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Y en a marre de la déprime !
Orages Mécaniques de Pierre Pelot
Délices & Daubes n° 127


Ben oui, ce monde de merde ne s’arrange pas, ni humainement, ni économiquement, ni politiquement, ni écologiquement. Alors moi mon truc c’est m’échapper, un peu, par la lecture ou le cinoche ou les séries télé. À la condition expresse que ce soit gai ou drôle, au moins sur les bords. Ce qui n’a jamais empêché de faire passer des idées.

Alors la littérature qui fait déprimer ça me gave. Décrire un monde bien pire que le nôtre, non seulement c’est d’une totale absence d’originalité mais en plus, comme ça, les gens se disent « Ah ce qu’on est bien dans ce beau monde dans lequel on vit aujourd’hui ! Heureusement qu’on n’est pas dans cet horrible futur. Réjouissons-nous et votons comme d’habitude pour nos habiles, intègres et visionnaires dirigeants (et accordons-leur une prime en plus) ! »

Ce préambule parce que j’ai à vous causer (et à dire du mal, ça faisait longtemps) d’un bouquin que je n’ai pas fini (« comme d’habitude », ricanent les dénigreurs de forums). Mais, je vais vous surprendre, j’ai lu 2 des 3 romans que contient “Orages Mécaniques” (quel titre !) de Pierre Pelot chez Brage, collection « Les trésors de la SF » (!).

Kid Jésus (1980) est un roman de SF post-apocalyptique où la Terre est maintenant recolonisée. Avant d’installer une vie presque normale les territoires sont d’abord fouillés pour en extraire ce qui peut rester de la civilisation d’avant. Les fouilleurs vivent chacun dans leurs camions pelleteuses et revendent ce qu’ils trouvent aux “volants” qui leur fournissent carburant et vivres. Ces fouilleurs sont exploités. Le jeune Kid Jésus a trouvé une cassette du Nouveau Testament et s’en inspire pour libérer ses camarades fouilleurs, les putains qui les accompagnent et les autres pauvres des territoires. Vrai faux messie manipulé par les puissants, son discours est souvent au-delà du lourdingue. Avec un retournement de situation à la fin, l’auteur finit son roman par une pirouette classique sur la réalité ou pas de ce qui est raconté.

Le Sourire des Crabes (1977) est un road movie d’une violence inouïe avec beaucoup de gore dedans qui raconte le suicide de Luc et Cath, frère et sœur et amants, devenus fous à cause de la société. Le discours militant anarco-punkisant anti-tout (morale, éducation, état, psychiatrie, famille, télévision) est simpliste, brut de décoffrage et emmêlé dans le passé et les souvenirs filandreux entre réalité et substitut de celle-ci dans les têtes de ces deux héros schizophrènes et paranoïaques. Cet exercice de style qui tire en longueur et donne envie de sauter des paragraphes s’achève comme le précédent roman par une pirouette du genre « tout ceci n’était que les divagations d’esprits malades ».

Franchement ? C’est glauque à souhait et ça n’apporte rien, surtout pas du plaisir. Alors non je ne lirai pas le troisième roman.

Le pire c’est que je partais avec un a priori très favorable, l’auteur a l’air sympa et a des idées politiques de libertaire au grand coeur comme je les aime. Pourquoi n’écrit-il pas des utopies sympathiques ? Ou alors ces histoires-là ne se vendent pas ? Ou n’intéressent pas le critique exégète du comment c’est profond et visionnaire de décrire un futur de merde ?


Henri Bademoude
3 novembre 2008


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