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Paradis Perdu (T2) Purgatoire
Ange, Xavier & Alexe
Soleil


Le lecteur qui apprécie le travail de Varanda a forcément été happé par le premier album de Paradis Perdu. L’artiste a une facilité étonnante et une faculté à aller à l’essentiel qui rendent ses images fantastiques subjuguant. Une facilité qui veut dire : travail, technicité, travail, don, observation et travail.

Et oui, chacun pense aujourd’hui que la bande dessinée est à la portée de chacun ! Et bien, non !

Comme en littérature, il y a les grands, les bons, les moyens... et les tâcherons. Ces derniers répondant tout bonnement à une demande commerciale sur un marché du tout à acheter et à vite jeter. Le cinéma et la TV servent à vendre du MacDo et du Coca, en forme de mini-rêves très colorés, aux saveurs exacerbées (action, bruit, sexe, violence, mal, bien, bof... on sait plus, qu’importe !) et calibrés pour modeler une majorité à la pensée unique. Naît alors le parfait gogo qui achètera les mêmes conneries que ses voisins, ses amis, ses collègues de boulot...
La BD fonctionne maintenant en grande partie ainsi et, pour qu’il n’y ait pas de méprise dans mon propos, je tiens à préciser que ce billet d’humeur aurait trouvé bien d’autres albums (une multitude) pour y trouver refuge.

S’il s’installe confortablement en cette critique, c’est que plusieurs autres agacements se révèlent au plein jour ici !

D’abord, bien évidemment, le sujet Varanda !
Le dessinateur est réputé, certainement très courtisé, mais la fâcheuse manie qu’il a d’engager un premier album pour ensuite laisser tomber le projet de série est un sujet fâcheux ! Cela relève-t-il des choix de l’artiste, d’un diabolique plan marketing, d’une absence de professionnalisme... que sais-je ? Moi, je ne connais que le respect du lecteur !

Les séries sans suite ou qui changent régulièrement d’auteurs, de dessinateurs sont le reflet d’une BD prisonnière d’un système à valeur unique : faire du fric.

Alors, ce second titre de Paradis Perdu colle parfaitement à ce papier d’humeur. Car avec Purgatoire, on peut mesurer à quel point l’absence de Varanda est pénalisante. Le scénario d’Ange est des plus linéaires (beaucoup l’avaient déjà noté pour le tome 1), parsemé d’énormes cordages à nouer les poncifs alors qu’on espère surprise, étonnement, frayeur et ravissement. Cette guerre entre Paradis et Enfer, cette déambulation de notre monde vers un Purgatoire où s’agitent racines du Mal et sources du Bien n’avait de consistance que par l’évocation que pouvait en donner Varanda.

Si pour cette suite (très attendue !), le dessinateur ne récupère vraiment pas un cadeau, on peut s’interroger sur la rapidité d’exécution de l’album ! Vu qu’il a publié en février 2004 son premier album (Le Souffle T1) et celui-ci dès juin 2004, les nuits blanches ont dû être nombreuses !
Au final, le résultat n’est pas au rendez-vous (Le Souffle lui est très supérieur !).

La profondeur est absente, la matière n’existe pas, d’où ces pages lisses et plates du domaine des Anges. Seules parfois, quelques vignettes jouant d’à-plats noirs recèlent des ambiances plus fortement senties. Le dessin est dans la veine de Bloodline , mais est-ce seulement le style de Xavier ? Il essaie de retrouver la ligne Varanda, on se demande d’ailleurs si quelques plans et décors ne sont pas de ce dernier !

De simple à simpliste, il n’y a souvent qu’un pas. Le purgatoire est un endroit de repentance, d’ennui, d’attente... L’album touche à l’ennui, mais n’invite pas à l’attente ! Pour moi, un Paradis définitivement perdu, sauf Miracle !

Peut-être un bon titre pour le tome 3 ?

Eiffel



Fabrice Leduc
19 novembre 2004




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Un Purgatoire ennuyeux



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Varanda... c’est mieux !



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