Après « l’Appel » qui présentait l’univers, cette seconde moitié des « Anges Mécaniques » est très riche en rebondissements : l’escapade de la bande d’Alix, leurs découvertes de l’autre côté du Voile, dans un territoire qui leur était jusqu’ici inaccessible, une nouvelle évolution de l’armure d’Alix qui leur sauve la mise alors qu’ils se croyaient perdus... Et le temps de la riposte, avec l’organisation d’un assaut coordonné de tous les Gardiens... qui tourne mal, l’ennemi les prenant de vitesse, et s’avérant plus nombreux. Carina Rozenfeld joue aux montagnes russes avec les espoirs de ses héros, et d’Alix en particulier.
En effet, la jeune étudiante en beaux-arts se retrouve propulsée, plus que jamais, dernier espoir de l’Humanité à l’aube de ses 18 ans. « Choisie », élue par la mystérieuse matière argentée, elle sera la première à mieux communiquer avec son armure, son symbiote, et cette communication sera déterminante pour savoir comment agir dans l’autre monde. On le devine en creux, et la conclusion nous le confirmera : après des générations de guerriers (et de guerrières), Alix est peut-être la première soldate plus sensible, plus à l’écoute, sans doute du fait de sa brutale intégration dans les Gardiens et des émotions qui se bousculent en elle : nouvelle vie, nouvelles amitié, premier amour...
La narration alterne toujours entre l’aventure et les rapports passés de Solène Lévi, Elise Roy, la première à avoir travaillé sur le symbiote, et Eloi, le grand-père d’Alix et premier Ange greffé. Au-delà des informations que ces inserts donnent (ou rappellent, parfois légèrement répétitifs), ils viennent toujours en contrepoint des rebondissements, apportant une bonne nouvelle quand l’équipe d’Anges se croit perdue, et inversement délivrant un détail tragique aux lourdes conséquences quand ils s’imaginent proches de la victoire. Rien n’est laissé au hasard par l’autrice derrière ce choix formel.
Les choses allaient déjà assez vite dans le premier volume, Alix a ici à peine le temps de se reposer après le sauvetage d’Anton et Isaac qu’il faut déjà repartir. Mais le temps et l’espace sont distordus de l’autre côté, et la narration le rend plutôt bien. On se sent aussi désorientés que les héros. Que ce soit dans l’immense plaine dont l’horizon montagneux semble reculer, ou ensuite sous terre dans les cavernes à faire pâlir la Moria, l’autre côté du Voile est un véritable autre monde et pas une copie du nôtre ou une simple surface morte et désolée, lunaire.
On appréciera la morale finale, la résolution du conflit qui contrebalance le gigantisme des premières batailles. Les revers subis par les Anges laissent vraiment envisager le pire, il faut se raccrocher aux règles du roman jeunesse pour ne pas avoir peur que tout le monde meure. Le renversement de perspective, l’empathie dont Alix fait preuve sont très agréables à lire, et on apprécie que la violence ne résolve pas tout. Même si les super-armures font des étincelles !
Carina Rozenfeld ne répond pas à toutes les questions secondaires, nous laissant nous faire notre propre conviction (était-ce la voix de sa grand-mère Anya qu’Alix entendait ?) mais clôt en douceur la question de l’après, un peu délicate. On ressort donc de ce dernier tome pleinement satisfait, des étoiles plein les yeux, et peut-être quelques larmes. De quoi faire plaisir aux lecteurs ados, et pas que, loin des productions hollywoodiennes bourrines et sans âme.
Titre : L’élue
Série : Les anges mécaniques, tome 2/2
Autrice : Carina Rozenfeld
Couverture : atelier Arsenic & Boule de Gomme
Éditeur : Gulfstream
Collection : 13+
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 300
Format (en cm) : 14 x 22 x 2
Dépôt légal : avril 2023
ISBN : 9782383491293 / ePub : 9782383491446
Prix : 17 € / ePub : 9,99€