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Cycle de Fondation (Le) T4 : Fondation Foudroyée
Isaac Asimov
Gallimard, Folio SF, roman, traduit de l’anglais (États-Unis), SF-Space Opera, 640 pages, mars 2009, 7€

L’affrontement entre les deux « Fondation » s’est officiellement soldé par l’anéantissement de la Seconde au profit de la Première. Néanmoins, la victoire du pouvoir matériel sur le pouvoir mental n’était qu’un leurre et dans les faits, c’est bien le contraire qui avait eu lieu.
Mais à manipulateurs, manipulateurs et demi, tout ce petit monde ne va-t-il pas être confronté à une entité supérieure beaucoup plus complexe ?

En effet, sur la planète Terminus, Golan Trevize éprouve toujours des gros doutes quant à la disparition réelle de la Seconde Fondation. Soutenu discrètement par ceux qui partagent ses idées, mais ne veulent surtout pas que cela se sache, Golan est autorisé à poursuivre son enquête tout en faisant diversion. Pour cela, il accompagnera Janov Pelorat, un scientifique qui recherche la planète des origines de l’espèce humaine, la mythique « Terre ».
Évidemment, ce que va découvrir Golan Trevize dépassera tout ce à quoi l’on pouvait s’attendre.

Un quatrième volet surprenant et réussi, également conçu par son auteur dans une optique bien précise : agglomérer l’ensemble de sa production SF sous une bannière thématique unificatrice.



Et trente ans après la création de la trilogie originelle (de 1951 à 1953 pour « Fondation », « Fondation et Empire », « Seconde Fondation »), Isaac Asimov revint à son Cycle de Fondation et sortit de son chapeau ce quatrième roman en 1982.

Ayant développé deux cycles majeurs du genre SF (“Fondation-Trantor” et “Les Robots”), tous plus ou moins connectés à tout un panel de romans et de nouvelles publiés durant sa longue carrière, Isaac Asimov souhaitait aussi rassembler son « œuvre » sous l’étendard d’une très grande “Histoire du Futur”, témoignage concret d’une pensée imaginaire globale.
Comme souvent chez ce grand inventeur d’anticipations, le projet était un rien mégalomaniaque, ambitieux par principe -et surtout très risqué. En effet, pourquoi titiller les probabilités de se vautrer auprès de ses nombreux admirateurs, en revenant sur un cycle qui faisait toujours sa gloire ?
Esquisse de réponse au feeling, Isaac Asimov n’a jamais rechigné à relever les défis les plus complexes. Pression de son lectorat, de ses éditeurs, envie d’en découdre à nouveau avec des sujets que le romancier ne jugeait pas bouclés, il y a dans « Fondation Foudroyée » un peu de tout cela. On peut également humer l’émergence d’une ambition littéraire forte, tout à la fois hommage aux grands romanciers du XIXe qui bercèrent sûrement son univers mental et une envie d’héritage à laisser aux générations futures de lecteurs.

Quoi d’neuf Docteur ?

Tout et rien !
L’intrigue reprend les chemins classiques de la trilogie. Une civilisation galactique en reconstruction, une Première Fondation basée sur la logique et le matérialisme, une Seconde Fondation agissant dans l’ombre de son pouvoir mental, des enjeux liés à l’influence acceptable ou pas des psychohistoriens sur le devenir de l’humanité, des trajectoires de personnages qui se croisent et s’entrecroisent pour le meilleur et le pire, un récit en forme d’enquête policière, un roman où les séquences de dialogues entre les principaux protagonistes priment sur tout autre type de construction stylistique du récit, etc.
Chez Isaac Asimov, le tout est toujours intégré dans le cadre d’un plan beaucoup plus vaste dont le lecteur (tout comme les héros de l’aventure) ignoreront la finalité jusqu’au dernier chapitre.
Le canevas est exactement identique si l’on compare ce roman aux précédents. Rien de neuf sous les soleils galactiques du futur, le deus ex machina est un homme seul et ses choix influenceront l’avenir de l’humanité. Momentanément, évidemment.
Si l’on a pu déceler, à juste titre, l’influence du marxisme dans le concept de psychohistoire (en gros, prévoir le futur par l’observation et l’analyse des faits et mouvements du plus grand nombre), il n’en reste pas moins que l’écrivain donne toujours la primauté au rôle des individus. Maires ou marchands de Terminus, un mutant (le Mulet), des généraux, des membres de la Première ou de la Seconde Fondation, ce ne sont pas les organisations qui font évoluer les choses, mais un être humain, qu’il soit manipulé, manipulateur ou disposant de son libre arbitre -options au choix du romancier.

Enfin, quand même, si !

Écrivain talentueux, intelligent et profondément humaniste, Isaac Asimov n’en retient pas moins quelques interrogations de son temps. Le concept de Gaïa n’est pas en soit novateur, ni une création du romancier, mais il permet de relancer l’intrigue en introduisant une troisième puissance qui n’existait pas auparavant. Ses personnages rebondissent donc logiquement sur des thématiques universalistes, voire environnementales, totalement absentes de la trilogie originelle.
Avec le recul, on constate que les principaux thèmes abordés par Asimov dans sa série s’adoucissent et rejoignent des interrogations soulevées par un autre grand de l’Âge d’Or de la SF, Clifford D. Simak.
Si ce quatrième volume est à lui seul presque aussi imposant par la taille que deux tomes de la trilogie originale, le talent narratif du romancier fait qu’on ne s’y ennuie jamais et que l’on y prend même beaucoup de plaisir.
On pourra toujours reprocher à ce type de roman écrit dans les années 80 d’oublier plus de 20 ans de l’histoire littéraire SF (tous les acquis de la New Wave) et d’en revenir aux bases du genre, il n’en reste pas moins que « Fondation Foudroyée » ne donne surtout pas l’impression d’être un ouvrage mineur, mais s’installe confortablement dans l’architecture globale du cycle.

Comme pour les trois premiers volumes réédités en Folio SF ces derniers mois, cette édition de poche est la version définitive avec une traduction issue de l’édition moyen format publiée dans la collection Lunes d’Encre de Denoël.
Gage de sérieux, s’il en est.


Titre : Fondation Foudroyée (Foundation’s Edge, 1982)
Première édition (France) : Denoël, coll. Lunes d’Encre (octobre 2006)
Série : Le Cycle de Fondation
Autres volumes : Fondation (T1, 1951), Fondation et Empire (T2, 1952), Seconde Fondation (T3, 1953), Terre et Fondation (T5, 1986)
Traduction (de l’américain) : Jean Bonnefoy
Couverture : Alain Brion (illustration)
Éditeur : Gallimard
Collection : Folio SF
Numéro : 338
Directeur de collection : Pascal Godbillon
Site Internet : fiche roman (site collection)
Pages : 640
Format : 17,8 x 2,5 x 11 (poche, broché)
Dépôt légal : 26 mars 2009
Code hachette : A36063
EAN : 9782070360635
ISBN : 978-2-07-036063-5
Prix : 7€


À LIRE SUR LA YOZONE

- Fondation (T1, 1951)
- Fondation et Empire (T2, 1952)
- Seconde Fondation (T3, 1953)
- Fondation Foudroyée (T4, 1983)
- Terre et Fondation (T5, 1986)


Stéphane Pons
8 août 2009


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