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Last winter (The)
Film américain de Larry Fessenden (2006)
17 mai 2007

***



Genre : Fantastique, SF
Durée : 101 minutes

Avec Ron Perlman (Ed Pollack), James LeGros (James Hoffman), Connie Britton (Abby Sellers), Zach Gilford (Maxwell McKinder), Kevin Corrigan (Motor), Jamie Harrold (Elliot Jenkins), Pato Hoffmann (Lee Means), Joanne Shenandoah (Dawn Russell), Larry Fessenden (Charles Foster), Oscar Miller (Simon Marshowitz), Hálfdán Theodórsson (Gary )

Les terres arctiques américaines. L’équipe de prospection d’une grande compagnie pétrolière, recluse dans une station, attend que la température, inhabituellement élevée, descende à un niveau permettant la construction d’une route pour que débute enfin l’exploitation.

Parmi eux, Hoffman, représentant pour le gouvernement d’une ONG écologiste, exprime des doutes sur la situation actuelle. D’étranges évènements, puis une mort violente, vont rapidement pourrir l’ambiance...

Non, il ne s’agit pas d’un remake de « The thing », même si Larry Fessenden parait être un inconditionnel du film. Tant mieux, car c’est avec plaisir que l’on retrouve l’ambiance claustrophobique et pesante du film de John Carpenter.

Si l’intrigue de « The last winter » est indubitablement bien moins originale et construite que celle de son aîné, le film va ailleurs...
Les forces inhumaines qui rodent dans la nuit autour de la station servent ici, évidemment, un propos écologique.

Il n’est du reste pas nécessaire d’avoir un doctorat en glaciologie pour en déduire que le titre du film (le dernier hiver) est bien sur à prendre au sens littéral. Désormais, les glaces vont disparaître, conséquence du réchauffement climatique.

Les Créatures « innommables » permettent d’incarner l’épée de Damoclès qui pèse sur l’humanité. Ce type de néo-paganisme existe du reste bel et bien, surtout aux USA, ou l’écologie rencontre le new-age et accouche de Gaia, le culte de la terre-mère, l’écosystème personnifié.
L’originalité du film est d’utiliser plutôt l’horreur lovecraftienne pour incarner la nature, non pas maternelle et pleine de bonté inépuisable, mais comme une force qui dépasse de loin notre compréhension tout comme les notions de bien...et de mal.

Ainsi, les entités que nous avons réveillées par notre activité effrénée pourraient bien écraser la vermine parasitaire que nous sommes devenus… sans plus d’états d’âme qu’un humain écrasant un cafard pris en flagrant délit. En nous rendant fous au passage.

L’auteur n’en est d’ailleurs pas à sa première utilisation du mythe de Cthulhu, puisque son précédant film s’intitulait le « Wendigo » (créature fantomatique du grand nord américain, qui est certes bien antérieure à Lovecraft, et apparaît par exemple dans « Simetierre » de Stephen King). Le film est donc sans conteste très Lovecratien dans sa forme comme dans son fond ( bien plus que nombre de productions qui se revendiquent du maître de providence).

Ce type de pari est difficile.

Au final, « The Last winter » risque de faire fuir les fans d’action qui le trouveront trop intello....et les intellos eux-même le snoberont comme « simple » film fantastique.

On sent presque Larry Fessenden poussé à montrer, dans les dernières minutes, les esprits chthoniens qu’il avait évoqués durant toute le film, ce qui n’apporte pas grand chose de plus au récit ( si ce n’est de ne pas frustrer des spectateurs habitués aux ficelles du genre).

La présence de Ron Perlman (si, si, vous le connaissez, le fou polyglotte du « Nom de la rose », que l’on retrouve dans « Alien IV » et qui incarne désormais « Hellboy » au cinéma) réussi à donner de la crédibilité à ce décideur borné qui s’enfonce toujours plus dans la bêtise jusqu’à devenir vers la fin, avec un surcroît de manichéisme (au détriment du réalisme psychologique), l’archétype du facho-industrio-catho-phallocrate.

Dommage, car le charisme de Ron en faisait jusqu’ici un personnage rebutant, certes, mais pathétique, jaloux, faible, et par la même autoritaire et borné, bref humain.

En le transformant en simple « méchant » hollywoodien, Larry Fessenden a perdu une opportunité de valider son message en développant cette profondeur.

Cette réserve mise à part, le dosage est pourtant assez idéal, et les pièges du discours engagé a gros godillots sont (relativement) évités.
Le réchauffement climatique au quotidien reste bien abstrait.

2100 parait bien loin. « The Last winter », en mythe moderne, nous aide à prendre conscience du trop complexe, du trop lointain, de l’impensable, et c’est bien là la fonction du mythe, qui vise directement les racines de nos craintes les plus primitives. De ce point de vue, le film sait ou il va et ce qu’il fait.

On ne peut malheureusement pas en dire autant de la vague du « nouveau cinéma de genre » français, qui pourrait trouver ici la recette d’une alchimie mieux aboutie.

FICHE TECHNIQUE :

Titre original : The last winter

Réalisation : Larry Fessenden
Scénariste : Larry Fessenden & Robert Leaver

Producteur : Larry Fessenden
Producteur exécutif : Jeanne Levy-Hinte & Sigurjon Sighvatsso

Directeur artistique : Gunnar Pálsso
Compositeur : Jeff Grace
Directrice du casting : Laura Rosenthal

Production : Antidote Films (I), Glass Eye Pix, Zik Zak Kvikmyndir
Distribution : IFC Films (2007) (USA) (theatrical) , IFC First Take (2007) (USA) , Sunfilm Entertainment (2007) (Allemagne) (DVD), Cinetic Media ( monde)


Maître Sinh
17 mai 2007



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