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Daredevil
Film américain de Mark Steven Johnson (2002)
19 mars 2003


Genre : Adaptation de Comic-Book
Durée : 1h42

Avec Ben Affleck (Matt Murdock/Daredevil), Jennifer Garner (Elektra Natchios), Michael Clarke Duncan (The Kingpin/Wilson Fisk), Colin Farrell (Bullseye), Jon Favreau (Franklin ’Foggy’ Nelson), Joe Pantoliano (Ben Urich), David Keith (Jack Murdock), Scott Terra (Matt Murdock enfant), Erick Avari (Ambassadeur Nikolaos Natchios), Coolio (Daunte Jackson), Ellen Pompeo (Karen Page)

Ayant perdu la vue après qu’un container de produit toxique lui ait éclaté au visage, le jeune Matt Murdock (Scott Terra) découvre que ses autres sens se sont énormément développés et qu’il possède, désormais, une sorte de perception radar lui permettant d’appréhender l’espace, et le monde qui l’entoure, mieux que ne pourrait le faire n’importe quel voyant. Du coup, lorsque son père, le boxeur Matt « Devil » Murdock, est victime d’un règlement de compte, le gamin, qui veut croire qu’un homme, même seul, peut parvenir à changer les choses, décide d’employer ses dons hors du commun pour combattre le crime. Quelques années plus tard, loin d’avoir oublié son serment, Matt Murdock (Ben Affleck), voue entièrement son existence à la justice. Alors que le jour, avocat à la cour, il défend les opprimés, la nuit, il se transforme en « DareDevil » et avec lui, la justice devient aveugle.

Après les « X-Men » et « Spider-Man » (et avant « Hulk »), c’est très logiquement au tour de « Daredevil », autre création de l’incontournable Stan Lee, de se faire son cinéma. Mais, alors que l’on pensait les destinés cinématographiques des personnages de la Marvel Comics entre de bonnes mains (à savoir celles de Avi Arad, responsable des studios Marvel Entertainement), Mark Steven Johnson, scénariste réalisateur hollywoodien de seconde zone, vient mettre un terme à l’excellente série débutée par le « Blade » de Stephen Norrington.
Pourtant, depuis le début des années 90, le projet d’adaptation de « L’homme sans peur » avait suscité l’intérêt de quelques cinéastes de talent (à commencer par Christophe Gansqui voulait reconduire l’esprit sombre de la BD, Robert « The Faculty » Rodriguez, Stephen « Blade » Norrington ou encore Sam Raimi qui, comme pour « Spider-Man », rêvait de transposer le Diable Rouge sur grand écran), mais c’est finalement l’incroyable ténacité de Mark Steven Johnson qui va finalement triompher des errements du projet ; Il faut dire que depuis quelques années, ce dernier, autoproclamé fan ultime de la BD, baladait de studio en studio (après la Fox, la Warner, Sony, c’est Regency, une filiale de la Fox, qui hérite du bébé) un scénario prometteur inspiré de la période où le grand Frank Miller avait repris en main le super-héros de papier.

Malheureusement, les bonnes intentions ne remplacent aucunement savoir faire et talent et le réalisateur du larmoyant « Simon Birch » (son unique réalisation avant « Daredevil ») ne fait guère illusion plus de vingt minutes (le temps de nous relater l’incontournable « origin story » du personnage) avant que sa pellicule ne fasse la démonstration de son manque de cohésion, de maîtrise et d’ambition. En effet, même si l’on met de côté des choix de casting discutables (Ben Affleck a beau être bien mignon et avoir la mâchoire carrée, il ne parvient jamais à être vraiment crédible dans ce rôle d’avocat non voyant aux supers-pouvoirs), ou encore les prises de liberté avec l’œuvre originale (mais qui sont l’apanage des adaptations au cinéma), on peut difficilement passer sur l’inconstance - et l’inconsistance - de la narration, l’absence fragrante de direction d’acteur et l’accumulation de choix de mises en scène sans rapport avec l’univers originel de la bande dessinée.

Certainement dépassé par les enjeux visuels et narratifs de son entreprise et manipulé par un studio aux ambitions mercantiles, Mark Steven Johnson va privilégier des scènes d’action aux éclairages minimalistes (entendre filmées dans la pénombre) aux montages maladroits (genre on y comprend rien, ou pas grand chose) plutôt que de développer ses personnages. Du coup, le Diable Rouge, qui se retrouve assujetti d’une sorte de costume de cuir rouge d’inspiration motarde, n’hésite aucunement à se lancer dans de périlleux sauts de l’ange empruntés à « BladeII », à virevolter entre les building façon « Spider-Man » ou encore à affronter Elektra en un duel nocturne renvoyant directement à l’affrontement Batman vs Catwoman de « Batman, le défi ».

Mais DD n’est pas la seule victime de ce lamentable raté puisque les méchants du film se retrouvent cantonnés à jouer les caricatures mal dégrossies des personnages originaux : le Caïd (Michael Clark Duncan) se limitant à parader dans ses costumes sur mesure au beau milieu de son bureau, tandis que Bulleyes/Le Tireur (Colin Farell), devenu tueur comique, se débarrasse de petites vieilles trop bavardes par d’habiles lancés de cacahuètes, quand il ne cherche pas à effrayer quelques rats de gouttières.

Bref, tout cela n’a plus grand chose à voir avec la bande dessinée et le réalisateur a beau accumuler les clins d’œil à l’intention des lecteurs du comic-book (en multipliant les personnages aux noms évocateurscomme John Romita, Frank Miller, Jack Kirby, Brian Bendis, et j’en passe .... ou encore en faisant apparaître, comme dans « Spider-Man » d’ailleurs, Stan Lee au coin d’une rue), il finit de perdre toute crédibilité en tentant de résumer la vie, l’œuvre et l’évolution d’un héros quarantenaire en un peu moins de deux heures.

Reste tout de même, au crédit de cette bien médiocre bande, la matérialisation de la « vision » radar du justicier aveugle (certes usitée à l’excès) alliant ingéniosité et poésie, et la présence de Jennifer Garner (l’agent multicartes de la série télévisée « Alias ») qui, dans son rôle d’Elektra, pourtant singulièrement remanié par le script, vient illuminer la pellicule de sa présence, de son aisance et de son charme (on parle d’ailleurs déjà d’une suite, ou plutôt d’une préquelle, axée sur son personnage).
Une énorme déception, en tout cas, pour les inconditionnels de « DareDevil », qui débute, sous les plus mauvais auspices, la carrière au cinéma d’un super-héros doté pourtant d’un énorme potentiel cinématographique.

Mars 2002

FICHE TECHNIQUE

Titre original  : Daredevil

Réalisation : Mark Steven Johnson
Scénario : Brian Helgeland et Mark Steven Johnson d’après le comic-book de Stan Lee et les personnages de Stan Lee,Frank Miller

Producteur(s) : Avi Arad, Gary Foster, Arnon Milchan

Producter(s) associé(s) : Kathleen M. Courtney
Coproducteur(s) : Becki Cross Trujillo, Kevin Feige
Producteur(s) Exécutif(s) : Stan Lee, Bernie Williams

Musique orginale : Graeme Revell
Chanson : « Lapdance »Chad HugoetPharrell Williams

Image : Ericson Core
Montage : Armen Minasian, Dennis Virkler
Distribution des rôles : Eyde Belasco, Donna Isaacson
Création des décors : Barry Chusid
Direction artistique : James E. Tocci
Décorateur de plateau : Victor J. Zolfo
Création des costumes : James Acheson

Production : 20th Century Fox, Horseshoe Bay Productions, Marvel
Entertainment, New Regency Pictures, Regency Enterprises
Distribution : 20th Century Fox FilmTechnicien des effets spéciaux
Effets spéciaux : Digital Domain, Pixel Magic, Rhythm Hues

INTERNET

http://www.daredevilmovie.com/


Bruno Paul
19 mars 2003



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