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Le double, l’autre et le suicide
Le Miroir qui fuit de Giovanni Papini
Délices & Daubes n° 92


Dix nouvelles fantastiques, ciselées, précises, belles et tristes. Merci encore (voir les D&D 80, 85 et 90) Messieurs Ricci et Borges pour cette superbe collection.

La première édition française de la « La Bibliothèque de Babel » (FMR et Retz, fin des années 70) ne comprenait que sept titres sur les 30 de l’édition originale italienne. Panama devrait les éditer tous au rythme de 6 par an (d’ci 2011). Wait and see. Chi va piano va sano é chi va sano va lontano.

Ce bouquin-là est à l’image des autres : excellent, formidable, génial.

Jorge Luis nous avoue, dans sa préface, que ces textes de Papini sont particulièrement proches de son propre travail. On pense en particulier à la « Dernière visite du gentleman malade » cet homme qui n’existe que par le rêve d’un autre.
La plupart des autres textes tournent autour du suicide. La rencontre avec son double plus jeune tourne mal. N’existe-t-on que par les autres ? Qui suis-je ? Vivre, pourquoi faire ?
Cet écrivain italien de la première moitié du 20e siècle laisse transparaître dans ces nouvelles une profonde mélancolie qui le rapproche des romantiques allemands d’une autre époque.

Au moment où il publie ces nouvelles, il y a un siècle, Papini (1881-1956) est nihiliste, donc athée et anticlérical. Il se convertira au catholicisme en 1920 puis au fascisme mussolinien dans les années 30. Comme quoi, hein, c’est pas beau de vieillir. Et comme quoi aussi, on peut finir immonde réactionnaire après avoir écrit des merveilles.

La littérature n’a pas de moralité ni de poil aux pieds.


Henri Bademoude
23 février 2008


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