Peng Shepherd revient avec son second roman, « Les Cartographes », qu’Albin Michel Imaginaire a choisi comme son devancier, le remarqué « Livre de M », de sortir dans une livrée neutre, hors charte graphique de la collection, pour capter un public plus vaste. Il faut dire que ce livre penche plus vers le thriller avec un côté fantastique que vers la science-fiction.
Le bref aperçu termine sur le fil rouge autour duquel tourne tout le récit, cette fameuse carte diffusée pourtant à grande échelle à l’époque, mais aujourd’hui introuvable comme le découvre avec stupeur Nell. Qu’a-t-elle d’extraordinaire pour valoir des sommes folles à présent ? Elle n’a qu’une envie, la déchirer, car c’est elle la cause de tous ses malheurs : la fin de sa carrière dans le milieu, la fin de sa relation avec son père, son unique famille. Elle lui a tout pris, alors pourquoi la garder ? Peut-être la curiosité, l’envie de comprendre ? Et puis il se passe d’étonnantes choses à la NYPL, cambriolée la nuit de ses recherches sur la mystérieuse carte. Les faits sont-ils liés ? Et la mort de son père est-elle naturelle ? La police furète et son arrivée à un endroit où elle n’avait plus mis les pieds depuis sept ans intrigue. Nell est bien la fille de son père, elle est têtue comme une mule et ne peut s’empêcher de creuser pour comprendre ce que cette carte possède de si spécial et pourquoi son père l’a conservée précieusement. De fil en aiguille, elle apprend l’existence du groupe Les Cartographes, des célébrités dans le milieu, renoue contact avec Felix, une ancienne relation et rencontre des connaissances de ses parents, apprenant petit à petit le passé de ses géniteurs.
Le déroulement se révèle vraiment prenant, longtemps le mystère autour de cette carte est conservé. Quelle est sa particularité ? Pourquoi sa rareté ? Pourquoi certains cherchent-ils tant à la posséder contre toute logique ? Rien qu’en parler reviendrait à trop en dévoiler et lever une partie de la magie de ce roman, véritable invitation à découvrir l’univers des cartes. À ce titre, les lecteurs du numéro 220 de « Solaris » auront un coup d’avance dans la compréhension, car Mario Tessier y décrit entre autres une particularité de la profession. « Une Ville de papier » d’Olivier Hodasava apporte encore un éclairage supplémentaire et trouve écho dans les remerciements en fin d’ouvrage, où Peng Shepherd explique l’idée de départ de ce roman.

En plus de Nell, une femme obstinée, désireuse de comprendre, une belle galerie de personnages se dégage de l’histoire, tous gravitant dans le milieu de la cartographie et ayant croisé Nell à un moment ou un autre. Ils sont nombreux à détenir les clés de son passé, à pouvoir décrire ce qui s’est réellement passé lors de l’incendie dont sa mère n’a pas réchappé. Ce passé les effraie toujours, le danger n’a pas disparu et en remuant les jours enfouis, Nell provoque les événements. Alors que certains soulèvent la poussière recouvrant les vieilles cartes, d’autres explorent des voies nouvelles, modélisant une carte capable de répondre à toutes les questions.

Décrit ainsi, l’univers de la cartographie possède un côté magique qui ne peut que happer le lecteur retrouvant le temps d’un livre la capacité de s’émerveiller. Porté par Nell, ce thriller fantastique se révèle passionnant de bout en bout.
Avec « Les cartographes », Peng Shepherd séduit une fois de plus avec son imaginaire original et plaisant.

Titre : Les cartographes (the cartographers, 2022)
Auteur : Peng Shepherd
Illustration de couverture : Timothée Mathelin
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Anne-Sylvie Homassel
Éditeur : Albin Michel
Collection : Albin Michel Imaginaire
Directeur de collection : Gilles Dumay
Sites Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 472
Format (en cm) : 22 x 15
Dépôt légal : avril 2023
ISBN : 9782226471246
Prix : 23,90 €

Peng Shepherd sur la Yozone :
 « Le Livre de M » version Albin Michel Imaginaire et Le Livre de Poche

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