Il faut reconnaître une chose à la saga « Lanfeust », c’est le brio évident avec lequel Arleston (scénario) et Tarquin (dessin) ont réussi à transcender une charmante parodie bien déconnante en grandiose BD culte.
C’est qu’il en faut du talent pour en arriver là ! Reprenant les grandes thématiques de l’heroic fantasy et du space opera passées à la moulinette d’un humour bon enfant ébouriffant, « Lanfeust des Étoiles » est sans doute devenu le meilleur planet opera graphique disponible sur le marché.
Succès amplement mérité et incontestable qui ne saurait juste s’expliquer par les points forts apparents de la série.
Certes, on rit beaucoup et souvent. Certes, la distribution des personnages est variée et particulièrement soignée. Certes, les références (musique, TV, culture globale et Cie) se multiplient à l’envi au point que, de 7 à 77 ans, tout le monde y trouve son compte.
Où comment mixer l’humour pipi-caca des cours de récrés avec « L’Almanach Vermot » à papi !
Le secret n’est pas là, évidemment. Il est ailleurs, of course. Et, tout d’abord, dans un graphisme remarquablement étudié et totalement au service d’un scénario dont les dialogues ne sont pas les seuls points forts. « Lanfeust des Étoiles » n’est pas seulement un univers parodique. C’est aussi une histoire de plus en plus noire, des personnages de plus en plus épais et un discours qui donne à penser.
C’est aussi quelques pages et cases sublimes par leur agencement et leur diversité.
Bestiaire fantastique enlevé, recherche architecturale permanente, travail incessant sur les éléments SF (équipements techniques, vaisseaux spatiaux, planètes) de l’intrigue, abordage frontal de l’ensemble des sujets dispos (clonage, téléportation, voyages temporels, races aliens, etc.) la coupe est pleine.
Et il s’agit bien du seul petit défaut, ce tome 6 n’est parfois pas loin de déborder par un trop plein d’imagination. Par ailleurs, quelques esprits chagrins risquent bien d’être déroutés par le changement de ton de la série et par les enchaînements ultra rapides d’un scénario survolté. C’est foncièrement une lecture plus adulte qui est réclamée par les créateurs et patrons de la série.
Hé, les gars, calmez-vous ! Sinon, va falloir que j’augmente mes doses de Temesta pour pouvoir suivre le rythme. Ben oui, c’est qu’avec ce « Râle du Flibustier », il vaut quand même mieux avoir lu les épisodes précédents (même si pas impératif, c’est quand même plus sensé, soyons clairs).
Et il ne faudrait pas ici oublier de citer la mise en couleur flamboyante de Claude Guth qui rehausse chaque page qui, prises séparément, pourraient déjà être incluses dans bien des BD dîtes sérieuses, d’un cachet « qualité » breveté.
Au finish, Arleston et Tarquin développent une des rares séries BD qui vous donne le sentiment urgent d’aller craquer vos derniers deniers pour savoir ce qu’il s’était passé avant.
Un manuel grandeur nature qui prouve que le pas sérieux fait sérieusement -et avec talent- est capable de renvoyer à ses chères études un bon paquet de BD qui se la pètent grave !
Tout simplement décalqué, le critique de la Yozone !
PS : à l’occasion de la « Convention de Troy 2006 » qui s’est déroulée à Paris début décembre, une édition spéciale de ce tome 6 a été édité. Ne pouvant être vendu, elle a été tirée à 600 exemplaires avec une couverture différente.
Avis aux collectionneurs donc (je ne vends pas le mien, désolé :-)
Le Râle du Flibustier
Série : Lanfeust des Étoiles (T6)
Scénario : Christophe Arleston
Dessin : Didier Tarquin
Couleur : Claude Guth
Effets spéciaux : Sébastien Lamirand
Lettrage : Guy Mathias
Conception et réalisation graphique : Didier Gonord et Studio Soleil
Éditeur : Soleil Productions, 15, boulevard de Strasbourg, 83000 Toulon
Site internet : Lanfeust
Page internet BD : Le Râle du Flibustier - Soleil
Format (en cm) : (grand, cartonné)
Pages : 53
Dépôt légal : décembre 2006
EAN : 9782849466414
ISBN : 2-84946-641-7
Prix public : 12,90€
Illustrations & BD © MC Production/Arleston/Tarquin (2006)