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Et si les dieux étaient des hommes ? Peut-être seraient-ils plus sympas ?
L’île des morts de Roger Zelazny
Délices & Daubes n° 42


« Ah non ! Tout mais pas ça ! Le Bademoude et la métaphysique maintenant ? Et pi quoi encore ? »

Non, rassurez-vous, ô rare lectrice, ô improbable lecteur. Juste un titre accrocheur qui vous vient spontanément quand vous lisez ce pur génie de la SFF, maître Roger Zelazny, dont j’eus le plaisir, l’honneur et l’avantage de vous entretenir dans de précédents biftons (D&D 16, 17). Là je viens de relire L’île des morts (The isle of the deads, 1970), Opta Galaxie-bis, 1971, 191 pages. (On remarquera incidemment, qu’en ces temps perdus et lointains de ma jeunesse, les bons bouquins pouvaient, sans honte, être de longueur décente.) La couv est de Moebius, quand il était petit mais quand même. Nonobstant, la vraie couverture (celle de Roger) c’est le tableau de Arnold Böcklin (version de 1886) que je vous copiâtes depuis la wikiclopédie, repris assez bizarrement pour le J’ai Lu. Vous pouvez aussi lire le bouquin en écoutant la musique que le tableau inspira à Rachmaninov, mais pas en même temps que la BD de Sorel et Mosdi.

Francis Sandow est né au XXe siècle, mais il a aujourd’hui dépassé le millénaire, et son boulot c’est artiste, créateur de mondes. Et ça paye bien. Il est un des 27 porteurs de noms, investis par des dieux-esprits extraterrestres péiens, qui leur confèrent le pouvoir de créer.

Il en a vu et il en a vécu des choses, mais il n’est pas blasé, il profite de la vie, de la beauté en général, de la bonne chère comme de la belle chair (il boit même de l’alcool et il fume des cigares et des cigarettes, oh le vilain).

Et puis il reçoit des photos de personnes qu’il a aimées il y a longtemps et qui devraient être mortes. C’est un piège, il le sait. Dans sa religion-culture d’adoption, la revanche est un art ultime qui se mange glacé, des centaines d’années après. Le rendez- vous avec son ennemi est sur une des planètes qu’il a créé, précisément dans l’île des morts qu’il a conçue d’après le tableau de Blöckin.

Le pitch est assez long comme çà. L’histoire est formidable. Mais ce qui est encore plus formidable c’est le style de Zelazny, sa façon d’évoquer les paysages magnifiques et terribles, sa manière de vous faire penser comme ce Sandow homme et dieu sans trop y croire, télépathe et démiurge quand même, mais tellement humain, sentimental, fragile.

Oui je sais, ya plein de gens qui disent que Roger il a écrit du bon et du moins bon, na na na... Pffft de pffft ! Je leur dis :« pouêt ! » Je n’ai pas souvenir d’avoir lu de mauvais Zelazny, et j’en ai lu beaucoup. En tout cas, celui-là, c’est que du bonheur.

Pour une fois, écoutez- moi, lisez Zelazny. C’est beau et ça fait du bien


Henri Bademoude
25 février 2007


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