Genre : Zombie-movie
Durée : 1h40
Avec Rupert Everett (Francesco Dellamorte), François Hadji-Lazaro (Gnaghi), Anna Falchi (Elle),, Mickey Knox (Marshall Straniero), Fabiana Formica (Valentina Scanarotti), ....
Ah le cinéma italien ! Ses actrices pulpeuses, ses acteurs qui parlent avec les mains sur fond de musique de cirque !
Si vous en êtes là, vous avez tout faux. Ou presque.
Vous trouverez bien dans “Dellamorte Dellamore” une actrice pulpeuse, et c’est vrai que les acteurs ont du mal à ne pas agiter les mains devant leur nez, surtout lorsqu’ils s’engueulent. Mais qui leur en voudra ? Personne, « è ! »
Pour le reste, rappelons que les Italiens sont aussi - et surtout- ceux qui révolutionnèrent le western ( tourné en Espagne par des Italiens), les chefs de file d’un cinéma politique dans le meilleur sens du terme (qui revient au devant de la scène, avec d’ailleurs un autre film du même réalisateur : “Arrivederci amore ciao”), et pour ce qui nous concerne, les leaders de l’Eurohorror, c’est à dire le cinéma d’horreur made in Europe.
Particulièrement marqué par les réalisateurs transalpins, souvent de manière mitigée, le genre zombi l’est cette fois pour le meilleur.
“Dellamorte Dellamore” est ainsi un bijou d’humour noir, à l’esthétique sans égal à l’époque. Dellamore, gardien de cimetière blasé, au charme de looser latin (incarné par Rupert Everett, ce qui explique aussi le flegme), doit faire face périodiquement au retour à la non-vie de ses silencieux pensionnaires, affamés de chair fraîche.
Cette vie « tranquille » et la seule compagnie de Gnaghi (François Hadji-Lazaro en dégénéré simplet et gentil) lui suffisent, jusqu’au jour où le gardien blasé fait la rencontre d’une jeune veuve éplorée à l’érotisme ravageur... et aux nécrofantaisies pour le moins étranges. Dellamorte, bien placé pour les satisfaire, s’y prêtera volontiers (on n’a rien sans rien...). Mais voila que son amante, victime d’un accident mortel, est enterrée dans « son » cimetière. Ce qui implique aussi son retour prochain....
Avec ce film, ce n’est pas moins de 10 ans d’avance que Soavi avait sur la vague zombi actuelle, mais aussi sur la Tim-Burton-mania qui fait fureur chez les ados des années 2000 (quoique “L’étrange Noël de Mr Jack” soit sorti en 1992, intuition toujours affutée de nos cousins transalpins en avance sur les modes).
Michele Soavi n’en était certes pas à ses début dans le film d’horreur à l’italienne. Dès 1980 il jouait un petit rôle dans « Frayeurs » de Fulci, avant de réaliser plusieurs films d’horreur pour le marché local. Mais avec “Dellamore”, l’élève dépasse de très (très) loin le maître...
Une coproduction européenne ambitieuse, trop en avance sur son temps, qui cumule le meilleur du genre. Comme on dirait chez Elle ou Mad Movie : « on ne s’ennuie pas une seconde ».
Et en plus on frissonne, de peur, de rire (jaune), et de plaisirs (interdits).
Ah, le cinéma euritalien ! ...
FICHE TECHNIQUE
Réalisation : Michele Soavi
Scénario : Gianni Romoli d’après le roman de Tiziano Sclavi
Producteurs : Heinz Bibo, Tilde Corsi, Gianni Romoli, Michele Soavi
Coproducteurs : Conchita Airoldi, Dino Di Dionisio
Producteurs exécutifs : Conchita Airoldi, Dino Di Dionisio
Musique originale : Riccardo Biseo, Manuel De Sica
Image : Mauro Marchetti
Montage : Franco Fraticelli
Création des décors : Massimo Antonello Geleng
Décorateur de plateau : Roberto Caruso
Création des costumes : Alfonsina Lettieri, Maurizio Millenotti
Effets spéciaux : Sergio Stivaletti
Cascades : Nazzareno Zamperla
Production : Audiofilm, Bibo Productions, Canal+, Eurimages, K.G. Productions, Silvio Berlusconi Communications, Urania Film