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Trois lettres, pas cinq, et une hilarante pénitence.
H.P.L. de Roland C.Wagner - Le Pénitent du Diable de Thierry Iochem
Délices & Daubes n°45


Comme la couverture et le sujet m’interpellaient, je me suis acheté H.P.L. par Roland C. Wagner, Les Trois Souhaits, Actu SF, 55 pages, 5 euros.

Que dire ? La couverture de Maître Caza est belle. Il s’agit d’une nouvelle déjà ancienne de RCW qui raconte la vie de Lovecraft s’il avait vécu jusqu’en 1991. Le seul intérêt, outre une vraie fausse érudition sur la SF américaine, est la réhabilitation de l’homme de Providence, qui a changé ses idées xénophobes et est devenu un vieux gentleman très à gauche, au point de s’engueuler avec un Heinlein décrit comme libertarien ultra libéral.

Ah oui, pour épaissir sans doute l’opuscule, vous avez droit à la version anglaise du même texte. Why not ? Pour amateurs de « collectors » sans doute...

Mon chef de rubrique, qui avait trop de bouquins en SP à lire, m’en a envoyé quelques uns. Parmi ceux-ci (avec écrit en très gros, en rouge et à la main « SERVICE PRESSE » sur la tranche) une perle de la littérature fantastico-gothique française : Le Pénitent du Diable, de Thierry Iochem, Nuit d’Avril, 2005, 141 pages, hautement recommandable pour son humour involontaire.

Comment peut-on écrire comme ça quand on a 30 ans ? Comment peut-on écrire ça aujourd’hui ? L’auteur enfile les clichés et les phrases toutes faites avec un aplomb extraordinaire. Et il a bien retenu ses leçons de catéchisme chez les ultras réacs.

Á la fin du premier chapitre : « Faites l’amour, pas la guerre ! criaient haut et fort les pacifistes des années 1970. Ce mode de vie débridé avait montré ses limites avec l’apparition du Sida et des affaires de pédophilie qui secouaient régulièrement l’opinion publique. »
Plus loin :« Simon était prêt à boire le calice jusqu’à la lie. C’était le prix à payer pour emprunter le chemin escarpé qui menait à la sagesse et à la connaissance divine. »
Une autre pour la route ? « Il s’engagea d’un pas alerte dans la forêt, tel Perceval à la recherche du Saint Graal. »

Plus fort, il invente des images, comme sa première phrase :« Des trombes d’eau babyloniennes s’abattaient inexorablement sur la bourgade... » Beau début, non ? Chacun sait qu’il pleut énormément en Irak. Une autre image superbe ? « La bibliothèque municipale était plongée dans un silence digne des profondeurs de la Mer Morte », la même phrase est si réussie qu’elle est reprise au début du chapitre suivant. Pourtant, quoique située au-dessous du niveau de la mer, la Mer Morte, bientôt assèchée, n’est pas particulièrement réputée pour ses abysses.

Pour l’anecdote, la bourgade perdue où se déroule l’histoire possède le meilleur restaurant du monde, avec quatre étoiles au Michelin, plus fort que Bocuse.

A l’instar de ce qui a été proposé pour Aubenque par le collègue Philippe Heurtel, on devrait pouvoir organiser des soirées pizzas et bières pour lire à haute voix ce monument de la littérature poncificale et cathogothique.


Henri Bademoude
20 mars 2007


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