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From Hell
Film américano-tchèque de Albert et Allen Hughes (2001
30 janvier 2002


Genre :Thriller Gothique
Durée
:2h01

Avec Johnny Depp (Inspecteur Fred Abberline), Heather Graham (Mary Kelly), Ian Holm (Sir William Gull), Ian Richardson (Inspecteur de Police Sir Charles Warren), Robbie Coltrane (Peter Godley), Lesley Sharp (Catherine ’Kate’ Eddowes), Susan Lynch (Liz Stride), Terence Harvey (Ben Kidney), Katrin Cartlidge (Annie Chapman), Estelle Skornik (Ada), Paul Rhys (Dr. Ferral), Nicholas McGaughey (Officier Bolt), Jason Flemyng (John Netley), Annabelle Apsion (Polly), Joanna Page (Annie Crook), Mark Dexter (Albert Sickert / Prince Edward)

Londres 1888. Un crime d’une sauvagerie qui dépasse l’imagination vient d’être perpétué dans le quartier de Whitechapel. La victime, une jeune femme qui survivait en vendant ses charmes, a littéralement été éviscérée par le tueur. L’inspecteur Abberline (Johnny Deep), flic désabusé qui noie depuis plusieurs années la mort de sa femme dans les fumée d’opium et les vapeurs d’absinthe, se retrouve en charge de cette terrifiante affaire. Grâce à un don hors du commun, une capacité à ressentir les actes de violence passés mais aussi à venir, Abberline, tel un Frank Black du 19ème siècle, va laisser ses visions piloter ses investigations et découvrir d’étranges connexions entre les agissements de « Jack l’éventreur » et les plus hautes sphères de l’état.

Plus qu’une simple revisite d’une des plus grandes énigmes policières, « From Hell » - dont le titre fait référence à l’unique lettre authentifiée de « Jack l’éventreur » (il faut dire qu’elle accompagnait un rein prélevé sur une de ses victimes), envoyée depuis l’enfer, si on en croit son auteur - est avant tout l’adaptation du monumental roman graphique d’Alan Moore et Eddie Campbell, une œuvre foisonnante, ayant nécessité 10 ans de recherches à l’un des plus talentueux scénaristes de bande dessinée.
Totalement fasciné par le mythe du tueur de Whitechapel, Alan Moore s’est lancé dans une incroyable reconstitution des faits et a avalé toute la littérature, de plus ou moins bon goût, que le mystère, lié à l’affaire, a engendré.

Il en retient, entres autres, la théorie du complot d’état, étayé par Stephen Knight dans « Jack The Ripper, The Ultimate Solution ». Une incroyable thèse parvenue à faire le lien entre le rituel sanglant du tueur, alliant précision chirurgicale et symbolique maçonnique (les franc-maçons étant très impliqués dans les affaires de l’Etat)e époque), le choix des victimes (qui se connaissaient toutes, à l’exception de Catherine Eddowes, assassinée en sortant d’un commissariat où elle avait utilisé le faux-nomde Mary Kelly) et le scandale de « Cleveland Street » (le Prince Edwards, petit-fils de la reine aux penchants bisexuels, aurait eu une aventure avec une boutiquière de Whitechapel et, lui ayant donné un enfant, l’aurait épousé catholiquement dans le plus grand secret).

Dès lors, suffisamment maître de son sujet, le scénariste de « V pour Vendetta », « Watchmen » ou encore « Souriez », s’accapare définitivement le mythe pour le fondre dans son propre univers. Une dimension fictionnelle, où les réalités sociologiques, économiques et politiques ne sont que la résultante de grands desseins mystiques à la symbolique omniprésente. Au résultat, une oeuvre grandiose (un pavé de 500 pages, agrémenté de 100 pages de notes absolument pas superflues) dans laquelle « Jack l’éventreur » s’accorde la paternité du 20ème siècle. Rien que ça.

Cela faisait une bonne dizaine d’années que Hollywood tournait autour de l’œuvre de Alan Moore, baissant chaque fois les bras face à la densité et à la complexité de ses scénarii, difficilement déclinables en un simple métrage.
Après la tentative de Terry Gilliam avec « Watchmen », considérée trop longue et donc trop chère, puis celle de « V pour Vendetta » des frères Wachowski, trop violente et trop sombre, c’est, un peu à la surprise générale, le projet « From Hell », des frères Hughes, qui décroche la timbale et se voit porté à l’écran.
On ne les attendait pas vraiment sur le registre du thriller historique et horrifique à tendance gothique, et pourtant les deux réalisateurs black de « Menace 2 Society » accouchent d’une œuvre totalement maîtrisée, grandiose et terrifiante.
Véritable plongée en Enfer, Londres, soumise aux règles de la corruption, du complot et de la raison d’état, voit son univers vaciller à l’approche du 20ème siècle, au rythme du bras d’un sculpteur de chair humaine, véritable catharsis de la violence et de la perversion d’une société malade.

Magnifique. Tout d’abord visuellement, avec cette somptueuse reconstitution du Londres de l’époque victorienne, de la misère, ses drames et le crime ambiant. Les sombres ruelles de Whitechapel, les arrières-courts sordides, où parfois les hommes éjaculent à la va-vite entre les cuisses d’une prostitué à 3 pennies. Les églises aux formes dionysiaques, œuvres de l’architecte Hawksmoor, pesant sur la ville comme autant de symbole de la démence de l’éventreur, ou encore les visions d’Abberline qui, comme à travers un œilleton spatio-temporel, délivrent les clés de l’affaire.
Mais aussi sur le plan narratif, puisque les frères Hughes optent pour une approche radicalement différente tout en respectant les enjeux contenus dans le pavé de Moore et Campbell. Ils dotent, par exemple, l’inspecteur Abberline d’une sorte de sixième sens, une vision extrasensorielle lui permettant d’appréhender le cheminement intellectuel du tueur et de percevoir les implications de son effroyable quête.

Ajoutons à cela un casting d’une excellente tenue, comprenant, en plus de Johnny Depp et Ian Holm, un vrai personnage pour Heather Graham et une formidable galerie de seconds rôles. Et, pour conclure cette critique élogieuse, reste encore à signaler la qualité des images de Peter Deming (« Lost Highway », « Mulholland Drive ») et la partition de Trevor Jones (« Dark City », « Angel Heart »).

Une véritable réussite, un chef-d’œuvre qui devrait surprendre les lecteurs du bouquin et donner envie aux spectateurs de découvrir la BD (ce qui fut d’ailleurs mon cas).

Bruno Paul

YO-Dossier : From Hell de la BD au Ciné

FICHE TECHNIQUE

Titre original  : From Hell

Réalisation : Albert et Allen Hughes (Les frères Hughes)
Scénario : Terry Hayes et Rafael Yglesias d’après la bande dessinée de Alan Moore et Eddie Campbell

Producteurs : Jane Hamsher, Don Murphy
Producteurs exécutifs : Thomas M. Hammel, Albert Hughes, Allen Hughes, Amy Robinson

Musique originale : Trevor Jones et chanson de Marilyn Manson
Image : Peter Deming
Montage : George Bowers, Dan Lebental
Distribution des rôles : Joyce Gallie, Christian Kaplan
Création des décors : Martin Childs
Direction artistique : Mark Raggett
Création des costumes : Kym Barrett
Maquillage : Steve Painter, Neil Gorton, Jiri Farkas

Production : 20th Century Fox, Stillking, Underworld Entertainment
Distribution : UGC-Fox Distribution (UFD)
Effets spéciaux : Digiscope , Illusion Arts, Inc., MagicMove, Millennium FX Ltd.

INTERNET

http://www.fromhellmovie.com/

De la BD au Ciné : From Hell


Bruno Paul
13 janvier 2002



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