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Cinq ailes, n’est-ce pas un peu bancal ?
Sœur Ynolde de Pierre Bordage
Délices & Daubes n° 135


Il y a un an je délirais sur un bouquin en criant au chef d’œuvre. Il s’agissait du premier tome de “La Fraternité du Panca,” Frère Ewen de Pierre Bordage D&D 82. Je viens de finir le deuxième tome. Eh ben mon opinion a changé. C’est toujours formidablement raconté, plein d’aventures, de planètes impossibles, de voyages spaciaux. C’est toujours du bon space-op, mais…

D’abord c’est long – et même si c’est plus qu’une tendance, carrément une obligation d’aujourd’hui que je n’ai toujours pas comprise –, savoir qu’il y a encore trois fois 450 pages avant de finir l’histoire a quelque chose de déprimant.

Ensuite j’ai trouvé qu’on perdait la crédibilité du premier tome avec ce que j’estime être des incohérences ou des faiblesses.

On suit les aventures de Sœur Ynolde, la fille d’Ewen, qui a dans sa tête l’« amna », la mémoire et les pensées de son père en plus de son propre implant. Elle est bien sûr très belle, tombe amoureuse comme d’un rien alors que cela lui est peu recommandé vu sa mission, utilise son chaka pour brûler les vilains mais se demande toujours pourquoi ses implants ou son arme symbiotique lui disent de faire attention. Elle se retrouve donc en permanence dans des situations critiques dont elle se sort toujours, en général grâce à l’intervention de tierces personnes qui la protègent parce qu’elles croient, elles aussi, que la Fraternité du Panca va sauver l’Univers.

Bien sûr on ne saura pas dans ce tome pourquoi c’est le dernier maillon de la chaîne pancavique qui sauvera la Vie dans la galaxie. Passe encore. Mais pourquoi ces êtres d’exception que sont les frères et sœurs du Panca sont-ils si innocents, voire benêts, et qu’est-ce qui préside à leur choix ? Alors que ce sont a priori les gentils, pourquoi sont-ils persécutés par d’autres qui prétendent au contraire qu’ils vont détruire l’Humanité ? On espérait un peu plus de justification historique à leur existence. Un vague paragraphe parle de leur création par d’anciens combattants mais c’est vraiment trop lapidaire.

L’autre ligne narrative suit le parcours de Sylf, un jeune et remarquable assassin avec des gènes extra-terrestres. C’est un gentil (le concept d’assassin aimable est relativement original) qui tue en douceur et sans faire mal. Il est formidablement beau et habile au combat, au point de rester dix minutes sous l’eau, de rester à poil dans la neige et d’arrêter le temps pour mieux prévoir les mouvements de ses adversaires. C’est donc un héros lui aussi, mais dont la mission est de tuer la belle Ynolde ? On ne se doute pas du dénouement, non pas du tout. Hum…

Les histoires d’amour prennent beaucoup de place. Sans dénier leur importance, elles n’apportent pas grand-chose, ni à la psychologie assez simpliste des deux héros, ni surtout à la progression de l’histoire.

Bordage n’a rien perdu de son talent de conteur extraordinaire, qui mérite tout à fait sa réputation et son succès. Il y a des scènes formidables et de belles images qui vous restent dans la tête. La chasse aux dragons d’eau ou les arbres à son en font partie. Ce roman est largement au-dessus de la moyenne de ce qui sort avec la fréquence infernale des rafales de mitraillette des éditeurs spécialisés « SF » avec guillemets mérités.
Mais je suis personnellement déçu par ce deuxième opus, au point que je me demande si l’année prochaine j’achèterai le tome 3 (sur 5, n’oubliez pas ce détail !)


Henri Bademoude
27 décembre 2008


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