Pour avoir été parfois très dur (mais juste, espérons-le) avec des écrivains publiés par des petites maisons d’éditions (ou qui s’auto publient), il convient aussi de savoir signaler les bonnes choses qui paraissent ici ou là.
Le dépot légal est de juin 2005 et ce « Génération Alphane » de Frédéric Llop est incontestablement une bonne surprise à découvrir.
Évidemment, ce n’est pas non plus un chef d’œuvre raté par les grands professionnels du milieu éditorial SF, mais néanmoins, le roman est suffisamment intéressant et bien écrit pour mériter une lecture attentive.
Les thèmes principaux en sont la génétique, l’évolution possible de l’espèce humaine, les théories du complot, la politique, la peur de l’inconnu et une enquête policière, menée par un paria du système (un inspecteur qui a une faute à se faire pardonner), chargée d’unifier le tout.
Le défi est globalement réussi et l’histoire est plutôt logique dans son déroulement tout en évitant les caricatures que nous retrouvons si souvent dans ce genre d’exercice. Il est intrigant de constater qu’une des thèses défendue est aussi très contemporaine (où comment une minorité d’individus peut influencer la grande majorité, pour son bien, évidemment).

Pièges liés à ce qui me semble être une première expérience sur la longue distance d’un roman, l’auteur abuse parfois des dialogues un peu stéréotypés (toujours dans la même tonalité), ne joue pas assez l’alternance entre les phases de descriptions ou de narrations pures, se perd partiellement dans son besoin d’explorer toutes les bonnes idées qu’il a pu avoir. L’enchaînement des chapitres en souffre ainsi que l’efficacité du récit. Question de balance, d’équilibre des choses.
On apprécie par contre toutes les références éparpillées dans le roman, y compris les liens que l’on pourra trouver entre cette intrigue et le diptyque « Les Cavernes d’Acier-Face aux Feux du Soleil » d’Asimov, par exemple.
Bon point à souligner encore, répétons-le, Frédéric Llop évite intelligemment la plus grande partie des pièges et clichés largement présents, y compris dans la production d’écrivains confirmés, dès qu’ils abordent des intrigues similaires.

On regrette d’autant plus, qu’emmené trop loin par son sujet, l’auteur n’ait pas pratiqué quelques coupes afin d’en alléger la lecture. Et c’est peut-être là que nous touchons à l’utilité de l’influence d’un (bon) directeur littéraire dans une grande maison. Une telle personne aurait eu la légitimité incontestable, et l’écoute de l’écrivain, pour tailler dans le gras et recentrer l’auteur sur ses idées-forces.
Le bilan est positif néanmoins, car les principaux défauts de cet ouvrage sont surtout le résultat d’un trop plein (idées, thèmes, pistes). Avouons qu’à l’heure où notre littérature préférée souffre plutôt de l’amaigrissement de ces facteurs, la faute ne mérite pas l’excommunication, bien au contraire.

Bref, pour situer l’affaire, « Génération Alphane » pourrait aujourd’hui être un bon Rivière Blanche après quelques travaux de rafraîchissement.
Et, ceux qui me lisent plus ou moins régulièrement savent que c’est un compliment.

Titre : Génération Alphane
Auteur : Frédéric Llop
Couverture : Square Partners
Édition : Cap Béar Éditions, 302, avenue Joffre, 66000 Perpignan (Tél. 04 68 51 25 56)
Site Internet : Page roman (site éditeur)
Pages : 357
Format (en cm) : 11 x 2 x 16
Dépôt légal : Juin 2005
EAN : 9 782350 660134
ISBN : 2-35066-013-3
Prix : 9,50€