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Langages de Pao (Les)
Jack Vance
Gallimard, Folio SF, n°302, roman (traduction Américain), ré édition, SF-Planet Opera, 262 pages, 6,30€

Le jeune Béran Panasper a vu son père le « panarque », Roi de la planète Pao, assassiné sous ses yeux et alors qu’il devrait devenir le nouveau monarque de la planète à sa majorité, c’est le régent Bustamonte qui l’évince et tente de le supprimer.
Sauvé par l’intervention du seigneur Palafox du monde de Frakha, Panasper va devoir s’exiler et découvrir un autre monde, une nouvelle société et une nouvelle langue.
Entre temps, les guerriers Brumbos ont profité de la vacance du pouvoir pour se saisir de la pacifique Pao, mais le régent a sauvé sa tête en acceptant le paiement régulier d’une dette à ses envahisseurs.

Sur Frakha, Béran Panasper va comprendre que le seigneur Palafox nourrit un projet de reconquête du pouvoir qui passe tout simplement par la création de plusieurs nouvelles langues destinées aux habitants de Pao...



Judicieuse ré édition dans la collection Folio SF d’un bon Jack Vance dont on connaît surtout les cycles guerriers et exploratoires (“Cadwal”, “Durdane”, “Alastor”, “Tschaï”, “Lyonnesse”, “La Planète Géante”, “La Geste des Princes-Démons”, etc).
De grandes histoires en plusieurs volumes, rarement ennuyeuses où l’on voyage beaucoup à la découverte de mondes tous plus étranges les uns que les autres.
Dans ces « Langages de Pao », l’aller est simple, l’histoire enlevée et logique. Une guerre de succession au trône tourne mal pour le jeune héritier de la couronne qui est sauvé et recueilli par le seigneur d’un autre monde.
Grosse différence entre les deux planètes, si Pao est une terre pacifique dont rien ne trouble la bonne humeur de ses habitants (même pas une invasion), Frakha est un monde d’universitaires ambitieux qui passent leur vie à prévoir et organiser ce qui va arriver dans 5, 10, 15 ou 20 ans (voire plus).

À partir de cette trame sortant déjà de l’ordinaire du space opera classique, Jack Vance va nous plonger dans deux cultures radicalement opposées. Les années d’apprentissage de son héros, seront donc aussi celles de ses lecteurs.
Cependant, au fur et à mesure que Béran Panasper grandit, la situation se complique...

Chez Vance, le héros type acquiert souvent la maturité et la sagesse alors que les intrigues se complexifient. Il ne possède jamais la science infuse, rien n’est simple, rien ne coule de source. Dans le même laps de temps, le voyage (la forme) donne une saveur initiatique à l’intrigue (le fond). Et l’on mesure alors toute la différence qu’il y a entre un bon Jack Vance et le canevas habituel d’un roman de fantasy lambda. Sujets identiques, démarches narratives similaires, mais alors que tout est de plus en plus blanc et noir d’un côté (en Fantasy), tout devient gris de l’autre (chez Vance).
D’ailleurs, ses héros sont loin d’être volontaristes et n’accèdent jamais au pouvoir de gaieté de coeur. Et même, dès qu’ils s’en approchent, ils n’ont qu’une envie, le fuir au plus vite !

« Les Langage de Pao » ne déroge pas à cette grande règle et gravite autour d’un concept simple : un langage conditionne obligatoirement le mode de pensée de la société qui l’utilise. Certes, il est aussi inter dépendant de cette société, mais au final, il prime sur tout le reste et sa modification peut radicalement transformer les individus.
Donc, pour que la pacifique Pao devienne autre chose qu’une planète agréable livrée aux humeurs commerciales ou guerrières de ses voisins, il va falloir doter une bonne partie de ses habitants de nouveaux idiomes qui seront autant d’outils remodelant peu à peu la société.
Comme le faisait justement remarquer Stan Barets dans son « Catalogue des Âmes et Cycles de la SF » (Présence du Futur, Denoël), “… il s’agit d’une des rares œuvres de la S-F qui ait eu la bonté d’imaginer que toutes les races extraterrestres de l’univers ne parlaient pas qu’anglais”.

On ne saurait dire mieux ! Enfin si, ça se dévore en deux ou trois jours, on ne voit pas les pages défiler, les descriptions des paysages sont un véritable enchantement, les personnages attachants, les mondes de Pao et Frakha accèdent à une matérialité crédible grâce à de subtils détails qui vont de la couleur des murs d’une maison à ce qu’on y mange et mon tout date de 1958 (avec quelques retouches de l’auteur en 2002).

Bref, cinquante ans ont passé depuis la création de ce roman qui permet de mesurer à quel point la SF n’a pas toujours progressé en d’autres mains moins inspirées.

Titre : Les Langages de Pao (The Languages of Pao, 1958 & 2002)
Auteur : Jack Vance
Traduction (américain) : Brigitte Mariot
Couverture : Philippe Rojas
Éditeur : Gallimard
Collection : Folio SF
Numéro : 302
Directeur de Collection : Pascal Godbillon
Sites internet : page roman (éditeur)
Catégorie : F7b
Pages : 262
Format (en cm) : 10,7 x 1,6 x 17,7 (broché, poche)
Dépôt légal : 11 février 2008
Code Hachette : A 35566
EAN : 9 782070 355662
ISBN : 978-2-07-035566-2
Prix : 6,30€


Stéphane Pons
27 mars 2008


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