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Profondément horrible
La Route de Cormac McCarthy
Délices & Daubes n° 94


Cela faisait longtemps que je n’avais pas laissé cours à mon humeur mauvaise, celle qui transparaît dans mon pseudo. Convaincu par mes petits camarades critiques qui en étaient tous, sans exception, restés ébahis la bouche ouverte, comme deux ronds de flan et sur leur derrière, j’achète « La Route » de Cormac Mc Carthy. Prix Pullitzer, plusieurs millions d’exemplaires vendus, attention les gens, un des plus grands écrivains amerloques vivants nous fait dans le post apocalyptique, chef d’œuvre incontournable.

Bonjour l’ambiance ! Plus glauque et désespéré ne doit pas être possible. Plus triste non plus.
Je l’ai acheté le bouquin, alors j’ai le droit de m’arrêter quand je veux. Personne ne m’oblige à finir. J’en ai lu une centaine de pages.

Dans une Amérique morte d’un cataclysme atomique (on imagine), plus rien ne vit, ni plantes, ni bêtes. D’ailleurs il n’y a plus de soleil, ciel et terre sont noirs de cendres. Deux survivants, un homme et son jeune fils, fuient vers le sud car il fait froid (forcément sans soleil). Ils mangent des conserves et des vieilles pommes sèches et boivent de l’eau pas très potable.
Les autres survivants, que des humains, sont bien pires que des prédateurs. Ils tuent et violent et mangent les gens. L’humanité - tout ce qui reste de vivant sur la planète - n’est qu’une horrible immondice.
Après cent pages, ça va, on a compris. Notre espèce ne vaut pas grand-chose, d’accord, mais il pousse vraiment trop loin le bouchon, le Cormac.

Alors oui c’est un style original. Pratiquement pas de virgules. Pas d’indications de dialogues, ils sont inclus dans le reste. Des mots recherchés ou une traduction bizarre (quatre fois en cent pages des « arbres tortus » ?), des fulgurances poétiques et des phrases philosophiques.
Mais c’est trop triste, trop atroce, trop horrible.
Sûr que quand on lâche le bouquin on est heureux de vivre dans notre monde (pourtant gravement et de plus en plus) de merde.

Certains y voient une dimension métaphysique, le porteur du feu, de la lumière, de l’amour (que c’est beau !), le prophète, le messie, etc. Mais je ne lis plus la Bible (ni le Coran ni les autres trucs du genre) depuis ma période enfant de chœur (dix ans, 1958) et n’ai aucune intention de m’y remettre.

Bref, sans moi le chef d’œuvre Pullitzer. Faut croire qu’il est trop sensible (des gènes de midinette ? Mais alors l’amour ?) et pas encore assez pessimiste, le vieil Henri.
Je crois vous l’avoir déjà dit : la lecture est pour moi un plaisir, pas une épreuve.


Henri Bademoude
7 mars 2008


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