Sauf que le plaisir escompté tourne rapidement à la punition.
En commençant la lecture de « Voyageurs », on ne s’attend pas forcément à des grandes envolées stylistiques mais, tout au moins, à une écriture incisive, voire percutante. Neal Asher opte, lui, pour un style lourd manquant singulièrement de souffle, avec des passages tellement alambiqués et vides de sens que l’on n’y comprend rien. Dès les premières pages, il faut donc s’accrocher pour ne pas s’endormir. C’est vraiment dommage pour un livre qui, semble-t-il, met l’action au premier plan.
Arrive ensuite les nombreuses incohérences scénaristiques. Polly, la prostituée toxico qui décroche de l’héroïne aussi facilement que vous décrocheriez votre téléphone... Mais qui garde quand même quelques doses avec elle ! Au cas où, hein, on ne sait jamais.
Ou encore, son second voyage dans le temps qui gèle sa nourriture sans lui causer le moindre souci corporel. La grande classe, quoi.
Et que dire des retournements de situations complètement extravagants et des personnages morts qui réapparaissent ensuite sans explications particulières. Sinon que, au bout d’un moment, ça lasse et on commence à compter les pages avant la fin.
Certes, il reste quelques bonnes idées. Le conflit entre les deux civilisations qui n’est pas seulement spatial mais aussi temporel ; et les voyages dans le passé jusque dans les époques les plus reculées de l’humanité. Ce qui permet à Polly et à Tack (le tueur) de rencontrer des animaux préhistoriques, avec le choc que cela peut occasionner sur une jeune fille de 17 ans et un clone qui débarquent du XXIIe siècle.
L’ironie de l’auteur qui transparaît au travers de certains personnages et qui, de temps à autre, arrache un sourire au lecteur ; et les nombreux combats à coup de pistolets à tête chercheuse et autres bombes à plasma offrent aussi des scènes assez visuelles. Mais encore une fois, l’écriture gâche trop souvent le plaisir.
Finalement, la lecture de « Voyageurs » est décevante, le livre souffre de trop de défauts pour que l’objectif (être un bon divertissement “pas prise de tête”) soit atteint. Le peu de bonnes choses est saccagé par un auteur qui semble penser que les lecteurs veulent de l’action et peu importe la forme. Et tant pis si, au final, ça ne ressemble à rien, après tout on est là pour se marrer, non ?
« Voyageurs » est donc un livre bâclé et raté qui risque de décevoir plus d’un amateur de SF. Et, après une telle déception, il ne sera pas facile de s’attaquer à un autre livre de l’écrivain. Surtout que les bons livres ne manquent pas et les bons écrivains non plus.
Espérons que la prochaine fois Neal Asher prendra son travail beaucoup plus au sérieux.
Titre : Voyageurs (Cowl, 2004)
Auteur : Neal Asher
Traduction de l’anglais : Cédric Perdereau
Couverture (souple) : Marc Simonetti
Éditeur : Fleuve Noir
Collection : Rendez-Vous Ailleurs
Site Internet :page roman (site éditeur)
Directrice de collection : Bénédicte Lombardo
Pages : 350
Format (en cm) : 24 x 15,5 x 4
Dépôt légal : Juin 2008
ISBN : 978-2-265-08594-7
Prix : 22€