Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Adieux et Retrouvailles (L’Assassin Royal, dernier épisode)
Robin Hobb
J’ai Lu Fantasy, roman, USA (traduction), fantasy, 378 pages, octobre 2007, 7,60€

La saga de Robin Hobb se décline sur huit ouvrages parus aux Etats-Unis entre 1995 et 2006. Découpée (pour des raisons commerciales) par les Éditions Pygmalion en treize épisodes, repris en poche à l’identique par J’ai Lu Fantasy ensuite. La lecture, hachée, perd inévitablement du rythme et de la saveur.
Sachez toutefois que tous les épisodes ont été rassemblés dans quatre (gros) livres sous le titre « La Citadelle des Ombres » (Éditions Pygmalion).

Alors un petit conseil, si vous voulez vraiment juger de la qualité de l’œuvre de Robin Hobb, vous pouvez aussi vous offrir ces volumes en grand format et pour le même prix qu’en poche. Soit toutes les aventures de Fitz-Chevalerie Loinvoyant à lire et à relire jusqu’au bout.



La sortie du dernier volume d’une saga comme celle imaginée par Robin Hobb est un dur moment pour les lecteurs et les fans. L’objet en question a engendré un vif débat dans la rédaction de la Yozone... qui dure en fait depuis l’édition du grand format Pygmalion !
Grâce à la collection J’ai Lu Fantasy, le monde de l’édition de poche a repris le flambeau. Et les discussions ont recommencé, tout aussi féroces et tranchées qu’à l’origine, portant aussi bien sur l’édition française, les collections que la conclusion de l’écrivain !
La rubrique Littérature de la Yozone a pensé qu’il était de son devoir de n’ignorer aucun avis.
Un duel au sommet entre Messires Fildefer et Gianni Zablot était inévitable.

Morale de l’histoire : Plongez-vous avec délectation dans le monde de Robin Hobb, que ce soit dans les diverses éditions Pygmalion ou chez J’au Lu Fantasy, émotions garanties !

La Rédaction soulagée !

PETIT RAPPEL SUR LA SAGA

Un jeune garçon arrive à la cour du royaume des Six-Duchés pour y être élevé par Burrich, ancien homme de confiance du prince Chevalerie.
Chevalerie meurt peu après, sans avoir jamais vu son fils. Fitz apprend alors à survivre au milieu de ses oncles princes et de son grand père roi, aidé par un singulier personnage, le Fou. Il se découvre également des dons psychiques puissants (« l’art », apanage de la famille royale des Loinvoyant) et la faculté de communiquer avec des animaux (« le vif »). Il se lie d’une amitié fusionnelle avec un loup. Aidé par ses amis, il réussit à survivre lors de ses premières années jalonnées d’embûches au cours desquelles il restera toujours fidèle au royaume des Six-Duchés, envers et contre tout. Il aide son oncle Vérité à repousser d’une manière définitive les pirates rouges qui déciment le peuple des Six-Duchés et protège plus tard le prince héritier Devoir.
Le dernier livre de l’édition originale américaine est paru sous le titre de « The Tawny Man : Fools Fate » qui regroupe les ouvrages français « L’Homme Noir » (T. 12) et « Adieux et Retrouvailles » (T. 13).

« Adieux et Retrouvailles » est donc le dernier épisode de la saga de Fitz-Chevalerie au royaume des Six-Duchés. L’épisode précédent, « L’Homme Noir » s’arrêtait en plein chaos. Le dragon de pierre était maitrisé, mais au prix de la mort de Sire Doré (alias le Fou) et de la blessure mortelle de Burrich le compagnon de toujours de Fitz.
Le roman débute donc sous des auspices très sombres. Fitz part à la recherche du corps du Fou. Au fond des cavernes de glace, il découvre son cadavre et veut honorer sa mémoire. Il se heurte également à la femme pâle, qui lui promet de réaliser ses rêves en échange de guérison. Mais comme le dit Fitz « Mon rêve, je le tenais dans mes bras, et il était mort. Je poursuivis ma route ».
Le Fou est mort et avec lui le personnage le plus fascinant de la saga. C’est le ressort de l’histoire qui est cassé. Tour à tour si extraordinairement humain dans ses relations avec Fitz et si énigmatique dans son cheminement personnel, il porte une part de mystère. Si Fitz est le moteur humain et le catalyseur du destin, le Fou en est le porteur impuissant. Comment se déroule la suite de l’histoire, je ne le dirai pas ici !
Sachez seulement qu’il ne suffit pas seulement de rêves pour s’accomplir, mais que la réalité vous rattrape tôt ou tard et qu’il faut s’engager dans un chemin, faire des choix.
Fitz s’évertue à faire des non-choix toute sa vie durant et c’est dans cette dernière partie seulement qu’il arrivera à faire la part des choses.

Robin Hobb est peut-être actuellement le plus grand auteur américain de Fantasy. Pas de grand mérite diront certains vu le niveau des romans de genre. La critique est facile mais ne résiste pas à une lecture objective.
Rien ne manque chez Hobb. Justesse des situations, travail en profondeur sur ses personnages, puissance de l’imagination, rebondissements de l’intrigue en tous genres, style parfait, Mme Robin Hobb nous montre qu’on peux être un grand auteur et écrire de la fantasy.
En outre, et on ne la louera jamais assez, l’excellente qualité de la traduction d’Arnaud Mousnier-Lompré rend parfaitement toutes les nuances de l’auteur dans l’édition française.

La fin d’un cycle est toujours douloureuse pour les fans et l’élégance suprême pour un auteur est de parvenir à le terminer en finesse.
La grande dame de la fantasy qu’est Robin Hobb y parvient. C’est rare, très rare, chapeau bas !

Fildefer

UN AUTRE AVIS

« Oyez ! Oyez Messeigneurs !
La dernière aventure de Fitz Chevalerie Loinvoyant est parue...
Mais pour nous c’est le désarroi qui est apparu ! »

Sur l’île d’Aslevjal, les principaux protagonistes se retrouvent enfin face à leur destin. La mort moissonne, les énigmes se résolvent, les serments se dénouent. Une fois encore, Fitz affronte de terribles épreuves qui l’emportent au seuil de l’extrême douleur et du renoncement. Impuissant il doit dire adieu à certains de ses plus vieux amis. Pourra-t-il au moins sauver le Fou, enfoui dans les cachots du palais de glace ? Laissant tous ses compagnons reprendre le bateau, il reste seul sur Aslevjal et finit par découvrir une grotte dont l’occupant n’est autre que le fameux Homme Noir, qui se révèle bien différent de ce qu’on croyait...

« Adieux et Retrouvailles », le treizième et dernier opus de la saga de « L’Assassin Royal », déçoit. Il faut dire que nombre d’attentes et d’espoirs accompagnaient la sortie de ce qui promettait d’être le dénouement final de plusieurs années de patience pour les plus assidus d’entre nous.
Malheureusement, Robin Hobb se plante, magistralement...

« La mort moissonne, les énigmes se résolvent » promettait une quatrième de couverture chez Pygmalion. Que de vains mensonges publicitaires... Certaines questions ne trouveront jamais de réponses, certains faces à faces n’auront jamais lieu, comme celui où Devoir apprendrait que son père n’est pas Vérité mais Fitz, par exemple...

La plus grande déception de cet ultime tome restera tout de même la relation Fitz-le Fou, qui reste pour ainsi dire inachevée. Un amer sentiment de trahison de la part de l’auteur nous brûle jusqu’aux dernières pages de l’ouvrage. Alors que la plus grande histoire d’amour (au sens large du terme) de Fitz est et restera celle qui le lie au Fou, elle s’efface honteusement au profit d’une vieille amourette oubliée depuis plusieurs tomes.
Le happy end final est horriblement forcé et absolument pas celui que l’on attendait. On aurait encore préféré une relation homosexuelle avec le Fou version « Brodeback Mountains » que cette sinistre rature sur l’œuvre de Robin Hobb (NDLR : très énervé notre Gianni, mais faut peut-être pas exagérer quand même !).

Ceux qui auront lu les douze premiers tomes de « L’Assassin Royal » liront probablement celui-ci et seront sûrement déçus. Je souhaite à tout les fans de Fitz de trouver en eux le courage de ne pas lire le dernier tome, car l’aventure du bâtard de Chevalerie avait atteint des sommets si vertigineux que la chute l’est tout autant.

Gianni Zablot

Titre : Adieux et Retrouvailles (tome 13)
Cycle : L’Assassin Royal
Auteur : Robin Hobb
Traduction de l’américain : Arnaud Mousnier-Lompré
Pages : 378 pages
Editeur : J’ai Lu
Collection : j’ai Lu Fantasy
Dépôt légal : octobre 2007
ISBN : 2290002968
EAN : 978-2290002964
Prix : 7,60€


Gianni Zablot
12 février 2008


JPEG - 56.6 ko
L’édition de poche J’ai Lu Fantasy d’octobre 2007.



JPEG - 35.6 ko
Le dernier volume chez Pygmalion en 2006 et en grand format.



Chargement...
WebAnalytics