Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Meilleur des Pieds Nickelés (Le) 100 ans
Louis Forton & René Pellos
Vents d’Ouest

Ils sont trois, ont laissé des patronymes passés dans le langage courant et passionnés des générations de lecteurs.
Ils ont eu 100 ans en 2008, soit une des plus belles longévités de l’univers de la BD.

Qui sont-ils ? Les Pieds Nickelés, evidently !

Grâce aux éditions Vents d’Ouest, voici venu le temps de nos plus de 500 pages annuelles d’aventures de Croquignol, Ribouldingue et Filochard.




Comme nous l’apprend le très intéressant travail de préface de cette édition Vents d’Ouest, c’est officiellement le 4 juin 1908 que “Les Pieds Nickelés” font leur grande entrée dans le monde de l’édition. Le périodique s’appelle “L’Épatant”, il s’agit du numéro 9 et il a été lancé par les frères Offenstadt qui avaient senti le bon coup.
Le succès sera quasi immédiat et « Les Exploits de Croquignol, Ribouldingue et Filochard » seront régulièrement lus par les grands, les moyens et les petits malgré l’odeur de souffre qui s’échappe de cette BD.

JPEG - 46 ko

Les Pieds Nickelés
version Louis Forton : aux origines d’un mythe.


Car il faut le savoir, nos trois personnages emblématiques sont avant tout des voleurs, des bandits sans scrupule, qui vivent de leurs nombreuses rapines. Le ton est résolument et moralement incorrect, il séduit d’emblée et durant de nombreuses années (plus de 200 000 exemplaires par semaine au plus fort du succès).

100 ans d’escroqueries diverses et variées !

Louis Forton sera aux manettes de la légende jusqu’à sa mort survenue en 1934, à 54 ans. Dessinateur atypique, plus caricaturiste brillant que vraiment dessinateur (d’après les spécialistes), Forton était aussi un fieffé joueur aux courses et un grand buveur. Dans la catégorie des artistes qui brûlèrent la chandelle par les deux bouts, l’homme se pose un peu là.
Perré reprendra la série avec un égal succès de 1934 à 37 avant de décider d’aller gagner sa croûte convenablement ailleurs. Si “Les Pieds Nickelés” rapportent beaucoup, l’éditeur est avare, il faut le savoir.
Puis c’est Badert qui s’y colle jusqu’en 1940 (plus désorientant pour les amateurs des trois filous) avant que la Seconde Guerre Mondiale et la pénurie de papier n’interrompent les hostilités bidonnantes du trio.

C’est en 1946 que le second grand dessinateur des “Pieds Nickelés” entre en scène. René Pellos n’est pas un novice. Il a déjà fait ses preuves dans le dessin sportif et décide dès le départ de faire évoluer le graphisme des trois héros en reprenant certaines des idées développées par Badert. C’est grâce à lui que “Les Pieds Nickelés” prendront leur forme définitive, en tout cas celle que notre inconscient graphique retient aujourd’hui.
Alors que les créations du génial Forton avaient un côté « nain de jardin » (le corps, les visages), Pellos stylise de moins en moins les personnages et s’il joue toujours du stéréotype comportemental, il n’en affine pas moins le trait des personnages de la série avec un beau talent et une grande inventivité.
On peut raisonnablement dire que cette création accède au monde de la BD contemporaine, en soit qu’elle n’est pas déroutante pour un lecteur du 21e siècle. Côté scénario, les auteurs avec qui il travaillera ne trahiront jamais la mythologie gentiment (et franchement) bordélico-anarchiste ambiante.

JPEG - 67.7 ko

Les Pieds Nickelés
version René Pellos : le second grand dessinateur de la série


Fainéants, escrocs, sans morale et que du bonheur !

C’est que le succès des Pieds Nickelés peut apparaître comme tributaire d’un esprit français-gaulois profond (dans tous les sens du terme). Jamais réellement gentils, toujours impolis (sauf par nécessité), nos trois gaillards sont les pourfendeurs de la bienséance. L’argot est leur langue et contamine leurs dialogues, aucune catégorie sociale ou professionnelle (du Français moyen au Président de la République en passant par les hommes d’Église) ne sort blanchie de ces aventures au vitriol.
Coup de pied permanent dans la fourmilière de la société hexagonale, “Les Pieds Nickelés” sont l’aiguillon d’une France qui dit non. Celle qui rêve de botter le cul de ses maîtres, d’envoyer tout balader et de vivre en solitaire dans un monde qui pousse paradoxalement à la coexistence pacifique et sociale.
Punks positivistes avant l’heure duNo Future et du No Fun, ils étaient aussi l’antithèse de ces deux slogans car tout était “futur” et “fun” chez eux... mais au détriment des autres.

Septième opus de plus de 500 pages à paraître grâce aux éditions Vents d’Ouest, ce “Meilleur des Pieds Nickelés - 100 ans” rassemble un florilège des aventures de Croquignol, Ribouldingue et Filochard par ses plus grands dessinateurs. En plus de marquer le coup du centenaire, il poursuit le long et beau travail de l’éditeur sur le sujet.

Le long texte d’introduction de cette édition est une mine d’informations et une bibliographie exhaustive (de 1929 à 1995) précède l’ouverture des joyeusetés graphiques.
Les trois cents premières pages (à une aventure près) offrent la version la plus ardue à déguster aujourd’hui, habitués que nous sommes à peu lire et à beaucoup regarder les dessins. Le reste des 150 pages restantes étant plus classique sur la forme (apparition des bulles au détriment du texte inclus sous les images) mais tout aussi provocateur sur le fond. Seule petite critique, qu’aucun index véritable ne soit présent dans le recueil, rendant la recherche d’information sur une série d’aventures un peu complexe ou fastidieuse. Autant dire peu de chose.

Merde... à tout le monde !

Héros de légende, personnages aux destins tout entiers dédiés à la mise à sac de la société, les aventures en noir et blanc de ces trois arnaqueurs pas toujours doués, fleurent bon un grand « Merde ! » joyeux et rigolard balancé à la face des bonnes gens.

Stigmatiser avec aussi peu de tact et de retenue les travers de l’humanité afin de mieux en souligner le comportement hypocrite évident, ça dégage salement les neurones !

Et y-a pas à dire, pour 30 Euros (trois places pour un mauvais film) ça fait du bien !


Les Meilleurs des Pieds Nickelés : 100 ans
Série : Les Pieds Nickelés (tome 7)
Auteurs : Louis Forton & René Pellos
Texte d’introduction : François Coupez
Préface : Vents d’Ouest
Éditeur : Vents d’Ouest, 31-33, rue Ernest-Renan, 92130 Issy-Les-Moulineaux
Collection : Les Meilleurs de... (tous à 30€)
Sites Internet : page volume (site éditeur), site spécialisé, un remarquable article sur le sujet
Pages : 576
Format :
Parution : juillet 2008
Code Prix : VO45
EAN : 9 782749 304496
ISBN : 978-2-7493-0449-6
Prix : 30€


© Illustrations & Couvertures : Vents d’Ouest et les ayants droits légaux (2008 pour ce volume).




Stéphane Pons
3 décembre 2008




JPEG - 21.6 ko
Juin 1908, premier numéro de « L’Épatant » avec Les Pieds Nickelés de Louis Forton.



JPEG - 12.3 ko



JPEG - 14.8 ko



JPEG - 15 ko



JPEG - 11.1 ko
Les six précédents volumes de la collection (Édition Vents d’Ouest).



JPEG - 13.8 ko



JPEG - 11.5 ko



JPEG - 10.8 ko



Chargement...
WebAnalytics