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Lettre froissée (La)
Servais
Dupuis

Sylvain, adolescent juif, est confié en toute discrétion au bon soin de monsieur et madame Frankart qui dirigent et animent un camp scout au château de Jamoigne tandis que ses parents partent travailler dans un camp à l’étranger.
Là-bas, il apprend le mode de vie scout mais fait surtout la rencontre de la jolie Pauline, lavandière insouciante éprise d’un jeune résistant…



La lettre froissée” s’inscrit dans le cycle de “La mémoire des arbres”, rassemblant des histoires écrites et dessinées par Servais.
Bien que présentant des situations, des époques et des contextes très différents, tous les albums de cette saga ont en commun la campagne et ses mystères et mettent en scène des personnages souvent marginaux dont le destin bascule de façon aussi brusque qu’imprévue.
Publiés originellement en diptyque entre 1994 et 2004, ils font depuis 2008 l’objet de rééditions en version intégrale. “La lettre froissée” est la quatrième à sortir.

Ici, pas de fantastique, pas d’actions à outrance. “La lettre froissée” est la mise en scène d’une histoire qui aurait pu être banale et que les sentiments humains associés au contexte ont fait basculer.

S’inspirant de faits réels, l’auteur a pris la peine et le soin de se renseigner sur les différents éléments de son récit, dépassant l’Histoire pour enrichir sa fiction sans jamais quitter les terres du plausible.
Ce qui est particulièrement appréciable ici, c’est que Servais prend tout au long de l’album le temps de détailler les situations et ce qu’il y a autour de sa trame, ne se concentrant pas uniquement sur les personnages et les péripéties.
De ce fait, on sort de la lecture avec l’impression d’avoir presque touché à une époque et à une situation et surtout d’avoir eu de quoi se mettre sous la dent.

Ceci permet de donner de la consistance et de l’intérêt à une ligne directrice qui reste sobre, mais efficace. On suit l’histoire sans ennui et avec curiosité, même si on s’obstine à attendre parfois un peu plus de tortuosité. Mais non, tout se déroule avec simplicité, ce qui confère tout le côté tragique de ce drame humain.

Ces rééditions ont l’intérêt notable de faire découvrir à un public plus large et probablement plus jeune le travail accompli par Servais. Si le dessin « old school » peut rebuter les adeptes du numérique et du stylisé, il n’en reste pas moins agréable et bien réalisé. On sent que l’auteur-illustrateur s’est investi dans ses histoires qu’il nous retranscrit avec efficacité.

A conseiller à tous les amateurs d’histoire aux relents de vérité, à ceux qui apprécient les récits simples et réalistes qui mettent l’accent sur la tortuosité de l’âme humaine plus que sur le spectaculaire.


La lettre froisée, version intégrale
- Scénario et dessins : Servais
- Couleur : Raives
- Public : Ado / adulte
- Éditeur : Dupuis
- Dépôt légal : janvier 2009
- Format : 24 x 32 cm
- Pagination : 92 pages couleurs
- ISBN : 978-2-8001-433-61
- Prix public : 22,00 €


© Dupuis (2009)



Myriam Bouchet
9 mars 2009




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