Il faut s’armer de patience pour pénétrer dans ce roman où il est difficile d’appréhender la chronologie des événements relatés. Ce n’est que dans le dernier tiers que l’on finit par comprendre ce qui a lieu avant, pendant et après. Faire la part de ce qui est vécu en vrai ou en rêve par le héros shaman ex flying doctor Cran n’est pas évident non plus.
Cette construction se veut le reflet de la “philosophie” ou de la “religion” des Aborigènes où “Le Rêve” ou “Monde du Rêve” existe parallèlement à la réalité mais sans partager la même trame temporelle.

Il faut savoir apprécier un style fouillé où une phrase peut faire une page, où décrire le vol de la poussière dans un rayon de soleil peut en prendre plusieurs, où le moindre détail de paysage ou de décor est longuement évoqué.
Il faut parfois aussi passer outre des incohérences comme le passage du vouvoiement au tutoiement entre deux Australiens qui, a priori, s’expriment en anglais.

Le fond de l’histoire, lui, peut surprendre. Nul doute que l’auteur a dû se documenter et il a retenu un des « mythes » partagés par presque tous les nombreux (de 200 à 500) clans aborigènes, celui du Serpent Arc-en-Ciel. Ce qu’il fait de cette “légende”, par contre, est assez bizarre.
Histoire de recoller à la bible du CVH, voilà que les Grands Ancêtres, maintenant divisés en deux groupes, chacun dirigé par un des Jumeaux (ce “mythe”-là peut sembler moins universel), connaissent parfaitement Hugo Van Helsing au point de dire : « Nous sommes à son service » (p.188). D’ailleurs, dans la bibliothèque-serre londonienne de Hugo, Cran l’aborigène sait qu’il y trouvera « Le Grand Livre du Club Van Helsing » (p.213).

Entre essai de littérature éclatée dans le temps et entre les mondes, exercice de style, approximations sur la cohérence et l’interprétation des mythes, clins d’œil sans finesse sur ce livre de commande, il est difficile de porter un jugement.
Ce petit livre (toujours autour de 200 pages au CVH mais légère augmentation de format, abandon des rabats de couverture, des prix qui explosent de 10 à 15 euros... et toujours pas de Service de Presse) se lit avec curiosité mais se referme sans envie d’y retourner.

Titre : Outback
Auteur : Pierre Pelot
Couverture : www.2visudesign.com
Éditeur : La Martinière,Baleine
Collection : Club Van Helsing
Directeur(s) de collection : Guillaume Lebeau (et Xavier Mauméjean ?)
Pages : 232
Format (en cm) : 18,5 x 13
Dépôt légal : mai 2008
ISBN : 978-2-84219-439-0
Prix : 15 €

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