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Kurt Vonnegut Jr est mort !
C’est la vie
11 novembre 1922 - 11 avril 2007

Né de parents d’origine allemande dont les familles avaient émigrées aux USA depuis trois générations, Kurt Vonnegut Jr représentait une vision toute particulière de la SF.




Pleins d’humour, de provocation, souvent surréalistes et un peu barrés, ses écrits révèlent un homme profondément de gauche et progressiste.

Engagé volontaire puis prisonnier lors de la Seconde Guerre Mondiale, il survécut par miracle au bombardement de Dresde. L’épisode, dramatique et quasi irréel, sera une des nombreuses lignes inspiratrices d’un de ses romans de SF les plus célèbres : « Abattoir 5 » (Slaughterhouse-Five, 1969).

George Roy Hill en tirera un film éponyme en 1972, qui tout de SF qu’il fut, obtint le Prix du Jury au Festival de Cannes de 1972 (un exploit assez incroyable, avouons-le). En 1998, Alan Rudolph (« Trixie », « L’Amour et Après ») adaptera également son « Breakfast du Champion » avec rien moins que Bruce Willis, Nick Nolte et Albert Finney dans la distribution.
D’autres romans seront adaptés ainsi que plusieurs de ses nouvelles (ciné & TV) et Kurt Vonnegut Jr en profitera souvent pour y faire quelques apparitions (à vous de trouver où et quand).

Politiquement impliqué dans une lutte sans merci contre la Guerre du Vietnam, détestant George W Bush et sa politique, il portait depuis quelques années, à travers des critiques au vitriol dans la presse américaine, un regard colérique et un rien désabusé sur la vie politique et l’évolution de son pays.

Si ces écrits ne sont pas obligatoirement et facilement abordables par tout un chacun, classons l’ensemble de son oeuvre dans un registre que nous appellerons la “SF-Littéraire”, ses principaux romans sont assez marquants (« Le Pianiste Déchaîné », « Les Sirènes de Titan », « Le Berceau du Chat », « Abattoir 5 » et « Le Breakfast du Champion »).

Créateur de la mythique planète Tralfamadore, il reviendra plusieurs fois sur ce territoire extraterrestre, y baladant son double imaginaire en la personne de Kilgore Trout (cf également le roman-hommage au mythe écrit par Philip José Farmer, signé K. Trout et intitulé « Le Privé du Cosmos »-Venus on the half-shell).
Ce bon Kurt n’hésitant pas à pousser le bouchon très loin lui-même et offrant le Prix Nobel à Kilgore Trout dans « Le Breakfast du Champion » !

Malgré son approche iconoclaste de la SF, Kurt Vonnegut Jr connaîtra de beaux succès de librairies, y compris aux USA, atteignant une reconnaissance dont peu d’écrivains du genre peuvent se prévaloir.

Archétype du romancier que la critique littéraire française se plaît à aimer -car décalé dans son approche de la littérature de genre- il faut bien reconnaître que Kurt Vonnegut Jr est nettement moins lu par les amateurs d’imaginaire de nos jours (bien que son dernier recueil ait dépassé les 200 000 exemplaires aux USA).
Très peu de ses romans sont actuellement disponibles aux rayons des nouveautés dans l’hexagone et il faudra se résoudre à chercher dans les occases (J’ai Lu, Présence du Futur, etc.) pour trouver son bonheur... Félicitons quand même les éditions du Seuil qui ont eu le mérite de faire un effort sur le sujet en poche, il y a de ça six ou sept ans.

Mais tout cela s’explique ! Pas question de fantasy héroïque ou de space opera convenu même si l’écrivain flirte intensément avec cette dernière thématique. Rien n’est à prendre au premier degré dans son œuvre, tout appelle la réflexion et de grands sourires.
L’humour ouvre toutes les portes, Kurt Vonnegut Jr en détenait les clefs, maniant ses effets comiques avec une acidité mélancolique frappante.

Décédé des suites d’une blessure crânienne consécutive à une chute sans doute due à son grand âge, il laissera l’image d’un véritable écrivain, porté par une volonté pugnace de ne rien céder à ses idéaux.

À lire et à découvrir si ce n’est pas encore fait. Kurt Vonnegut Jr était vraiment un digne représentant de la littérature SF, un écrivain véritable, un auteur marquant.
Paradoxe qui doit bien le faire rigoler là où il est, Indianapolis, sa ville natale, avait déclaré 2007, “Année Vonnegut”.

Elle le restera à jamais.

PS : très bel et très complet hommage dans le « Libération » du vendredi 13 avril 2007 de Frédérique Roussel (Page Culture 25).

PHRASE CULTE

- « C’est la vie » in Abattoir 5
Une bonne partie de la philosophie de l’écrivain Kurt Vonnegut est résumée dans cette interjection/phrase/sentence/mantra : cultissime !

À LIRE

- « Le Pianiste Déchaîné »
- « Les Sirènes de Titan »
- « Le Berceau du Chat »
- « Abattoir 5 »
- « Le Breakfast du Champion »

À VOIR

- Abattoir 5 (1972)
- Mother Night (1996, non distribué en France)
- Le Breakfast du Champion (1998)


Stéphane Pons
13 avril 2007


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Le roman (collection J’ai Lu)



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Abattoir 5, l’affiche du film récompensé à Cannes en 1972.



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Couverture collection J’ai Lu.



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Affiche du film d’Alan Rudolph



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