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YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Roland C. Wagner
Une interview exclusive (forcémuche, c’te blague !) réalisée en janvier 2008
Délices & Daubes n°88, Hors Série Spécial Interview n°2 (DD88HSSI2)

Trop fier et content de son interview de la plus belle plume de la SFFF, Madame Catherine Dufour (DD64HSSI1), votre serviteur a récidivé en posant des questions à un autre monstre du genre, Roland C. Wagner. Voilà le résultat :



Henri Bademoude : Salut Roland, comment ça va depuis les Utopiales ?

Roland C. Wagner : Disons que j’apprécie de pouvoir fumer à l’abri du vent.

HB : Tu auras pu remarquer, si tu lis mes billets sur la Yozone (sur cette page là sont cités les papiers en question, merci Hervé), que j’apprécie ton travail, même si je n’en dis pas que du bien. Tes romans que je préfère sont les space operas comme « Aventuriers de l’Espace » ou « Le Temps du Voyage ». As-tu des projets dans cette direction-là ?

RCW : Déjà, il faut que j’écrive la suite du « Temps du Voyage », qui sera a priori intitulée « Le Temps du Retour », et celle du « Chant du Cosmos », que j’aimerais bien appeler « L’Onduleur d’Espace ». J’attaquerai sûrement l’un ou l’autre quand j’aurai fini l’uchronie algérienne. Ensuite, il y a une ou deux idées qui me trottent dans la tête depuis un moment, mais ce sont plus des concepts d’univers que des idées de roman à proprement parler.

HB : Concernant « Les Futurs Mystères de Paris » et les aventures du fort sympathique Tem l’invisible et de sa copine l’IA libertaire, il y en a que j’ai bien aimés et d’autres moins. Parce que je trouve que tu as tendance à rajouter des couches explicatives pas forcément nécessaires à mon goût. Qu’as-tu as dire là-dessus ?

RCW : Que c’est un choix. Et aussi que ce qui peut sembler inutile possède parfois une utilité cachée. Et que ce qui n’est pas là est peut-être absent pour une bonne raison. Il ne faut pas perdre de vue que les « Futurs Mystères » sont une série qui s’insère dans une méta-série, et qu’il y a une continuité qui va d’« Un Ange s’est Pendu » au « Chant du Cosmos » en passant par « Les Derniers Jours de Mai » et « Cette Crédille qui nous Ronge ». Tous ces textes fonctionnent en se répondant les uns les autres, et l’importance de tel ou tel fragment (par exemple une tartine d’explications) dépend non de son rôle dans le texte où il apparaît, mais de celui qu’il joue dans la totalité de l’ensemble conceptuel. J’ai toujours beaucoup réfléchi au traitement de l’information dans la SF — la faute à Heinlein, sans doute — et à la manière dont ce traitement de l’information sous-tend la création d’univers.

HB : J’avais lu un Stephen Baxter, « Évolution » (D&D 13), qui m’avait bien énervé parce que bourré de délires incohérents au niveau de la biologie et de l’évolution. J’ai vu que tu avais traduit sa nouvelle trilogie sur Les Univers Multiples. J’en conclus que tu apprécies ce qu’écrit le bonhomme. Pourquoi faudrait-il que je le lise ?

RCW : Parce que le bouquin n’en est même pas à la moitié qu’il t’a déjà emmené à la fin des temps et que le reste ne te fait pas déplaner.

HB : Qu’est-ce que tu penses de la « littérature jeunesse »
(je me suis exprimé il y a peu sur cette question, D&D 86)

RCW : Il y avait de la SF en littérature jeunesse quand j’ai commencé à lire de la science-fiction, au début des années 70, mais pas des masses. Alors c’était le Fleuve Noir qui jouait ce rôle. Pas mal de bouquins de SF “pour adultes” sont lisibles dès… disons treize ans, vu que ma fille qui a cet âge a lu sans aucun problème de vieux Anticipation comme « La Guerre des Gruulls » ou « Les Stols », mais aussi « La Saison des Singes » ou « Pax Americana ». (Bon, « Demain les Chiens » lui est tombé des mains, mais je crains, malgré la profonde affection que je lui porte, que ce bouquin n’ait désespérément vieilli.) Cela dit, le livre qui a servi de déclencheur, il y a quelques années, c’était « L’Enfant-Mémoire » de Danielle Martinigol et Alain Grousset, un livre pour la jeunesse remarquable car tout entier conçu pour donner envie de lire, non par l’usage de procédés ou de techniques ou de principes, mais plaçant la notion de livre elle-même au cœur du roman. C’est ausi un livre de SF remarquable car tout le côté pédagogique passe par l’aspect science-fictif. Ça, c’est de la littérature jeunesse, mais la tranche d’âge concernée n’est pas la même que celle qui, jadis, dévorait du Fleuve Noir ou des J’ai lu.

HB : On entend dire ici ou là que tu travailles sur un roman qui parle de la guerre dans l’Algérie de ton enfance. Où en es-tu de ce projet ?

RCW : Pour être précis, il s’agit d’une uchronie où le Général a été assassiné en 1960. La guerre d’Algérie a donc duré plus longtemps, et s’est terminée quelque peu différement. Ensuite… eh bien, comme le dit si élégamment Éric Henriet dans « L’Histoire Revisitée » : « Les uchronies permettent aux auteurs, sous couvert d’imaginaire (à aucun moment, ceux-ci n’entendent faire du révisionnisme) de mettre en lumière les paradigmes et les dérives de leur propre temps ». J’ai entamé la rédaction, par fragments, depuis un bon moment, tout en continuant à absorber de la documentation — essentiellement en vue de purger les idées reçues qui pourraient subsister dans mon esprit, car je commence à ne pas trop mal connaître le sujet. Mais ce qui est écrit relève essentiellement de l’informatif ou de l’ambiance. Là, il va falloir que je passe deux ou trois mois à développer l’intrigue et les personnages, histoire d’avoir un premier jet complet et corrigé au printemps. Habituellement, je ne travaille pas du tout comme ça, mais la création d’univers a été difficile, elle m’a pris vingt ans et elle en aurait pris sans doute encore plus sans les conseils avisés d’Éric Vial, qui m’a fourni une partie de la documentation, et de Gérard Klein, dont les critiques pertinentes m’ont amené à modifier substantiellement mon projet de départ. Maintenant, il est grand temps que j’évacue ce foutu bouquin, et le seul moyen, pour ça, c’est de le terminer.

HB : Et, incontournable dernière question, quelle est ton actualité et de quoi veux-tu nous faire la réclame ?

RCW : Du dernier Baxter que j’ai traduit avec Sylvie, « Espace ». Ce type est vraiment très, très malin. Et la scène avec le dipneuste métallique est un très grand moment de science-fiction.

HB : Merci, Monsieur Roland !

Rappel : Tout savoir sur RCW en Yozone par là


Henri Bademoude
26 janvier 2008


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