Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Poèmes en vrac
Alain Gérard Weill
Vérone, Poétique, poèmes farfelus, 96 pages, troisième trimestre 2023, 10,50 €

Nous avions précédemment chroniqué « Un souvenir un jour frappe à ma porte » du médecin et chercheur François Clavel. Dans le même registre, celui de la poésie pas sérieuse et auto-éditée, voici cette fois-ci les « Poèmes en vrac » d’un ancien physicien et chercheur au CNRS, Alain Gérard Weill.



Savourer les mots comme on savoure les mets, telle semble être la ligne directrice – ou l’une des lignes directrices – de l’auteur dans ce petit recueil d’à peine cent pages à travers lequel on rencontre maintes fantaisies culinaires. Un steak de lamantin, une courge à damner un moine, des rahat-loukoums de contrebande, des langoustines divines, une friture d’éperlans, un bassin à confiture empli de cassoulet pour n’en citer que quelques-unes, mais mieux vaut ne pas trop s’alourdir et éviter tout surpoids au niveau des lombaires, car manger exotique, c’est aussi fréquenter un restaurant « à sciatique ». Faune et personnages ne sont pas moins excentriques – un oiseau double, un faucon bavant sur un missel, un encornet qui se prend pour un cochonnet – et méritent souvent leur nom, comme le loup-phoque ou l’abbé Chamelle. On rencontrera aussi des chasseurs avinés “Qui avec leurs fées carabines / visaient des doubles sangliers” et même un hareng saur surréaliste à la Charles Cros, qui s’autocuisine avec des pommes à l’huile, ce que semble-t-il nul ne saurait lui reprocher, “Car il n’a jamais tort / Mon hareng saur”. Une pointe de perplexité, toutefois, au sujet des classiques : Alain Gérard Weill se demande bien quelle est la marque du fromage que tenait en son bec le corbeau de la Fontaine – un fromage, en tout cas, qui lui a “donné l’époisse.

On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans”, écrivait Rimbaud dans un poème intitulé « Roman  ». Avec Alain Gérard Weill, on n’est pas sérieux non plus quand on a quatre-vingts ans, et ce qu’un adolescent ferait passer dans un fanzine du collège ou du lycée, un retraité le publie dans une plaquette à compte d’auteur, et pourquoi s’en priver ? Alain Gérard Weill divague, s’amuse, pratique le poème « rappé », invente le verbe sassafrer (du végétal sassafras), parodie les moralistes et les éternels philosophes de comptoir avec le poème “Émaux savants” au terme duquel le lecteur apprendra que “Pierre qui mousse bavasse pas moult” – ces poèmes en vrac proposent d’autres moralités détournées, comme “Bien malaquais ne saprophyte jamais.

Distrayants et sans prétention, ces quarante-huit textes ou « Poèmes en vrac », accompagnés de photographies et dessins de l’auteur, nous entraînent avec un esprit bon enfant dans d’aimables divagations à base d’images surréalistes, d’allitérations, de rimes et de jeux de mots. Écrits en vers libres, ou plutôt, comme l’écrit l’auteur, en “asticots libres”, ces poèmes sont à lire dans un moment de farniente, en terrasse, en savourant son repas ou en buvant son café. Plus plaisants et plus variés que les éternelles et répétitives mauvaises nouvelles du jour, ces « Poèmes en vrac » sont à goûter “Avec de la barbaque / Pour un dîner dionysiaque.”


Titre : Poèmes en vrac
Auteur : Alain Gérard Weill
Éditeur : Vérone
Collection : Poétique
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 96
Format (en cm) : 14,7 x 21
Dépôt légal : troisième trimestre 2023
ISBN : 9791028428815
Prix : 10,5 €


Les éditions Vérone sur la Yozone :

- « Voyage en première face » d’André Chedal-Anglay
- « Brèves sans comptoir tome 2 » par Jim Canari

Un peu de poésie sur la Yozone :

- « Un souvenir un jour frappe à ma porte » de François Clavel
- « Je connais des îles lointaines » par Louis Brauquier
- « Entre midi et minuit » par Thierry Radière



Hilaire Alrune
3 janvier 2024


JPEG - 11.3 ko



Chargement...
WebAnalytics