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Roi Arthur (Le)
Film irlando- américain d’Antoine Fuqua (2004)
Sortie nationale le 4 août 2004


Genre : Reconstitution historique
Durée : 2h05

Avec Clive Owen (Arthur),Ioan Gruffudd (Lancelot), Keira Knightley (Guenièvre), Mads Mikkelsen (Tristan), Joel Edgerton (Gauvain), Hugh Dancy (Galaad), Ray Winstone (Bors), Ray Stevenson (Dagonet), Stephen Dillane (Merlin), Stellan Skarsgård (Cerdic), Til Schweiger (Cynric), Sean Gilder (Jols), Pat Kinevane (Horton), Ivano Marescotti (Bishop Germanius), Ken Stott (Marcus Honorius), ...

Après trois siècles et demi d’occupation, les armées de Rome, pourtant parvenues jusque-là à contenir les assauts des Celtes et des Scots, s’apprêtent à abandonner l’île de Bretagne à l’envahisseur saxon. Au cœur de ce tumulte, le représentant de Rome propose à Lucius Arturio Castus et ses farouches chevaliers sarmates (sorte de cavalerie étrangère des forces romaines) de regagner leur liberté en échange d’une dernière mission. Mais, leur incursion au-delà du mur d’Hadrien, qui sépare la Bretagne romaine des territoires du nord sous l’influence de Merlin, va les amener à se battre au côté de Guenièvre, une belle et redoutable guerrière guèdes, pour ralentir l’inexorable progression des hordes saxonnes de Cerdic. Désormais dégagés de leurs obligations envers Rome, Arthur et ses chevaliers décident de prendre leur destin en main et s’allient à leur ancien ennemi, Merlin, pour défendre les terres pour lesquelles ils se sont tant combattus.

Oubliez tout ce que vous pensiez savoir sur le Roi Arthur et les Chevaliers de la Table Ronde. David Franzoni (scénario), Jerry Bruckheimer (production) et Antoine Fuqua (réalisation) se lancent dans une véritable entreprise de démystification en replaçant personnages et poèmes épiques dans leur contexte historique. Si, bien sûr, il pourra être difficile aux aficionados de « Excalibur » (dont je fais partie) de découvrir Arthur accoutré à la romaine, ce recadrage du mythe se montre plutôt bien fait et loin d’être inintéressant. Certes, « Le Roi Arthur » reste une reconstitution fictionnelle - on connaît finalement très peu de choses sur la réalité du personnage - mais elle s’appuie sur des faits authentiques - la muraille d’Hadrien, la bataille du Mont Badon - pour donner existence aux héros des légendes : Arthur, Guenièvre, Lancelot, Merlin et les Chevaliers de la Table Ronde. Mais, outre les attraits du script de David Franzoni, déjà coupable du « Gladiator » de Ridley Scott, Antoine Fuqua, à qui l’on doit le percutant « Training Day », fait également preuve d’une belle maîtrise dans sa réalisation. Les décors sont somptueux, les costumes crédibles, la partition de Hans Zimmer inspirée et la narration alterne brillamment descriptions, révélations et scènes d’action en évitant longueurs et temps morts. Car, en effet, si cette version de la genèse du Roi Arthur ne verse jamais dans la magie ou le surnaturel, elle fait la part belle à quelques batailles homériques aussi bien construites que chorégraphiées. Côté interprétation, on pourra rester dubitatif sur le choix de Clive Owen, pour incarner le rôle-titre sans vraiment de passion, ou encore sur celui de Ioan Gruffudd campant un Lancelot sans relief, mais on est ébahi par la prestation habitée, mais peu habillée (la tenue de guerrière Guèdes étant assez minimaliste), de la splendide Keira Knightley, l’hybride Winona Ryder/Nathalie Portman qui a séduit la planète dans le récent « Pirates des Caraïbes ». La nouvelle coqueluche d’Hollywood n’hésite pas une seconde à prendre à son compte le film magnifiquement filmé et mis en scène, en imposant son rôle de Guenièvre comme celui d’une grand héroïne de cinéma.

Bruno Paul



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Que voilà un Roi Arthur qui sort de l’ordinaire. Point ici d’enchanteur ou de magicienne. La reine Guenièvre n’y flirte pas davantage avec le beau Lancelot. Quant aux armures de plate et aux heaumes empanachés qui nous ont été le plus souvent octroyés dans la plupart des films ayant abordé le sujet, ils cèdent ici la place au peplum et à la toge romaine. C’est que le réalisateur a rangé au placard l’artillerie féerique pour nous offrir un roi Arthur plus vraisemblable, sans doute pas conforme à ce qu’il dut être mais, à tout le moins, crédible.

Nous sommes en effet à la charnière des Vème et VIème siècle de notre ère alors que Rome se prépare à abandonner la Grande-Bretagne menacée par une formidable invasion saxonne. Son armée occupe encore quelques positions au sud du mur d’Hadrien, mais c’est au nord, en territoire picte, qu’une poignée de mercenaires, enrôlés dans les troupes romaines dès leur plus jeune âge, va devoir se rendre afin de conduire en sécurité une famille d’aristocrates, et accéder enfin à la liberté.

Tel est le sujet d’un film haut en couleurs et point avare de scènes à faire frémir, comme la découverte, dans la cité d’au-delà le mur où parviennent nos mercenaires, de prisonniers soumis à d’inquiétants rites religieux. C’est d’ailleurs dans les entrailles de cette bourgade qu’Arthur et ses compagnons vont faire la connaissance d’une jeune captive d’origine picte, Guenièvre, qui ne ménagera pas sa peine dans les heures plus graves encore des batailles contre les Saxons.

Film de bruit et de fureur, pour reprendre une vieille expression ? Sans aucun doute. Mais surtout hymne à la liberté, qu’elle soit individuelle ou sociale. Ici, ce sont les chevaliers qui revendiquent le droit de choisir leur destin, choix que Rome leur a ôté dès leur enfance. C’est aussi tout un peuple qui entend gérer lui-même ses affaires sans que quiconque vienne s’en mêler et qui conduit l’ancien adversaire, les Pictes de Merlin, à s’allier à nos chevaliers pour tenter de repousser l’envahisseur.

S’il fallait faire un reproche à cette histoire concoctée par David Franzoni, le scénariste, ce pourrait être la présence, assez discrète par ailleurs, de Merlin. Non que l’existence de ce personnage, essentiel dans la légende, soit ici mise en doute. C’est plutôt la contemporanéité de celui-ci avec le roi Arthur qui pose peut-être problème, bien qu’une voix off nous ait précisé dès l’ouverture que de récentes découvertes étaient à l’origine de cette « véritable » histoire. Mais qu’importe ! il fallait nous faire rêver, nous faire vibrer, nous émouvoir aussi durant quelque deux heures, et Antoine Fuqua, le réalisateur, s’en est, ma foi, fort bien tiré. Rien d’étonnant du reste. Voilà quelqu’un qui mérite l’attention. Et si ce nom ne vous dit encore rien, peut-être vous souviendrez-vous de « Training Day », ce polar angoissant sinon traumatisant où un jeune flic, Ethan Hawke, va se trouver embarqué dans une sale affaire par un Denzel Washington époustouflant.

Mais... Car il y a un mais.

Si le bât blesse quelque part à mes yeux, c’est au niveau du « casting ». Clive Owen (Arthur), que l’on avait pu apercevoir dans « La mémoire dans la peau » (film qui, entre parenthèses, donne lieu à une suite), n’est pas à la hauteur de son personnage ou, peut-être, de ses devanciers dans le rôle. Ivan Gruffudd (Lancelot) nous a semblé tout aussi falot, encore que ce Lancelot-là n’a qu’un rôle bien effacé en comparaison de celui que les récits médiévaux lui ont accordé. Et il en est de même de la plupart des chevaliers sauf...
...sauf, Ray Winstone (Bors) qui, sans doute en raison de sa carrure mais aussi des multiples détails de sa vie que le scénariste a fourni à ce héros, crève l’écran. Après son extraordinaire prestation dans « The War Zone », il figurait aussi dans le très beau « Retour à Cold Mountain » et on pourra bientôt le voir dans « Ripley’s Game » - qui marquera, nous l’espérons, le grand retour de Liliana Cavani- : c’est dire que sa carrière prend un fameux essor.

Mais j’ai gardé le meilleur pour la fin. Le meilleur, c’est évidemment Guenièvre. Autrement dit Keira Knightley. Belle, émouvante autant que battante, aussi impeccable lorsqu’elle est sur le point de mourir, victime des sévices qui lui ont été infligés, que lorsqu’il va lui falloir combattre au point d’éclipser tous les chevaliers qui l’entourent. Mais que l’on se rassure, après le premier volet des « Pirates des Caraïbes » et ce « Roi Arthur », nous allons la retrouver dans les deux prochains volets des « pirates » aux côtés de Johnny Depp. Et pour ceux qui voudraient s’en régaler davantage, qu’ils aillent faire un tour du côté de « La menace fantôme » ou de « The hole », sinon le plus récent « Domino » dans lequel elle endosse la tenue du chasseur de prime.

Ajoutons, s’il fallait encore convaincre les indécis, que la partition musicale est l’œuvre de Hans Zimmer. Une autre bonne raison de ne pas manquer ce film.

Jipé



FICHE TECHNIQUE

Titre original : King Arthur

Réalisation : Antoine Fuqua
Scénario : David Franzoni
Producteur : Jerry Bruckheimer
Producteurs associés : James Flynn, Bruce Moriarty, Morgan O’Sullivan
Producteurs exécutifs : Ned Dowd, Chad Oman, Mike Stenson
Musique originale : Hans Zimmer
Musiques additionnelles : Nick Glennie-Smith, Rupert Gregson-Williams
Musiques non originales : Patrick Cassidy et Lisa Gerrard (« Amergin’s Invocation »)
Image : Slawomir Idziak
Montage : Conrad Buff IV, Jamie Pearson
Distribution des rôles : Michelle Guish, Ronna Kress, Frank Moiselle, Nuala Moiselle
Création des décors : Dan Weil
Direction artistique : Yann Biquand, Conor Dennison, Bettina von den Steinen
Décorateur de plateau : Olivia Bloch-Lainé
Création des costumes : Penny Rose
Maquillage : Ailbhe Lemass
Effets spéciaux : Neil Corbould
Effets visuels : Matt Johnson, Alex Smith
Cascades : Steve Dent

Production : Touchstone Pictures, Jerry Bruckheimer Films
Distribution : Gaumont Buena Vista International
Effets spéciaux : Cinesite (Europe) Ltd., Neil Corbould Special Effects Ltd.



Bruno Paul
Jean-Pierre Fontana
4 août 2004



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