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La grande classe !
La fille de nulle part de Fredric Brown
Délices & Daubes n° 125


Il y a des écrivains qui ont plus que du savoir-faire. Ils ont la classe, un don, du talent, tout ce que vous voulez, qui fait qu’il ne ponde pas le énième polar qu’on a déjà lu vingt fois, le space-op banalissime ou encore - il y en a pléthore de nos jours, normal, c’est là où les éditeurs font du pognon avec la niaiserie de leur lectorat - la très originale histoire de l’adolescent orphelin qui découvre ses talents de magicien qui lui permettront de sauver le monde des forces des Ténèbres.

Des vrais grands auteurs de la littérature dite populaire, il n’y en a pas tant que ça, capables d’être aussi brillants dans le fantastique, la SF ou le polar, le comique ou le tragique. Alors il faut les lire. Fredric Brown est de ceux-là. Je vous en causâtes il y a longtemps (D&D 14) pour un de ses chefs d’œuvre drôle et intelligent, “Martiens, go home !”.

Là je viens de finir “La fille de nulle part” (The Far Cry, 1951, traduit en français en 1979 (Red Label), nouvelle trad en 2006 pour La Découverte - merci Fab Leduc), Rivages/Noir, septembre 2008, 255 pages.

Weaver, un agent immobilier, a tellement bossé qu’il a fait une dépression nerveuse et, sur ordre de son médoc, prend des vacances où il espère lire, peindre et regarder le paysage. Il loue une baraque paumée du côté de Taos qui a été la scène d’un meurtre toujours inexpliqué huit ans auparavant. Jenny, une jeune femme brune dont on ignore tout a été poignardée par Nelson, un peintre un peu raté, qui a disparu après la découverte du corps.
Weaver n’arrive ni à lire ni à peindre et entreprend d’enquêter sur ce meurtre inexpliqué. Sa femme Vi, qu’il n’aime plus mais qu’il supporte à cause de leurs deux fillettes, le rejoint dans la maison. Vi n’est plus celle qu’il a aimée : paresseuse et piètre ménagère elle boit, mange des bonbons et écoute des émissions débiles à la radio. (On est en 1951, il n’y a pas encore la télé).

Brown nous fait partager les pensées de Weaver, qui boit vraiment beaucoup mais raisonne juste. Il finit par être obsédé par cette Jenny, au point de cacher son enquête à sa femme. Entre deux cuites, Weaver poursuit ses recherches. Progressivement il avance et finira par découvrir les tenants et aboutissants de ce crime.

La fin du roman est tout bonnement extraordinaire quoique parfaitement et logiquement amenée.

Un autre chef d’œuvre de Fredric Brown.


Henri Bademoude
19 octobre 2008


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