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Exceptionnel et glauque
Le troqueur d’âme d’Alfred Bester et Roger Zelazny - Les particules élémentaires de Michel Houellebecq
Délices & Daubes n°50


Un titre trompeur ? Pas vraiment. Une fois n’est pas coutume et l’exception confirme la règle. J’avais prétendu (D&D 42) n’avoir jamais lu de mauvais Zelazny. C’était vrai mais ça ne l’est plus. Je viens de finir péniblement Le troqueur d’âme, J’ai lu SF, 2002, 221 pages. Zelazny a repris et terminé une ébauche de Bester.

Une histoire sans queue ni tête, des explications du plus haut fumeux. Dans une boutique hors du temps, où on échange les émotions et les traits de caractère, se retrouvent Cagliostro, Beethoven, Marcel Proust, un homme chat et une femme serpent, entre autres. A éviter résolument. On a aussi l’impression que la traduction laisse à désirer.

Ça fait de la peine de voir deux grands auteurs accoucher d’une daube, mais c’est la dure réalité du lecteur courageux et entreprenant. Versons une larme virtuelle de crocodile intergalactique et passons vite à autre chose.

Ce coup-là j’ai fait fort : j’ai emprunté Les particules élémentaires de Michel Houellebecq, Flammarion, 1998, 394 pages. J’ai arrêté après une centaine de pages. C’est pourtant bien écrit, avec un style qui varie avec les chapitres, courts pour ne pas trop lasser, au passé ou au présent, certains avec un titre, d’autres non. Et une utilisation experte du point-virgule.

Mais que c’est prétentieux ! Il nous fait part de ses analyses à l’emporte-pièce sur l’évolution de la société occidentale, avec des références aux années 60 et 70, des yéyés aux hippies. Il nous explique que la biologie moléculaire est un truc pour techniciens sans imagination, pas comme la seule vraie science intelligente, la physique. Ce qui ne l’empêche pas de donner les noms latins de toutes les bestioles qui font se décomposer les cadavres. Et il n’arrête pas de donner des cours de philosophie de bazar ou de sociologie de comptoir.

Quant à la sexualité... Au secours ! Ce type, s’il ressemble même de loin à ses personnages, est carrément malade à ce niveau. L’écriture est une thérapie, comme chacun sait, mais je n’ai pas la vocation d’un psy pour écouter à quel point ce type est dérangé dans sa tête et dans le fonctionnement de son zizi.

C’est d’une glauquerie extraordinaire, sans doute est-ce là l’origine de son succès ?

Je ne connaissais que ses interviews ou ses passages à la télé où il était très fort pour se rendre antipathique et imbuvable. Et bien ce bouquin reflète cette personnalité : la certitude d’avoir raison et d’être plus intelligent et lucide que tout le monde, le mépris pour le reste de l’humanité, l’incapacité à voir et à comprendre la beauté de la vie, et surtout l’absence totale de sensibilité et donc de capacité à aimer. D’où cette sexualité tordue, egocentrique, essentiellement masturbatoire.

La gougle et wiki m’apprennent que ce type sort de l’Agro, une école pour biologistes un peu matheux (d’où sa honte de ne pas être physicien ?) et que, comme ses personnages, il a été élevé par sa grand-mère. La pauvre.


Henri Bademoude
22 avril 2007


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