Tokyo, de nos jours...
Dans Le berger des âmes (T1), May est une étudiante qui, à l’inverse de sa sœur jumelle, Eiko, préfère passer ses soirées à réviser plutôt que de se détendre ou sortir comme la plupart des jeunes de son âge... Une nuit, la télévision s’allume, la réveillant brutalement. Et elle assiste, hébétée et affolée, à une mort en direct. La victime est sa sœur, touchée par une balle perdue lors d’une fusillade entre yakusas et qui agonise dans les bras de son petit ami, Ryu. À cette affreuse vision se superpose alors celle, énigmatique et effrayante, d’un fantôme au masque repoussant. Edo vient d’entrer dans la vie de May et ne cessera plus alors de la poursuivre pour l’assassiner.
Car une partie de l’âme d’Eiko a trouvé refuge en May, et ce sont des shinigamis, des êtres défunts qui n’ont jamais pu trouver la paix et qui se nourrissent d’âmes égarées qui cherchent à les atteindre.
Edo (ancien nom de Tokyo), l’esprit de la ville, torturé entre modernité et valeurs ancestrales, cherche aussi des proies. Et si l’âme d’Eiko lui convient bien, il n’est pas contre un joli doublé avec celle de May !
Grâce à Ryu et à Itoko, une diseuse d’oracles, May découvrira le moyen de sauver l’âme d’Eiko : il lui faut retrouver le criminel pour qu’il s’excuse.
Ce dernier est recherché sans succès par la police depuis dix ans et a disparu, lui aussi grièvement touché. May s’engage alors dans une course contre la montre et contre la mort afin de sauver l’âme de sa sœur... et la sienne.
May retrouvera-t’elle cet homme ? Ce criminel, regrettera-t’il seulement son geste ?
En plus d’Edo et des shinigamis qui la traquent sans relache, la police japonaise vient mettre son grain de sel, bien trop contente de retrouver la trace d’un criminel qui la met en défaut depuis trop longtemps.
Quel sera donc le dénouement de l’histoire, révélé dans le second tome, astucieusement intitulé... Edo ?
Nicolas Jarry a bâti le scénario de Tokyo Ghost dans un souci d’action permanente tenant constamment le lecteur en haleine. Même s’il n’échappe pas à la tentation du déjà-vu, son histoire accroche par le biais de ses personnages.
On s’attache en effet vite à May et à son désir fou de sauver l’âme de sa sœur jumelle ; on reconnaît en elle les sentiments des jeunes adultes, bridés par leurs examens et qui cherchent leur place dans la société.
L’humour est très présent grâce au personnage de Ryu (et ses fameuses répliques ^^), ainsi que la tendresse, qui transparaît dans le rapprochement entre May et Ryu.
La tristesse est également de mise, bien sûr, avec la mort d’Eiko et son souvenir omniprésent qui plane sur les deux tomes.
Les dessins de Djief (Jean-François Bergeron, dessinateur québécois) sont fins et très agréables à l’œil, donnant souvent l’impression d’avoir des estampes ou des peintures japonaises sous les yeux. Le rouge domine ainsi que le vert, couleurs représentant les deux aspects de Tokyo : la modernité et les traditions.
Le petit plus de la BD qui m’a bien amusée : les apparitions de temps à autre de Totoro ^^ ; (et oui, l’action se passe au Japon, qui dit Japon dit manga et animation).
Les auteurs ont également réussi à diriger mes sentiments de sympathie vers les personnages qui étaient pourtant les moins aptes à les recevoir, j’ai nommé Edo et l’assassin d’Eiko.
On en arrive à comprendre et à plaindre cet homme, dont le passé tourmenté nous sera révélé dans le second tome ; et à se prendre de compassion pour Edo.
Edo, représentant l’esprit ancestral de la ville, écrasé jour après jour par la modernité en constante progression et ses habitants, de jour en jour moins soucieux de leurs coutumes.
Tokyo Ghost est un bel hommage à Tokyo... ou plutôt, à Edo.
Le berger des âmes et Edo
Série : Tokyo Ghost
Scénario : Nicolas Jarry
Dessins : Djief
Couleurs : Joëlle Comtois
Editeur : Soleil Productions
Dépôt légal : juin 2006 et octobre 2006
ISBN : 2-84946-484-8
Pagination : 48 pages couleurs - Album cartonné
Prix public : 12,90 €
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