De prime abord, les dessins sont laids. Mais au fil de la lecture, on s’y habitue et en y regardant de plus près, on se rend compte que bien qu’anguleux et manquant parfois de détails, ils retranscrivent très bien l’atmosphère sombre et presque glauque de l’environnement dans lequel navigue notre héros.
Héros ?
Que nenni !
Voleur, maitre chanteur, tueur, Parker Robbins n’a rien d’un héros et tout d’un criminel. Vous aurez noté d’ailleurs le clin d’œil à l’archétype du super-gentil, vous savez bien, celui qui a été mordu par une araignée un peu bizarre. Pour en revenir à notre alter-ego, on pourrait lui trouver des circonstances atténuantes, essayez de comprendre qu’il a eu une enfance malheureuse, et tout ça mais non. C’est juste un profiteur et un opportuniste.
Loin de nous dégoûter, le personnage nous intrigue, nous donne envie d’en savoir plus et au final, en devient attachant. On suit ses mésaventures, cette histoire de « Pierres de sang », parce qu’il est tout simplement humain. Intelligent ou plutôt malin diraient certains, cynique, méfiant voire parano, Parker, petit malfrat de seconde zone, prend confiance grâce à ses trouvailles mystiques, devient plus audacieux et il n’hésite donc plus à jouer dans la cour des grands, à ses risques et périls. Grands criminels à super pouvoirs qui, au passage, se font gentiment égratigner par le scénariste qui les fait passer pour de véritables clowns, attitudes et costumes inclus.
Il gagne ainsi en maturité criminelle et cela se ressent au fil de la lecture. On constate également que son humanité n’est pas que négative et qu’il est un reflet tout à fait réaliste des paradoxes de la nature humaine. En effet, comment expliquer sinon la confiance qu’il accorde à son comparse alors que d’autres n’auraient pas hésité à s’en débarrasser dans la même situation ou bien les remords qui le rongent alors qu’il cache sa nouvelle vie à sa compagne ? Et c’est bien sûr là tout l’intérêt de ce personnage.
Jusqu’à présent, le politiquement incorrect dans l’univers du comics grand public se résumait à The Authority, mais nous avons là une autre façon d’aborder cet aspect et c’est tant mieux ! (ndlr : « Wanted » de Mark Millar paraît pas mal dans le genre aussi, tout comme le « Transmopolitan » de Warren Ellis).
Voici donc l’émergence d’un nouveau genre de « super vilains », plus ancré dans notre réalité, plus subtil et beaucoup moins manichéen. On pourrait résumer en disant : « A grands pouvoirs, grandes responsabilités criminalités ».
The Hood - Pierres de Sang
Auteur : Brian K. Vaughan
Dessinateur : Kyle Hotz
Éditeur : Marvel France
Collection : MAX
Date de parution : 10 juillet 2008
Format : Broché
Nombre de pages : 180 pages couleurs
ISBN : 2809403422
Prix public : 12,00 €
Illustrations © Marvel, Panini Comics, Vaughan et Hotz (2008)