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Vive la pourriture !
Malavita de Tonino Benacquista
Délices & Daubes n° 136


Quand on oscille, chez Gallimard, entre la blanche et le polar, écrit-on du « transgenre » ? Tonino ne se pose sans doute pas cette question, édité qu’il est aujourd’hui dans la plus classieuse des collections.

Ce roman, bien construit et bien écrit quoique légèrement longuet dans la première partie, participe d’un étrange mouvement consistant à rendre sympathiques les ordures, les salauds et les assassins. En l’occurrence il s’agit de mafieux, comme dans la série télé “Les Soprano” ou dans la série de films “Le Parrain”.

Giovanni Manzoni, maintenant Fred Blake, a fait tomber de gros bonnets de la mafia de la région de New-York. Impossible à protéger aux Etats-Unis, le capo repenti est exilé avec sa famille en France. Après avoir déconné à Paris, puis sur la Côte d’Azur, à cause de ses mauvais réflexes de brute, Fred et sa famille sont installés par le FBI (qui a 3 agents à plein temps pour les surveiller) à Cholong-sur-Avre en Normandie.

Les Américains s’adaptent à cette petite ville de province. Fred reste chez lui et, trouvant une machine à écrire dans la maison, se découvre écrivain et commence à écrire ses mémoires. Le fils Warren ne met pas une journée avant de devenir meneur à son bahut. La fille Belle est tout de suite aimée de tous pour sa beauté et son intelligence et Maggie la mère se dévoue aux bonnes œuvres en tous genres, histoire de racheter les fautes de son mari. Et il y a la chienne Malavita (un autre nom de La Cosa Nostra) qui dort tout le temps au sous-sol, près de la chaudière.

Fred est bien une ordure qui a extorqué, tué et fait tuer et qui n’en a aucun remords. Comme à Paris et à Cagnes, il ne peut empêcher ses comportements mafieux de prendre le dessus, tant pis pour le plombier qui cherchait à le gruger.
Cette adaptation des Blake à leur nouvelle vie tire un peu en longueur, jusqu’à ce que, suite à un événement totalement improbable, la mafia retrouve leur trace. Le roman repart et l’action aussi dans un final de haute volée.

C’est un roman noir maîtrisé et réussi, bien ficelé et agréable à lire. Le problème que j’ai – chochotte que je suis – c’est le fond : le héros est une pourriture.


Henri Bademoude
3 janvier 2009


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