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Rayons pour Sidar
Stefan Wul
Gallimard, Folio SF, n°289, F6, roman (France, 1957), SF, réédition, 213 pages, 5,10€

Les Xressiens, des rats humanoïdes plutôt pas gentils, vont s’emparer de la planète Sidar que les humains doivent quitter en vertu d’accords qu’ils ont passés avec ces désagréables aliens.
Et malheur à ceux qui n’auront pas décampé le jour venu !

Lorrain, physicien de formation et de profession, n’est pourtant pas décidé à quitter les lieux. D’une part, il ne veut pas que les Xressiens exterminent les sympathiques autochtones de la planète et d’autre part, ce grand distrait a perdu son robot, son cher Lionel, son sosie et frère électronique.
Parti en mission de sauvetage à travers l’étrange jungle de Sidar, Lorrain va avoir une idée extraordinaire...

Et pas un petit bidouillage à la manque, le genre de truc venu d’on ne sait où et qui va changer la vie de millions de personnes.



Très tôt remarqué par les amateurs éclairés du genre, Stefan Wul a quand même souffert d’un manque de respectabilité littéraire assez scandaleux -publication originelle au Fleuve Noir oblige.
Finalement reconnu comme un des très grands écrivains Français de SF à partir des années soixante-dix, il a depuis été édité et réédité quasi intégralement par le défunt Présence du Futur de Denoël, adoubé par la collection Ailleurs et Demain (Robert Laffont, 1973) et une très complète et sérieuse intégrale en deux volumes est parue chez Lefrancq, doublée d’une remarquable et limpide préface de Laurent Genefort.
Soutenu par un cercle de plus en plus étendu de lecteurs, respecté par ses confrères écrivains (Andrevon, Klein, etc.), il est décédé le 26 novembre 2003 sinon dans la célébrité, du moins dans un état de considération plus en valeur avec ses écrits.
Il faut dire qu’entre-temps, son roman « Niourk » est devenu un classique de la littérature Jeunesse et une référence scolaire de l’Éducation Nationale, qu’« Oms en Série » a été adapté en 1973 par René Laloux sous le titre de « La Planète Sauvage », (sur des dessins de Roland Topor, Prix Spécial du Jury au Festival de Cannes) et que le très touchant « L’Orphelin de Perdide » donna en 1981 l’animé « Les Maîtres du Temps » (toujours réalisé par René Laloux, mais sur des dessins de Mœbius).

Et l’on se dit que pour une fois, un certain succès populaire eut au moins la bonté de frapper à la porte d’un créateur avant qu’il ne nous quitte. Ce qui n’est que justice !
Car Stefan Wul ne raconte pas n’importe quoi, n’écrit pas n’importe comment, et même s’il s’assoit parfois joyeusement sur certains enchaînements de ses récits, il torche le plus souvent avec brio de véritables petits bijoux de romans SF de 200 pages.
L’écriture y est presque toujours limpide, claire, compréhensible, ciselée, parsemée de petites phrases courtes dont on raffole quand on lit beaucoup. Les séquences de dialogues sont utiles, bien rythmées, énergiques, l’intrigue jamais simple mais toujours logique et un état d’esprit franchement surréaliste préside habituellement aux destinés des héros qu’il balade dans les grandes largeurs de mondes inédits.
Avec Stefan Wul, vous ferez du chemin et ne vous ennuierez jamais.
Pour ceux qui l’ignoreraient, Stefan Wul en est même arrivé un jour à nous raconter une histoire de fusée avalée par un être gigantesque (rien que ça !) et dont les astronautes humains s’évaderont par un stratagème assez incroyable (cf. « Le Temple du Passé ») ! Et même si ce n’est point le meilleur Wul, rien que pour la seconde moitié de ce court roman, on se paye une bonne tranche d’aventure franchement incroyable.
Si tout cela n’est pas l’imaginaire au pouvoir et une vision réjouissante de la SF, autant se mettre aux légumes transgéniques tout de suite en pensant sauver la planète de ses malheurs écologiques demain.

Bref, c’est en s’éloignant du sujet que l’on s’en rapproche car « Rayons pour Sidar » ne déroge à aucune de ces grandes règles. L’écrivain y ajoute même une bonne dose d’humour et un talent rare pour décrire la faune et la flore d’un monde étrange (digne du meilleur Jack Vance pour le coup). Qui plus est, du planet opera tumultueux, on dérivera aussi vers le space opera dans des proportions jamais lues jusqu’à ce roman.

Toujours aussi attachant, sensible et délassant, relu et dévoré à la vitesse de l’éclair, on ressort de ce type d’ouvrage en se disant qu’en 1957, putain y-avait quand même des mecs vachement doués pour l’écriture.

Dans la masse des romans qui nous tombent sur le dos chaque mois -que d’économies de bois possibles !- on rêve de lire un Stefan Wul régulièrement. Ce n’est pas le cas, évidemment. Raison de plus pour se précipiter sur cette réédition.

Si vous ne connaissez pas encore (what !!!), vous ne serez pardonnés qu’après avoir dépensé vos sous. Claro ?

EN SAVOIR PLUS SUR STEFAN WUL

Délices et Daubes n°73, « Merci Monsieur Wul » (Henri Bademoude)

Titre : Rayons pour Sidar
Auteur : Stefan Wul
Couverture : Illustration Jon McCoy Designs
Éditeur : Gallimard
Collection : Folio SF
Numéro : 289
Catégorie : F6
Directeur de collection : Pascal Godbillon
Site internet : Folio SF - Gallimard
Pages : 213
Format : 10,8 x 1,5 x 17,8 (poche, broché)
Dépôt légal : août 2007
Référence : A 34547
EAN : 9 782070 345472
ISBN : 978-2-07-034547-2
Prix :5,10€

Précédentes éditions
Fleuve Noir : 1957
Denoël, Présence du Futur : 1971, 1979, 1986, 1988 et 1998
Lefrancq, Littérature : 1996


Stéphane Pons
27 septembre 2007


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