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Le cyberespace de l'imaginaire




Dead Set
Une création de Charlie Brooker
octobre 2008

Alors que les zombie-maniaques de la rédaction (et nous sommes nombreux) lorgnaient en vain du côté des Etats-Unis en espérant que le projet « Babylon Field » reçoivent un feu vert, les Anglais coupent l’herbe sous le pied des Américains en produisant une série coup de poing de zombie-réalité.



Avec Jaime Winstone (Kelly), Riz Ahmed (Riq), Adam Deacon (Space), Andy Nyman (Patrick), Warren Brown (Marky), Beth Cordingly (Veronica), Kathleen McDermott (Pippa), Kevin Eldon (Joplin), Raj Ghatak (Grayson), Chizzy Akudolu (Angel), Liz May Brice (Alex), Elyes Gabel (Danny), Shelley Conn (Claire), Davina McCall (elle-même), Charlie Brooker (lui-même), Krishnan Guru-Murthy (lui-même), etc.

Cela fait maintenant 64 jours que les participants de Big Brother (le secret story à la sauce british) sont reclus dans leur loft. En ce jour d’élimination, c’est bien évidemment l’effervescence. A l’extérieur, le moral n’est pas non plus au beau fixe. Des flashs d’info relatif à des émeutes dans le nord du pays menace la diffusion en prime time de l’émission. Malgré les craintes de Patrick, le producteur, le direct débute à l’heure prévue. Mais au moment ou Pitta, la grosse pouffe du show, est sommée de quitter les lieux, en régie, Patrick s’aperçoit que Channel 4 leur a repris l’antenne pour diffuser des images de guérilla urbaine. Des hordes de zombies déferlent sur les centres villes de Newcastle, Manchester, Liverpool et l’armée, appelée en renfort par la police, est complètement dépassée.
Un moment de stupeur qui se transforme rapidement en panique lorsqu’un mort-vivant parvient à pénétrer dans le studio et attaque le public. Aussi rapide et contagieux que les goules de « 28 jours » et « 28 semaines plus tard », l’intrus contamine à vitesse grand V tout ce qui passe à porté de dents. Un carnage. Seuls Patrick, Kelly et Pitta parviennent à échapper à ce raz de marée zombique en se barricadant soit dans un chiotte (Patrick) soit dans un bureau (Kelly, Pitta). Bien évidemment, rien n’à filtrer des événements à l’intérieur du loft. Ne sachant même pas que le direct a été interrompu, les participants se sont rués sur les bouteilles d’alcool mises à leur disposition par la production dans la pièce qui leur sert de garde manger et ont bu jusqu’à plus soif pendant que le public et les organisateurs se faisaient dévorer par les bouffeurs de chairs humaines.
Quand, le lendemain matin, les lofteurs, et leur gueule de bois, voient débarquer dans leur aquarium une jeune fille visiblement terrorisée tenant à la main une paire de ciseaux ensanglantés, ils pensent bêtement qu’il s’agit d’un nouveau challenge à relever. Son histoire de morts qui s’attaquent aux vivants ne tient pas la route. Enfin, jusqu’au moment où l’un des cameramans transformé en créature assoiffée de sang ne fasse irruption sur le plateau….

Apparemment, les approches du sujet façon cinéma réalité de « REC » et « Diary of the Dead » ont fait des émules. Produite par Zeppotron, Dead Set est une mini-série en cinq parties (un pilote de 45 minutes et 4 épisodes de 23 minutes) créée par le scénariste de comic-book anglais Charlie Brooker.

Diffusée en octobre 2008 sur l’antenne de E4, ce programme, d’une violence inouïe, est précédé d’un avertissement qui, tout en prévenant de la crudité verbale et visuelle du programme, conseille aux amateurs de la regarder dans le noir en montant le volume bien fort. Il y a des jours comme ça où on en arriverait presque à vouloir être Anglais. What a pity !!!

Bref, un must à dévorer au plus vite.

Bruno Paul (Décembre 2008)

UNE AUTRE CRITIQUE

La belle vitalité du cinéma de genre de l’intrigante Albion impacte aujourd’hui la production télévisuelle venue d’outre-manche. On savait déjà nos amis anglais capables de créer et de produire de bonnes séries d’anticipation SF ou fantastiques, renouant avec une longue tradition imaginaire qu’ils n’avaient finalement jamais oubliée, on se rend compte aujourd’hui qu’y compris à la télé, ils prennent des risques et se permettent des exercices de style que l’on n’évoque même pas en France dans nos rêves les plus fous.

En effet, réfléchissez-y une seconde, qui aurait le courage de produire plus de deux heures de programmes à la George A. Romero sur notre triste Paf, qui plus est en se foutant officiellement de la figure des jeux de télé-réalités qui font le succès de certaines boutiques audiovisuelles ?
Ce sont les paris risqués et réussis de ce Dead Set qui transporte les habitants d’un loft et quelques survivants de la production (une assistante qui sert les cafés et le producteur mégalomane) dans un environnement où les zombies sont devenus les maîtres du pays... et du studio.

Si tout commence comme une soirée classique, on comprend très vite que quelque chose ne va pas. Alors que la production prépare fiévreusement la gestion du direct du soir qui verra un candidat éliminé, les nouvelles de l’extérieur sont de plus en plus confuses. Il se murmure même que la diffusion pourrait être coupée en direct par des flashs d’infos !
Dans le petit monde profondément égoïste des paillettes, du trash et de la pornographie télévisuelle, inutile de préciser que ce suspense n’est pas accueilli avec joie. Évidemment, ce qui va arriver sera bien pire.
La foule des aficionados, parqués devant l’estrade où va débouler l’éliminée du soir est peu à peu contaminée par un mort-vivant qui déclenche le fameux processus pandémique incontrôlable. Celui-ci déborde très vite à l’intérieur des studios de production, mais ne touche pas les habitants du loft qui, principe de l’émission oblige, sont dans une espèce de bunker imprenable et ignore tout de ce qui se passe à l’extérieur.
Mais le petit matin venu, la fine équipe constate que son Big Brother ne lui parle plus, que les caméras ne bougent plus, qu’aucune alarme ne retentit quand ils ont oublié leurs micros, etc. Bref, la perplexité règne…
Puis l’inquiétude, lorsqu’une jeune femme débarque complètement affolée avec une paire de ciseaux ensanglantés à la main. Et du « cool, une nouvelle coloc ‘ » à « ce n’est pas marrant comme blague », la vérité se fraye son chemin dans leurs petits esprits de stars à deux sous…

La grande idée de Dead Set est de jouer de l’art de la métaphore en opposant les « enfermés » du loft contre les morts-vivants du monde à ciel ouvert (libres). Transformant petit-à-petit l’appartement des reclus en Fort Alamo de la dernière chance, le scénario devient de plus en plus malin, même si, volontairement, tout est cliché au départ, évidemment.
Il y a le participant homo en pleine déjante transformiste, les bimbos blondes aux neurones très limités, une black, un beur, quelques spécimens de jeunes mâles britanniques et même un quadra intello totalement complexé, persuadé de changer la face du monde en participant à l’émission (et gentiment surnommé Gollum par ses colocataires !).
Chacun est persuadé d’être la star de l’émission, le chouchou du public alors que la production sélectionne évidemment le pire de leurs actions, les rendant objets de moquerie générale pour le grand public.

Cet aspect de la satyre est donc une grande réussite et parvient à démonter (ainsi qu’à démontrer) la vulgarité sadique de ce principe d’émission en deux coups de cuillères à pot. L’auto avilissement des âmes des participants dont se gave la machine médiatique sera le contre point soft de la fringale de chairs fraîches dont veulent se nourrir les morts-vivants. C’est assez fun dans la conception, totalement réjouissant sur le principe, profondément respectueux des grandes règles du genre de film de zombies.

Conçue et produite en cinq épisodes (dont un pilote double durée), la série Dead Set ne va pas non plus se limiter à la gestion des événements dans la zone du loft Big Brother, mais aussi introduire en parallèle une sorte de road-movie (à pieds, en voiture et en bateau) centré sur un jeune homme, amoureux de l’assistante de l’émission, et qui cherche à la rejoindre, persuadé qu’elle est encore vivante.
Il y a un peu de « 28 jours - 28 semaines plus tard » dans Dead Set avec de nombreuses séquences chocs parfaitement filmées, rendant totalement crédible l’histoire. Côté effets spéciaux et maquillages, pas grand-chose à redire. Certains mouvements de foules sont intéressants et bien amenés et on apprécie tout un panel de scènes qui font directement ou indirectement références à des classiques du genre (le dézinguage des zombies au fusil à lunette, etc).
Étonnant enfin, l’aspect sanglant de la série n’est pas affadie par sa diffusion télévisuelle et la réalisation se permet une fin apocalyptique et pessimiste de grande envergure, flirtant avec les rives du gore.
Côté distribution et acteurs, c’est là aussi à mille kilomètres de ce qui se fait en France, que ce soit au niveau de leurs origines ethniques ou du point de vue de leur jeunesse (aux alentours de la trentaine, maximum), une chance est donnée à tout le monde, sans à priori.

Finalement, on n’est pas loin de penser que Dead Set pourrait être remonté en un film de deux heures dont nous conseillerions la vision sur grand écran avec enthousiasme.
Cette minisérie est donc une belle réussite du genre, franchement couillue et courageuse, qui ne suscite pas ou peu de critiques car même les clichés dont elle fait usage sont des ressorts de l’intrigue.
Les esprits grincheux pourront toujours faire remarquer que la chaîne E4 productrice de Dead Set est également celle de l’émission Big Brother, que par ce biais elle a trouvé une manière particulièrement vicieuse de recycler et de rentabiliser les plateaux d’une émission puante (et même certains de ces animateurs), il n’en reste pas moins que le jour ou TF1 ou M6 (voire d’autres) en France feront pareil, n’est pas pour demain…

Chapeau bas aux Grands Britons, as usual.

Stéphane Pons (Juillet 2009)

FICHE TECHNIQUE

Série Britannique en cinq épisodes
Durée totale : 2h10
Création : Charlie Booker
Diffusion originale : du 18 au 31 octobre 2008
Réseau : E4 (GB)
Reprise : HBO Hongrie

Réalisation : Yann Demange
Scénario : Charlie Brooker

Producteur : Angie Daniell, Chrissy Skinns
Producteurs exécutifs : Charlie Brooker, Annabel Jones

Musique originale : Dan Jones
Photographie : Tat Radcliffe
Maquillage : Peta Dunstall, Waldo Mason, Steve Painter, Emma Scott
Maquillage spéciaux : Matthew Smith
Décors : Kelvin Cook, Justin Hayzelden, Lucienne Suren
Effets spéciaux : Neal Champion
Direction artistique : Andrew Tapper
Effets visuels : William Carley, Alexis Haggar, Oliver Minchin, Matthew Ridding, Thomas Urbye
Costume : Emma Walker, Rebecca Hale
Montage : Chris Wyatt
Casting : Catherine Willis


Production : Zeppotron (GB)

INTERNET

- Le site officiel : http://www.e4.Com/deadset


Bruno Paul
Stéphane Pons
3 décembre 2008



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