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Samedi
Ian McEwan
Gallimard, Folio, n°4661, roman, traduction (anglais), transgenre, 364 pages, 7,90€

Henry Perowne se réveille en pleine nuit alors qu’un avion aux réacteurs en flammes troue la quiétude d’une grande banlieue londonienne d’une luminosité agressive.
Cet événement traumatisant va entraîner une longue séquence interrogatrice du chirurgien sur sa vie, sa femme, ses enfants, l’art et la folie d’un monde à la dérive.

Proposer rien moins qu’une mise de notre civilisation au banc des accusés de l’Histoire est le tour de force réussi d’un grand écrivain qui ne racontera pas plus de 24 heures de la vie d’un homme.



Tout d’abord, une longue séquence d’ouverture nocturne, terrifiante et pourtant somptueusement saisissante, stigmatise le trouble de Henry Perowne, neurochirurgien reconnu, face aux dérives paranoïaques de nos sociétés modernes.
Le passage de l’avion dont les réacteurs sont en feu est bref, mais il laisse des traces et va pousser le toubib des neurones malades à s’interroger sur son existence et ses proches.
Est-on dans un monde fantasmé, dans un rêve ou un cauchemar, dans la tête d’un fou ? Non, il s’agit d’un homme ordinaire, banal. Certes, sa vie est une succession de victoires (il aime sa femme, ses enfants, son métier, ses amis sont sympas), mais quelque chose ne va pas. Mais alors pas du tout !

Les événement passés au filtre du contexte du futur déclenchement de la guerre contre l’Irak irradie le récit d’un puissant suspense, profondément angoissant. Les interactions entre les événements vécus par le personnage central et ses contemporains, les discussions qu’il peut avoir avec ses proches, l’omniprésence d’une actualité stressante, provoquent l’emballement de sa pensée.

Vaste questionnement de notre civilisation, de l’état du monde, Ian McEwan réussit le tour de force de se fixer un cadre narratif réduit (24 heures et pas une de plus), de limiter volontairement ses moyens (un personnage et un seul) tout en posant toutes les grandes questions auxquelles on peut avoir à se coltiner un jour de grande solitude morale. Il parvient même à démultiplier l’intérêt de son propos en appelant à la barre des témoins l’art (la musique, la poésie, etc) et la science (la médecine).
Jamais ennuyant ou lassant, ce « Samedi » est une œuvre forte qui n’est pas sans rappeler les thématiques abordées par le pessimisme d’un John Brunner ou les visions hallucinées d’un J. G. Ballard en terres SF.
Un effet “kiss pas cool” british ? On ne sait. En tout cas, le résultat dépasse les plus folles espérances et marque le lecteur en profondeur.

C’est totalement maîtrisé et émouvant, jamais frimeur. Bref, un pur témoignage d’un grand écrivain totalement immergé dans son époque.

Si comme le dit le poète, “Le réel est du rêve qui a réussi”, on ne saura jamais où se situe Ian McEwan.
Ici et maintenant ou ailleurs et demain ?

De l’imaginaire, du beau, du grand, un truc qui fera travailler votre cœur et votre cerveau par le pire... et pour le meilleur.

Titre : Samedi (Saturday, 2005)
Auteur : Ian McEwan
Traduction (Anglais) : France Camus-Pichon
Couverture : Getty Image - photo © Luis Velga
Éditeur : Gallimard
Collection : Folio
Numéro : 4661
Site Internet :
Pages : 374
Format (en cm) : 11 x 1,5 x 17,7 (poche, broché)
Catégorie : F10
Dépôt légal : 10 janvier 2008
Code Hachette : A 35024
EAN : 9 782070 350247
ISBN : 978-2-07-035024-7
Prix : 7,90€


Stéphane Pons
22 mars 2008


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