Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Ah, ces fils de…
La Lignée du dragon de Anne et Todd McCaffrey
Délices & Daubes n° 100 !


C’est bien pratique d’avoir un papa ou une maman célèbre. Demandez à tous ces comédiens, chanteurs, cinéastes, animateurs qui encombrent les médias de notre beau pays. Même si certains ont du talent, nombre d’entre eux ne sont là que parce qu’ils avaient un parent connu. Eh ben, y a pas de raison, faisons pareil en littérature, se disent le fils de Frank Herbert (préquelles ou séquelles de Dune) et celui d’Anne McCaffrey. Dans le cas qui nous préoccupe, La Lignée du dragon, Fleuve Noir Fantasy, 250 pages (Dragon’s Kin, 2003) maman Anne est toujours là, alors on ne sait pas trop ce que ça serait si Todd était tout seul.

C’est typiquement un roman « jeunesse » (voir un précédent billet sur l’utilité d’une telle littérature) avec un héros de 11 ans et une héroïne aveugle de 12. Cela se passe dans une mine de charbon, loin des chevaliers-dragons et de leurs montures télépathes. Un mineur honnête et gentil Natalon essaye d’exploiter sa mine et de la transformer en « fort », mais son oncle qui est sous ses ordres conteste son autorité. C’est le méchant.

Le jeune Kindan, qui n’a déjà plus de mère, va perdre ce qu’il lui reste de famille (père et frères) dans un coup de grisou. Et le wher de garde de son père meurt d’épuisement en essayant de sauver les mineurs. Cet animal est une sorte de cousin des dragons, plus petit et très moche, qui voit dans le noir et sent les mauvais gaz, d’où son utilité dans les mines. Ce roman est à la gloire de cette espèce chez qui Kindan et Nuella la jeune aveugle vont découvrir bien d’autres capacités qui les rapprochent encore plus des dragons de Pern.

Alors c’est très gentillet et plein de bons sentiments et de belle moralité. C’est aussi bourré de personnages secondaires dont on ne se rappelle jamais les noms et il n’y a pratiquement que des dialogues (je sais, il en faut, mais là c’est trop).

La cohérence n’est pas forcément au rendez-vous puisque ces jeunes pré ados découvrent à eux tous seuls en quelques mois toutes les capacités extraordinaires de cet animal que les Pernais utilisent depuis des siècles. Jusque là il servait de chien de garde de nuit !

Bref, soit c’est du Todd relu par maman Anne, et c’est au mieux un livre pour la jeunesse, soit c’est bien du Anne & Todd et maman a épuisé sa verve et son imagination. Il reste quelques passages émouvants, comme sait les écrire cette grande dame de la SF (82 balais aujourd’hui quand même) dont je vous fis l’éloge il y a une belle lurette, in D&D 2.

Bon, c’est pas tout d’être fier de son papa-maman et de vouloir faire pareil, encore faut-il que le talent du géniteur soit héritable. À la lecture de ce roman, comme pour les autres « fils de » omniprésents, la preuve n’est pas faite.


Henri Bademoude
22 avril 2008


JPEG - 15.7 ko
Une couverture sans rapport avec le texte



Chargement...
WebAnalytics