Genre : Animation (majoritairement 2D)
Durée : 1h55
Avec les voix (VO) de Junichi Okada (Arren), Aoi Teshima (Therru), Yuko Tanaka (Araneïde), Teruyuki Kagawa (Hare), Jun Fubuki (Tenar), Bunta Sugawara (Ged l’Épervier), etc.
Après avoir mortellement blessé son père, Arren, le jeune Prince du royaume d’Enlad, s’enfuit du Palais et rencontre Ged l’Épervier.
Ce dernier, ultime Archimage a disposer de quelques pouvoirs, va l’entraîner dans une aventure dont le but final est de restaurer l’équilibre des forces régissant le monde de Terremer. Pour cela, il faudra affronter les maléfices d’Aranéide et mesurer son courage à l’aune de l’amour que l’on peut offrir aux autres.
Le film était attendu avec impatience, trop, sans doute. Une adaptation du « Cycle de Terremer » d’Ursula K. Le Guin, soit une œuvre majeure de la fantasy littéraire récente, les Studios Ghibli à la manœuvre sous le parrainage des immenses Hayao Miyazaki et Isao Takahata, le fiston du premier aux commandes, une somme d’éléments incontestables laissaient augurer d’une somptueuse réussite à venir.
Sans être un échec graphique et scénaristique, « Les Contes de Terremer » n’est ni au niveau des romans inspirateurs, ni -et de loin- une animation époustouflante.
Une simple première œuvre, sans doute trop ambitieuse, mais de bonne qualité.
Graphiquement, malgré quelques décors de grande ampleur et assez somptueux dont malheureusement tout mouvement des personnages est absent, c’est le manque global d’ambition des textures qui ressort. la première scène (maritime et aérienne) censée installée le climat est révélatrice. Alors que deux dragons surgissent au-dessus d’un navire affrontant une tempête, ni le ciel, ni la mer ne bénéficient d’un réel travail d’ambiance.
Aplats bruts de décoffrages, stylisation à l’extrême d’une mer démontée mais bien lisse, les deux créatures ailées que l’on croirait sorties d’un épisode de « Yu-Gi-Ho » ne procurent aucun émerveillement. La déception s’installe.
Changement de cadres et de décors, la scène suivante, située dans le Palais du Roi d’Enlad, est d’un autre gabarit. Belle fluidité de l’animation, des personnages typés et inspirés, des traits travaillés, une mise en scène et des plans appropriés, le merveilleux se fait alors porteur de sens.
Tout le reste du film va osciller entre ces deux pôles dont Goro Miyazaki ne semble pas avoir su se dépêtrer. D’un côté, l’animation est créée par des mouvements de caméra ultra classiques sur des fonds graphiques immobiles et très old school, et d’autre part, de nombreuses scènes bénéficient d’un traitement ambitieux où la narration magique du récit s’installe réellement.
Thématiquement, « Les Contes de Terremer » version Goro Miyazaki garde la trame principale des romans d’Ursula K. Le Guin (un mix des tomes 3 et 4), mais seulement sous forme d’épure. Le cycle est passé à la moulinette des Studios Ghibli qui se retrouvent parfaitement dans cet affrontement entre le besoin de vie et l’instinct de mort de personnages en recherche d’un sens à leur existence.
Les notions d’équilibre des pouvoirs, de respect des êtres humains envers un monde désorganisé par un combat de magiciens, le sentimentalisme sous-jacent induit par l’intrigue, tentent d’installer un climat que l’animation peine cependant à rendre totalement.
Malgré une superbe BO (deux superbes chansons mélancoliques) et de beaux moments de rêves, « Les Contes de Terremer » ne dépasse pas le stade du film d’animation intéressant, respectable, mais imparfait. Bien loin en tout cas des précédentes productions des Studios Ghibli et globalement des dernières créations venues d’Asie.
Réalisée et produite par tout autre, on aurait salué cette tentative d’adaptation risquée. On avait oublié à tort qu’il ne s’agirait que d’un premier film et qu’un nom célèbre ne transporte pas le génie d’un paternel qui a déjà placé la barre très haut.
Un résultat qui appelle le travail et la persévérance dans l’effort de la part d’un jeune réalisateur qui devra encore faire ses preuves. Clairement, apprendre à mieux gérer ses visions afin d’en proposer une concrétisation cinématographique débarrassée de toutes scories est le défi futur que devra relever Goro Miyazaki afin de nous convaincre totalement.
Le bonhomme a du talent, c’est certain, et on ne s’inquiète pas trop.
En attendant, vous pouvez allez voir ces « Contes de Terremer », mais sans en attendre monts et merveilles non plus.
FICHE TECHNIQUE
Titre original : Gedo Senki
Réalisation : Goro Miyazaki
Scénario : Goro Miyazaki et Keiko Niwa
D’après les romans du Cycle de Terremer d’Ursula K. Le Guin
Producteur : Toshio Suzuki
Musique : Tamiya Terashima
Chanson interprétée par : Aoi Teshima
Animation : Akihiko Yamashita
Couleurs : Michiyo Yasuda
Décors : Yoji Takeshige
Son : Kazuhiro Wakabayashi
Production : Studio Ghibli
Distribution : Buena Vista International (France)
Presse : Floriane Mathieu & Aude Thomas (BVI France)
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http://www.ghibli.jp (Japonais)