Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




99 Francs
Film Français de Jan Kounen (2007)
26 septembre 2007


Genre : Comédie sous acide
Durée : 1h40

Avec Jean Dujardin (Octave), Jocelyn Quivrin (Charlie), Patrick Mille (Jeff), Vahina Giocante (Sophie), Elisa Tovati (Tamara), Frédéric Beigbeder (lui-même), etc.

La vie, les trahisons, le cynisme, les provocations à deux balles et le destin tragique d’Octave, créatif très demandé dans la pub.
La France des années quatre-vingts commence à peine à s’éveiller à grands coups de coke, d’héro et de toutes les substances hallucinogènes disponibles sur le marché. Satyre féroce des arrivistes friqués du monde de la réclame qui ne pensaient qu’à claquer leur oseille sans aucun remord, l’adaptation du roman à succès de Frédéric Beigbeder par un Jan Kounen au sommet de son art est un réel grand moment de cinéma « imaginaire ». Jean Dujardin, époustouflant, y gagne déjà le César d’interprétation. Parfaitement épaulé par un trio de jeunes acteurs Jocelyn Quivrin - Patrick Mille - Vahina Giocante en pleine bourre, sa prestation d’envergure n’étouffe pas le reste de la distribution. C’est heureux et mérité pour tout le monde..
« 99 Francs » sur la Yozone ? Et ouaip mon gars ! Et pas qu’un peu !

Le roman originel ? M’en fous, pas lu. Autant j’aimais l’émission littéraire de Beigbeder sur la chaîne Paris Crémière (!), autant ses multiples apparitions télévisuelles, ses fréquentations médiatiques pénibles (absolution pour Jean-Edern Hallier dont on redécouvrira un jour le grand talent de pur prosateur) et ses succès de librairies archimédiatisés m’ont toujours gonflé et n’ont pas besoin de mes petits deniers.
Ma vénération pour le réalisateur Jan Kounen jusqu’à ce jour ? Minime. Trois courts intéressants et percutants (citons ici « Gisèle Kérosène », « Le Petit Chaperon Rouge » et l’ultra culte « Vibroboy »), un « Doberman » intrigant, brillant et aussi un peu chiant, un mauvais « Blueberry », complètement à côté de la plaque et un beau « Darshan-L’étreinte » totalement oublié par la critique et le grand public. Bref, pas de quoi arracher les rideaux de sa suite au George V, on en conviendra.
Jean Dujardin ? Ben Jean Dujardin, c’est déjà plus compliqué. le côté humoriste populaire, genre sous-Nuls, a bien tendance à faire oublier le grand acteur qui se cache bêtement derrière des compositions lucratives mais ô combien franchouillardes, je n’en démords pas, depuis une bonne décennie, il s’agit de l’un des très rares grands acteurs dont dispose le cinéma Français.

Touillons le tout et nous obtenons une claque intense, un film profondément énervant, flashant, totalement hors norme dans le contexte hexagonal actuel, sublimé par un fil conducteur désespéré et maso qui provoquera sans doute des crises de dents chez le premier critique des “Inrocks” ou de “Télérama” venu (mais ne jurons de rien par avance, sait-on jamais).
N’empêche que l’ensemble fonctionne, qu’on ne s’y emmerde pas un instant. On navigue entre rires et grimaces au dixième de seconde, on est roulé dans la farine d’une maestria filmique très made in boîte à Pub, tout en reconnaissant la patte d’une réalisation qui passe -brillamment- son temps à faire des courbettes devant l’histoire du cinéma. Et même à se la jouer Terrence Malick sur la fin.

La baffe est de grande ampleur. On se prend dans la gueule une sorte de « Neuilly Parano » tourné par un mec qui balade mieux sa caméra qu’un Terry Gilliam énervé (opinion personnelle que l’on n’est pas obligé de partager).
Et l’imaginaire dans tout ça ? De la première à la dernière seconde, on est en plein dedans !
Certes, les vampires ont la froide résolution des PDG des transnationales naissantes de l’époque, les aliens sont au choix, le cadre sup moyen qui traverse l’histoire en se demandant ce qu’il venait faire dans cette narration de branques ou quelques branchés qui vivaient sur le dos du moutons « populaire » à raser de très près.
Mais halte à l’énumération sans fin, le film est à l’image de la galerie de personnages proposée : ça va de la pute en quête de succès respectables à l’escroc à la petite semaine en passant par le commercial survolté pour finir par tout exploser à Miami dans une séquence cartoonesque à donf les manettes.
De la première à la dernière seconde, nous sommes dans une réalité transmutée par l’usage que fait le cerveau carbonisé d’Octave aux diverses substances (non Bio) dégueulées à la tonne par notre société de consommation.
Et si tout est parabole, autant se marrer au passage.

Affiches de pubs qui s’animent et s’intègrent au récit, visions Christiques s’envolant d’un building ou ambiances « 1984-Le Meilleur des Mondes », fantasmes, hallucinations et foutages de gueules en tout genre, on sort de ce « 99 F » totalement surpris, chamboulés, retournés par un résultat aussi étonnant et réussi. No Future et No Fun !

Ce truc a été fait en France, par un Français avec une distribution AOC Camembert ?! J’y crois pas ! Incroyable !
Finalement, tout n’est peut-être pas encore perdu.

FICHE TECHNIQUE

Titre original : 99 F
Réalisation : Jan Kounen
Scénario, dialogues : Bruno Lavaine, Nicolas Charlet
D’après le roman « 99 Francs » de : Frédéric Beigbeder
Adaptation : Jan Kounen, Frédéric Beigbeder

Producteur : Ilan Goldman
Producteur exécutif : Marc Vade & Catherine Morisse-Monceau

Photographie : David Ungaro
Musique : Jean-Jacques Hertz, Francois Roy
Décors : Michel Barthélémy
Costumes : Sylvie Ong, Claire Lacaze, Chattoune (créatrice)
Maquillage : Hue Lan Van Duc
Montage son : Alain Feat
Montage : Anny Danché
Mixage : Jean-Paul Hurier, Marc Doisne

Production : Film 99 Francs, Arte France cinéma, Pathé (tous France)
Distribution : Pathé Distribution (France)
Presse : Alexandra Schamis, Sandra Cornevaux (AS Communication)

SITE INTERNET

http://www.99francs-lefilm.com/


Stéphane Pons
26 septembre 2007



JPEG - 20.3 ko



JPEG - 9.2 ko



JPEG - 8.5 ko



JPEG - 6.9 ko



JPEG - 8 ko



JPEG - 6.1 ko



JPEG - 10.5 ko



JPEG - 7.5 ko



Chargement...
WebAnalytics