L’histoire de Pietrolino avait débuté avec “Le Clown Frappeur” dans l’horreur et la douleur du nazisme triomphant, elle se poursuit après-guerre, en une époque plus apaisée où les espoirs de joie et de bonheur peuvent renaître. L’album s’intitule “Un Cri d’Espoir” et porte parfaitement son titre.
Car voilà, la vie de Pietrolino sera, à l’image des grandes comédies shakespeariennes, une alternance de hauts et de bas. Et il faudra vraiment toucher le fond du puits pour qu’un coup de pied salvateur fasse remonter le malheureux à la surface, vers la lumière du soleil.
La mort, l’amour, le succès, la déchéance, la jalousie, la haine, autant d’émotions violentes qui traversent le récit et imprègnent l’histoire racontée.
Pietrolino va redevenir célèbre en « Clown Frappeur », croiser Colombella, son premier amour, tombée dans le ruisseau et qui ne le reconnaîtra pas, voir la passion naître entre un bel acrobate italien et son Alma, les sauver des griffes de l’affreux Pantalone, etc,.
Et puis, heureux et comblé par tant d’aventures partagées, ayant retrouvé l’usage de ses mains, Pietrolino décidera de quitter ses frères humains, fugue aérienne en mode céleste, mais définitive.
Une grande poésie illumine encore ce second tome. L’histoire du diptyque, inspirée par la collaboration d’Alejandro Jodorowsky avec le mime Marcel Marceau, renvoie le lecteur au travail de la pantomime, quand le plus infime mouvement du corps doit suggérer un univers imaginaire.
On apprécie d’ailleurs le petit clin d’œil glissé à la source inspiratrice et au destinataire original de l’histoire, page 22 .
Le scénario d’Alejandro Jodorowsky n’est pourtant pas l’écho lointain d’une voix distante, venue du passé, ou d’un projet qui n’aurait pas abouti.
Certes, l’histoire en tant que pièce n’a jamais été montée avec le mime Marceau faute de financements, mais sa ré actualisation en BD ravive la flamme du souvenir sans que le remord n’ait sa place dans l’affaire.
Le travail graphique d’Olivier G. Boiscommun y est pour beaucoup. Son trait, si original et atypique, colle à la narration. Ses audaces, quasi picturales et surréalistes (pages 32 et 33, par exemple), soutiennent et renforcent le récit. Sa palette des couleurs nimbe l’entreprise d’une luminosité venue d’ailleurs.
Oui, voilà bien ce que l’on appelle un travail de collaboration équilibré entre deux créateurs sur la même longueur d’onde.
La fin, à l’image du personnage central, est aérienne et céleste. Il ne pouvait en être autrement car au pays des rêves éveillés, il faut aussi savoir disparaître avec l’élégance et la grâce des êtres éclairés.
Pietrolino (T2) : Un Cri d’Espoir (Les Humanoïdes Associés).
Un Cri d’Espoir (tome 2)
Série : Pietrolino
Premier tome : Le Clown Frappeur
Scénario : Alejandro Jodorowski
Dessin et couleur : Olivier G. Boiscommun
Maquette : Philippe Ghielmetti
Éditeur : Les Humanoïdes Associés, S.A.S. Paris
Sites Internet : page album (site Les Humanoïdes Associés)
Page : 48 pages (46 planches)
Format (en cm) : 24 x 32
Dépot légal : novembre 2008
ISBN : 978 2 7316 2148 8
Prix : 12,90€
© Illustrations : O. G. Boiscommun, A. Jodorowsky - Les Humanoïdes Associés (2008).
