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YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Sire Cédric : Parfait maniaque !
Interview très sage d’un auteur rock’n roll et talentueux, à découvrir
Novembre 2006

Lucie Chenu, notre officier de liaison, a été téléportée dans cet univers étrange où Rock’n Roll, Stephen King, Dario Argento et David Lynch (et bien d’autres) cohabitent dans la tête d’un écrivain qui nous avait déjà heureusement surpris avec « Déchirures » (premier ouvrage chez Nuit d’Avril).
Il y a peu « Angemort » débarquait avec un égal bonheur.
Sire Cédric, retenez bien ce nom !



Traducteur et anthologiste, Sire Cédric est surtout écrivain. Il vient de publier aux éditions Nuit d’Avril son roman Angemort.

Yozone : Un recueil de nouvelles et maintenant un roman. Quel est l’exercice littéraire qui te satisfait le plus ?
Sire Cédric : J’ai pris autant de plaisir à écrire les diverses nouvelles de « Déchirures » qu’à visiter « Angemort ». Du point de vue stylistique, je ne vois pas de différence fondamentale. J’écris au fil de la plume, et la plupart du temps sans avoir la moindre idée de la longueur finale. Dans le futur, il est probable que j’explore davantage la forme longue. On verra bien !

Un an déjà depuis notre précédente interview
suite à la parution de ton recueil de nouvelles « Déchirures ». Ton premier roman, « Angemort », vient de sortir, toujours aux éditions Nuit d’Avril. Comment s’est passée, pour toi, cette année ?

Le moins que je puisse dire, c’est que beaucoup de choses ont changé dans ma vie, cette année, et ce à bien des niveaux ! En tant qu’auteur, la majorité des lecteurs ont découvert mon existence avec « Déchirures ». Quand le roman « Angemort » est sorti, j’ai eu la surprise de voir qu’il était plus attendu que je ne l’aurais jamais imaginé ! Les lecteurs n’ont pas idée d’à quel point je les aime. Pour être là. Pour soutenir mon travail. Je ne suis rien sans eux. Et puis, à un niveau personnel, je m’éclate enfin dans ma vie. À tous les niveaux je vis mes rêves de gosse.

J’essaie de ne pas me répéter !

Tu es un auteur de récits fantastiques, souvent très gores, parfois tragiques, mais la tonalité d’« Angemort » est tout autre : ce livre est drôle ! As-tu eu une volonté délibérée de changer de style ?
J’essaie de ne pas me répéter, ce qui fait que mes histoires sont toutes très différentes les unes des autres. Je m’étais déjà essayé à une nouvelle humoristique dans « Déchirures », avec mes démons qui formaient un groupe de black metal. En ce qui concerne « Angemort », je ne dirai pas que l’histoire est drôle, mais en tout cas on est en pleine série B, donc le ressort général va être de l’enthousiasme, du second degré, pour obtenir un effet d’exubérance. Je suis un vieux fan de films d’horreur, des séries comme « Les Contes de la Crypte ».
C’est cette dynamique qui m’intéressait, et que j’ai essayé de mettre en scène.

Les personnages principaux d’Angemort vivent dans des catacombes, collectionnent des peaux humaines ou des squelettes, ce qui est pour le moins original ! T’es-tu particulièrement renseigné sur les catacombes ? Es-tu, toi-même, un cataphile ?
Absolument pas. Il n’y a pas vraiment eu de documentation pour « Angemort ». Cela dit, si quelqu’un a envie de m’initier à la cataphilie, qu’il n’hésite pas à me contacter, je n’ai jamais essayé et je suis très intéressé !
L’idée des catacombes et des manies bizarres de mes personnages est surtout venue comme un hommage aux romans gothiques. J’avais envie de mettre en scène un dandy tellement riche qu’il pourrait vivre en dehors du monde réel, dans un endroit complètement morbide et décadent. Ensuite, le traitement est radicalement différent du courant classique, forcément, mais c’était l’idée de base.

Les scènes d’« Angemort » sont très visuelles, elles font penser à un film ou à une BD. Aimerais-tu adapter ou voir adaptée l’une de tes œuvres pour le cinéma ou la BD ? Dessines-tu ?
Tu t’imagines bien que ce serait magique de voir une de mes histoires adaptée pour le grand écran ! Et qui sait ? (Sourire.) Pour la BD, Aleksi Briclot avait projeté de faire un album tiré de ma nouvelle « Hybrides » il y a quelques années, mais cela ne s’était malheureusement pas fait. Je suis quant à moi bien incapable de dessiner !

Quels sont les films ou les cinéastes que tu apprécies plus particulièrement ?
Je suis un grand amateur de films d’horreur en général, et de réalisateurs qui possèdent un univers personnel marquant, tels que David Lynch ou Dario Argento. Ce qui doit expliquer mon approche esthétisante à l’excès, sans doute... Au niveau des films qui m’ont marqué à vie, je peux citer « Hellraiser » ainsi que « Les Prédateurs » (“The Hunger” de Tony Scott). Je les regarde régulièrement, et toujours avec la même fascination de gosse, que je ne m’explique pas entièrement moi-même.

As-tu longuement réfléchi à « Angemort » avant de passer à l’écriture ou s’est-il imposé à toi rapidement ?
La toute première idée, je la dois au film « Inferno » de « Dario Angento », justement, et à ses pièces immergées remplies de cadavres. J’avais commencé à rédiger la rencontre finale, entre le collectionneur et le démon, une scène qui s’imposait d’elle-même.
Puis, comme je voyais bien que j’avais là matière à décrire une petite fresque bien délirante, j’ai ouvert un nouveau document word, et j’ai écrit ce qui constitue la première phrase du roman : “La peau changea de main à nouveau”. Tout le reste a coulé de cette phrase-là, littéralement au fil de la plume, jusqu’à se reconnecter à la scène finale.

Les œuvres riches et intenses parlent de sexe, de mort et d’absolu

Tu travailles pour le magazine « Elegy ». Que représente à tes yeux le mouvement gothique ? Te revendiques-tu de cette culture ?
Je ne me revendique de rien du tout, j’aime seulement ce qui est beau, ce qui est riche et ce qui est exalté. J’écoute donc beaucoup de musiques gothiques, qui par essence dégagent ces sentiments-là. Mais on retrouve aussi ça dans les chants religieux, dans l’opéra, dans certaines musiques électroniques, et même (et surtout) dans le rock’n roll ! En ce qui concerne « Elegy », maintenant, je ne participe qu’aux rubriques littéraires. Mais on en revient exactement à la même chose : le magazine présente des artistes qui explorent l’imaginaire de façon personnelle, avec beauté et intensité.
Et il se trouve que, depuis l’antiquité en passant par Shakespeare, Baudelaire ou Hugo, les œuvres riches et intenses parlent de sexe, de mort et d’absolu. On regroupe tout ça sous le terme “Goth”, de nos jours, qui a remplacé le terme “Romantique” classique. Moi ça me va. Ce n’est qu’un terme générique. Ce sont les artistes qui comptent et dont on se souviendra. Les qualifications changeront avec le temps comme elles n’ont jamais cessé de le faire.

Tu fais aussi partie d’un groupe de metal. Peux-tu nous en parler un peu ?
Bien sûr. Je suis le vocaliste du groupe « Grimoria », basé à Toulouse. À l’origine une formation de black metal dans la pure tradition du genre. Nous nous dirigeons peu à peu vers un style plus rock’n roll, disons à mi-chemin entre « Behemoth » et « Arch Enemy » pour situer. Et nous cherchons un nouveau batteur à l’instant où nous discutons, tiens ! Nous en avons achevé trois cette année, on va se rebaptiser « Spinal Tap » (Ah, un écrivain de plus qui a les bonnes références ! NDLR) si ça continue ! (Rires.)

À ce propos, écris-tu en musique ? Si oui, quelles sont les musiques qui ont accompagné ce roman ?
J’écoute de la musique à longueur de journée. En ce qui concerne « Angemort », je l’ai écrit sur fond de « Moonspell » et d’« Arvo Pärt » pour les premières parties. Pour la dernière partie, j’écoutais du « Marduk » en boucle (ce qui explique les clins d’œil à ce groupe, d’ailleurs. C’est le morceau Materialized in stone qui m’a donné l’image des corps de marbre dans les jardins d’Angemort). La dernière partie de la rédaction et surtout les corrections ont été faites en vacances en Italie, et là c’était les « Cranes », « Nick Cave » et « Massive Attack » qui passaient en boucle dans la stéréo.

Quels auteurs aimes-tu ? Y en a-t-il dont tu dirais qu’ils ont influencé ton œuvre ?
J’aime de très nombreux auteurs, mais je crois que sans Stephen King je n’aurais jamais développé le désir de devenir écrivain. Puis j’ai découvert, au milieu des années 80, les livres de Clive Barker et je dois dire que c’est sans doute le romancier qui, encore aujourd’hui, a la plus grande influence sur ce que j’écris, en terme d’approche littéraire.

Traducteur, anthologiste de l’Emblèmes Polar, écrivain, comment gères-tu ces différentes activités ?
Très mal ! (Rires.) Je suis complètement désorganisé et toujours sur une autre planète, je crois que c’est bien connu maintenant ! Mais, le truc, c’est aussi que je ne fais que des choses qui me passionnent. Je travaille donc sans m’en rendre compte, et j’arrive toujours à rendre mes papiers et textes dans les temps.

Penses-tu retravailler sur une anthologie ?
Si l’occasion se présente, sans aucun doute. Rassembler les textes de « Polar » avait été une aventure passionnante.

À propos de ton activité de traducteur, y a-t-il des auteurs ou des livres plus agréables à traduire que d’autres et pourquoi ?
Je n’ai encore que peu d’expérience, mais je réalise que j’ai eu une chance immense jusqu’ici, car, à l’exception d’un seul texte en fin de compte, je n’ai traduit que des textes que je trouvais fabuleux en tant que lecteur. Particulièrement les nouvelles de Gary Braunbeck, qui sont toutes de petits bijoux. Tout le plaisir de traduire, c’est qu’on comprend la stylistique de l’auteur. Le lien entre forme et fond. En tant que parfait maniaque, j’adore ça, forcément !

Penses-tu que ton approche de la traduction ait changée avec le temps et tes précédentes expériences ?
Oui. Plus je progresse dans la traduction, plus je trouve cela difficile ! (Rires)

Quels sont tes projets littéraires, maintenant ?
J’ai une idée de roman policier qui me tient à cœur. Ça devrait m’occuper tout l’hiver, ensuite... On verra bien ce que nous réservent les étoiles, non ?

Interview réalisée par Lucie Chenu pour la Yozone, novembre 2006

SITES INTERNET

Site internet de Sire Cédric : Sire Cedric.com
Page Myspace de Sire Cédric : myspace.com/sirecedric
Site Internet éditeur : Nuit d’Avril

ROMANS-NOUVELLES-ANTHOLOGIES

Angemort (roman)
Nuit d’Avril
ISBN : 2-35072-027-6
Paru le 22 septembre 2006

Déchirures (nouvelles)
Nuit d’Avril
ISBN : 2-35072-012-8
Première édition (épuisée), parue le 31 avril 2005
Seconde édition parue le 31 octobre 2005

Éditions Nuit d’Avril
France : Cedif (diffusion) Casteilla (distribution)
Belgique : La Caravelle (diffusion / distribution)
Suisse : L’Age d’Homme (diffusion / distribution)
Canada : Agence du Livre (diffusion / distribution)

Polar (anthologie)
Éditions de l’Oxymore
ISBN : 2-913939-36-8
Paru le 24 mars 2004
France : Ced (diffusion) Les Belles Lettres (distribution)
Sire Cédric à la barre, réunit sept auteurs sur des thématiques fantastico-policières.

Muses (nouvelles)
Éditions Angemort
Paru le 31 octobre 2001 (Epuisé)
« Regroupe trois histoires de femmes fatales et fantasmées (« Muse », « Kristanasia » et « Lilith ») » (S. C.)

Nécromantisme (nouvelles)
Éditions Goetia
Paru le 31 octobre 2000 (Epuisé)
« Quatre nouvelles de Fantastique sanglant, première ébauche de recueil, digne de ce nom » (S. C.)

Melancholia (nouvelles)
Éditions Angemort
Paru le 31 octobre 1999 (Epuisé)
« Ma seconde démo de textes, toujours auto-produite, et qui fut bien plus remarquée que la première » (S. C.)

Religere (nouvelles)
Éditions Angemort
Paru le 31 octobre 1998 (Epuisé)
« Alors tout jeune auteur, ne connaissant rien du milieu de l’édition -et pas encore prêt à y affronter ses hypnotisants requins- j’étais surtout désireux de diffuser mes premiers écrits. » (S. C.)

French Gothic (anthologie d’Alain Pozzuoli, une nouvelle)
470 pages
Édition Les Belles Lettres (12 janvier 2004)
470 pages
ISBN : 2251442510

Baisers de Sang : 20 Histoires Érotiques de Vampires (anthologie d’Alain Pozzuoli, une nouvelle)
264 pages
Édition Les Belles Lettres (7 janvier 2005)
Collection : Sortilèges
ISBN : 2251491627


Lucie Chenu
14 décembre 2006


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Sire Cédric



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Dernier ouvrage et premier roman (Nuit d’Avril 2006)



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Premier recueil de nouvelles chez Nuit d’Avril (2006) et déjà une seconde impression.



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Sire Cédric anthologiste pour l’Oxymore



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Hellraiser (et Clive Barker), deux influences majeures.



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Mais aussi le film « Les Prédateurs » (The Hunger) de Tony Scott.



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Et « Inferno » du grand Dario Argento qui inspira l’idée première développée dans « Angemort ».



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« Muse » : trois histoires de femmes fatales.



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« Nécromantisme » : une première vraie ébauche de recueil (4 nouvelles).



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« Melancholia » : un recueil remarqué (1999)



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« Religere » : les débuts !



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Sire Cédric est présent dans l’anthologie « French Gothic » d’Alain Pozzuoli (Les Belles Lettres)



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« Baisers de Sang », Alain Pozzuoli toujours aux manettes pour cette seconde anthologie et Sire Cédric y est aussi (Les Belles Lettres) !



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