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Valanys (T1) : Les Nedillins - Les Dragons de Dùmran
W. H. Sanders
Fantasy & Fiction Worlds, roman (pays ?), fantasy médiévale, 624 pages, 28€

Amis de la fantasy : bonjour !

Et bonsoir, serait-on tentés de s’exclamer aussitôt.

Gros pavé (640 pages quand même), ce premier opus des aventures de Valanys est une déception intégrale.

La volonté affichée (martelée même) de faire complet ne masque pas le manque d’inspiration global et l’absence de grâce dont ce genre de récit doit absolument déborder pour devenir engageant.



Ne rien en dire ? Faire l’hypocrite de service ou l’oublieux ? Ne pas donner suite ou se la jouer sérieux ?
Telles sont quelques-unes des questions que le critique moyen de la Yozone se pose souvent quand il reçoit un de ces recueils issu de la mouvance éditoriale « indépendante » (un truc que l’on situera entre le « je m’édite », « je me fais éditer en payant l’imprimeur à la place de l’éditeur » et autres solutions qui visent à sortir un bouquin dont les pros du milieu n’ont pas voulu).
Les internautes nous seront grés de saluer, régulièrement, les perles que l’on peut croiser içi ou là, il n’y a donc aucune raison pour ne pas juger l’ensemble de la production qui nous parvient sur les mêmes critères.

On ne sait trop qui est W. H. Sanders (anglais ? français ?), l’auteur de cet imposant pavé, mais ce qui est certain, c’est qu’il a lu de la fantasy (beaucoup) et surtout Tolkien, pas mal Feist et sûrement McCaffrey et bien d’autres.
Malheureusement, il n’arrive jamais à la cheville d’aucune de ses influences, se limitant à une redite laborieuse et sans grande inspiration.

Déjà, son univers emprunte au grand maître bien des choses. La phonétique des mots semble débarquer de la “Terre du Milieu”, les différentes peuplades et sociétés croisées aussi. L’ambiance, fantasy et médiévale, s’insère donc dans un cadre classique et surexploité par les us et coutumes commerciales d’aujourd’hui (imagination zéro, copiage cent pour cent, la concurrence des récits calibrés est vive).
Cartes, annexes, histoire, chronologie, tout y est, et même dans des proportions relativement indigestes. Ne parlons pas de l’illustration de couverture qui vous donnera l’impression de redécouvrir les super œuvres du copain-dessinateur en classe de troisième. À sa décharge, il flirtait à l’époque avec ses quatorze-quinze ans et a laissé tombé le dessin pour la guitare électrique dès l’année suivante (ça plaisait moins à ses parents mais plus aux filles, CQFD).

Mais revenons au cycle de Valanys. Autant chez Tolkien (et d’autres), le lecteur moyen peut avoir le désir de pénétrer ce surplus d’informations pour continuer à rêver, autant ici, l’impression d’ingérer de force un remède destiné à nous faire avaler l’histoire est omniprésente.
Et malheureusement, le cœur du roman est du même niveau. Ne nous attardons pas sur la “trouvaille” éditoriale qui consiste à créer un nouveau système d’intégration des dialogues dans la narration afin d’essayer d’en faciliter la lecture, le style de l’auteur n’y apparaît pas plus que s’il avait été proposé en version courante.
Pour la petite histoire, on signalera cependant que l’on n’invente jamais rien et qu’il y a presque un siècle, des écrivains géniaux tels Pierre Albert-Birot (cf. son sublime « Grabinoulor » -notre « Ulysse » hexagonal) avaient même intégralement oublié toute ponctuation de leurs écrits.
Quant aux incises du type “dit-il”, “pensa trucmuche” et Cie., censées compliquer la lecture des dialogues et de fait remplacées dans ce « Valanys » par des parenthèses (tu parles d’une facilité !), des tonnes d’écrivains (plutôt bons) les ont tout simplement supprimé de leurs romans depuis des décennies.
Soit, pour en arriver à ce stade et être lu (et compris), il vaut mieux maîtriser un style impeccable.

Ce n’est malheureusement pas le cas de Mr/Mme (?) Sanders dont la prose est finalement très indigeste, brutale, sans relief ni poésie.
On peut à la rigueur saluer l’effort titanesque proposé (et encore, rien de nouveau sous le soleil), on est obligé de constater qu’il est vain. Répétitions multiples (que de conjonctions !), utilisation aléatoire du passé simple et des contraintes de temps qu’il impose, gestion très lourde de la ponctuation, descriptions inutiles et quasi permanentes, univers globalement repompé sur d’autres, narration brute de décoffrage et ampoulée, on cherche désespérément ce qu’on pourrait dire de positif. D’ailleurs, on cherche, on cherche et on ne trouve pas.

Au final, il conviendra de signaler ce premier opus aux fans absolus de fantasy car il s’en trouvera peut-être que cela intéressera, mais à notre humble avis, ce roman qui oscille entre la tentative de coup marketing mal maîtrisé (style mettons tout ce qui marche dans le même bouquin, secouons le tout et croisons les doigts) et le pensum d’ado se prenant pour la réincarnation des grands maîtres du genre (ça, on peut comprendre et excuser), ne vaut pas les tripes du premier méchant occis.

Bref, c’est franchement barbant et raté, voire très vite désagréable.

Vraiment désolé pour l’écrivain, mais bouquin à éviter.

Titre : Les Nedillins - Les Dragons de Dùmran
Cycle : Valanys
Auteur : W. H. Sanders
Couverture (N&B) : inconnu (illustration)
Éditeur : Fantasy Fiction Worlds (UK)
Site Internet : Valanys
Pages : 624
Dépôt légal : inconnu
Format (en cm) : 21 x 3,5 x 15
EAN/ISBN : inconnus
Prix : 28€ (commande directe par le net)


Stéphane Pons
29 mai 2008


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