clarke, qui partait d’une idée identique (la fin de la Terre et de l’humanité) et parvient à une conclusion positive plus ou moins semblable, tout en proposant un cadre narratif et un milieu terrestre radicalement différents. Là où Clarke jouait de la carte de l’épuisement total, Aldiss noie littéralement son monde sous un débordement d’énergie biologique.

Le récit est donc aussi d’une grande vivacité. De longues séquences de dialogues, souvent liées à des scènes d’action, croisent des plages de descriptions environnementales. Souvent, les deux principes s’interconnectent également, immergeant le lecteur dans la création de l’écrivain.
Le tout n’est pas sans rappeler « Croisière sans Escale » (1958), dont la construction n’est pas si différente, avec un égal succès dans l’évocation d’une société primitive qui n’a pas totalement perdu son sens de la curiosité. Il est à noter aussi que l’on retrouvera certains de ses paramètres dans la trilogie d’« Helliconia » (1982-85), la grande œuvre de Brian Aldiss, bien que ce planet opera pur et dur se situe sur une planète totalement étrangère.

Beaucoup plus allégé et juvénile, « Le Monde Vert » séduit toujours et propose en trois cents petites pages un récit de pure SF comme on n’en fait plus. D’où classique à lire (ou à relire), si ce n’est pas encore fait.

- À noter : cette édition Folio SF reprend en poche la version Terre de Brume de 2007 (coll. Poussière d’Étoiles) qui, pour un prix assez conséquent (18€), n’était que le reprint de la version originelle de J’ai Lu puis du Livre de Poche. Une réédition utile en 2007, mais au prix forcément déroutant. L’initiative de Folio SF tombe donc à pic pour remettre dans le circuit un classique du genre à un prix enfin accessible.


Titre : Le Monde Vert (Hothouse, 1962)
Auteur : Brian Aldiss
Traduction : Michel Deutsch
Couverture : Johann Bodin (illustration)
Éditeur : Gallimard
Collection : Folio SF
Numéro : 328
Catégorie : F8
Précédentes éditions (France) : J’ai Lu, Livre de Poche, Terre de Brume
Prix : Hugo 1962, catégorie Short Fiction
Site Internet : site auteur (en anglais)
Pages : 328
Format (en cm) : 10,8 x 1,3 x 17,8 (poche, broché)
Dépôt légal : février 2009
Code : A 35571
EAN : 9 782070 355716
ISBN : 978-2-07-035571-6
Prix : 7€



Stéphane Pons
21 mars 2009


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Première édition J’ai Lu



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Ré édition J’ai Lu



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Édition du Livre de Poche (LGF)



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L’édition moyen format Terre de Brume (2007).



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