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Frontières de l’aube (Aux)
Film américain de Kathryn Bigelow (1987)
9 novembre 1998

****



Genre  : Cinéma de Vampires
Durée  : 1h35

Avec Adrian Pasdar (Caleb Colton), Jenny Wright (Mae), Lance Henriksen (Jesse), Bill Paxton (Severen), Jenette Goldstein (Diamondback), Tim Thomerson (Loy Colton), Joshua John Miller (Homer), Marcie Leeds (Sarah Colton), Kenny Call (adjoint du Sheriff), Ed Corbett (le vendeur de Ticket), Bill Cross (Sheriff Eakers)

Kathryn Bigelow réalise une œuvre impitoyable, dramatique, esthétiquement superbe, qui est à la foi un road-movie, un western moderne et un film de vampire novateur et émouvant. La réalisatrice joue sans ironie et complaisance comique la carte du fantastique. Car le mélange de ces genres lui a non seulement permis de mixer fantastique et western, mais aussi de réinventer, de redéfinir la mythologie du vampire. Elle se débarrasse de tout l’aspect gothique : pas de longues dents, ni de pieu dans le cœur, d’eau bénite ou de chauve-souris. Les personnages sont des vampires modernes, des vampires du bitume au look furieusement
esthétique, à l’image de Jesse, le chef des vampires (extraordinaire Lance Henriksen) : bottes à éperons et cache poussière, tenue
« grungy », clodo ou punk pour les autres. On est presque capable de s’imaginer un tel groupe sillonnant les routes poussiéreuses Américaines. Ils ont le côté agressif et indestructible des êtres traqués qui ne craignent plus la mort.

« Aux frontières de l’aube » est un film moite, suffocant, étouffant. Volontairement lent, il est soutenu par une musique synthétique et entêtante de Tangerine Dream. Le film vise (et atteint) la quasi perfection plastique sans que les personnages ne souffre de cette orientation. Dépeints avec minutie, ils s’imposent progressivement comme des êtres humains frappés par la maladie. Des créatures presque humaines malgré leur monstrueuse marginalité. Dès que le jour tombe, les vampires sortent en chasse, toujours en quête
de sang. On les découvre comme un groupe de hors la loi qui possède son propre système de survie. Une survie anarchique. Une sorte de famille reconstituée, pratiquement incapables de vivre seuls. Il y a le chef et sa compagne, et les trois « enfants ». Notamment le pathétique Homer, adulte prisonnier dans son corps de môme qui cherche désespérément une compagne.

Ce sont des vampires nomades, des vagabonds sillonnant l’Amérique rurale dans un van capitonné pour se protéger de la lumière du jour. Car d’une certaine manière, la nuit est la vedette du film. On ressent sa tiédeur, son angoissante quiétude, son mystère. « Aux frontières de l’aube » rend la nuit palpable, une véritable entité physique.

Indiciblement on prend fait et cause pour les vampires. Notamment dans une scène de massacre dans un bar ou les vampires viennent se « restaurer ». Notre cœur penche du côté des assassins et non du côté des gens qu’ils sont en train de tuer. Les vampires s’amusent (et c’est pas beau de jouer avec la nourriture !), pas de manière réellement sadique, ils sont là pour se nourrir, ce ne sont pas des psychopathes, à part peut être le vampire Severen (Bill Paxton). Jesse, le chef, comprend la tragédie dont il est la victime, alors que Severen se complet dans son rôle. Etre vampire le comble : l’instant du « repas » est pour lui le rituel suprême.

La nuit, la lumière, la famille, l’amour, le sang, le désespoir, rarement un film a brassé des éléments et des sentiments aussi simples avec autant de délicatesse, en même temps qu’avec une force et une lucidité sans concessions. La « famille » de vampires hétéroclite et sans tabous nous est d’autant plus attachante qu’elle nous est décrite d’une manière crue dans sa quête sans fin.

Film fantastique moite et violent, c’est aussi une histoire d’amour racontée par une femme.
Clipé et suffocant, un film sang pour sang (jeu de mot à chier...) délectable. Mené à un rythme lent, entêtant, beau, saignant et inventif (ah ! ces coups d’éperons assenés avec vigueur lors d’un carnage mémorable), « Aux frontières de l’aube » mérite amplement son statut de film culte.

Christophe « Roy Batty » Benoist
extrait des dossiers Adrénaline

FICHE TECHNIQUE

Titre original :Near Dark

Réalisation
:Kathryn Bigelow
Scénario
:Kathryn Bigelow Eric Red

Producteur :Steven-Charles Jaffe
Coproducteur
:Eric Red
Producteurs associés
 : Mark Allan, Diane Nabatoff
Producteurs exécutifs :Edward S. Feldman, Charles R. Meeker

Musique originale :Christopher Franke, Tangerine Dream
Image :Adam Greenberg
Montage : Howard E. Smith
Distribution des rôles :Karen Rea
Création des décors :Stephen Altman
Direction
artistique :Dian Perryman
Création des costumes :Joseph A. Porro
Maquillages :Davida Simon, Gordon J. Smith

Production :Near Dark Joint Venture, F/M



23 octobre 2001



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