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Du rab ! Du rab !
Les amants du Spoutnik de Haruki Murakami - Les ossements du chaman de James D.Doss
Délices & Daubes n°39


Des fois on découvre ou redécouvre un auteur, alors on achète d’autres livres du même. C’est un peu couillon parce que souvent on est déçu. Soit l’auteur s’essaye à d’autres trucs et ça ne vous plaît pas. Soit on n’est plus dans le même état d’esprit ou on est de mauvaise humeur et ça coince. Soit encore l’auteur a écrit des bons et des mauvais livres. Je vous ai fait part à ce sujet de mon expérience avec Neil Gaiman (D&D 11, 18, 31, 34, 35).

Mais il y a des exceptions, la preuve avec Haruki Murakami. J’ai dû en lire deux ou trois il y a lurette, un autre plus récemment (D&D 35). Aujourd’hui c’est du roman Les amants du Spoutnik (10/18, 2004, 271 pages) dont je vous cause. Un petit bijou, encore !

Ce qui frappe surtout c’est la légèreté et la finesse du style. On est immédiatement pris dans l’histoire et dans la tête du narrateur. Le jeune instituteur n’a que 25 ans mais c’est un individu réfléchi, équilibré, organisé, qui n’a qu’un défaut : il est amoureux de Sumire. Malheureusement, il n’est pour elle qu’un ami, un vrai, le seul, mais elle n’a aucun désir de lui. Cette jeune femme fantasque écrit beaucoup mais sans jamais finir ses romans. Un jour Sumire rencontre Miu, une femme plus âgée dont elle tombe éperdument amoureuse. Sumire change, elle devient coquette, n’écrit plus, travaille avec Miu, puis part en Europe avec elle. Le voyage d’affaires se termine par des vacances dans une île grecque. Et là, à partir de ce moment, la réalité bascule.

L’écriture subtile, précise, souvent teintée d’humour, vous emporte là où vous ne vous y attendez pas, aux confins de la réalité et du rêve, et jusque de l’autre côté.

C’est aussi extrêmement profond, mais jamais lourd, sur les relations humaines, les rapports à soi-même et à son double, la solitude, le sens de l’existence.
Bref, ça m’a laissé sur le cul. Il paraîtrait que Murakami serait nobélisable. Je comprends et j’approuve, même si on ne me demandera jamais mon avis.

Une autre exception, dans un genre bien différent, c’est James D.Doss. Après Le canyon des ombres (D&D 37), je lis l’enquête suivante : Les ossements du chaman (10/18, 2003, 397 pages). On se retrouve tout à fait dans la même ambiance, avec nos deux grands flics sympas, le ute Charlie Moon et le matukach (visage pâle en ute) Scott Parris.

Cette fois ils sont avertis par la tante de Charlie, la chamane Daisy Perika, que de sombres événements se préparent. Un ancien camarade de beuverie de Charlie emmène sa femme et sa petite fille en vacances. En chemin, il vole un objet sacré plein de pouvoir à un vieux chaman. Sa femme est assassinée de façon horrible et il confie sa fille à Daisy. Soupçonné du meurtre, il est poursuivi.
Mais rien n’est jamais simple, surtout quand les légendes, les traditions et les rêves s’en mèlent. Cette histoire-là est carrément fantastique et il est bien difficile pour Charlie, rationaliste mais indien, et pour Scott, flic blanc mais ultrasensible et détenteur d’une part de Pouvoir, de faire la part des choses.

Les rapports entre la vieille chamane acariâtre et la petite fille et son chaton sont formidablement décrits, comme l’amitié entre les deux enquêteurs. On apprend aussi plein de choses sur les vieilles légendes indiennes, sur les rapports entre Utes et Navajos, Comanches, Sioux et Shoshones.

Bon, vous avez compris, j’aime beaucoup ces polars ethnos et fantastiques.


Henri Bademoude
11 février 2007


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