Genre : Adaptation de comic-book
Durée : 2h05
Avec Ron Perlman (Hellboy), John Hurt (Trevor ’Broom’ Bruttenholm), Selma Blair (Liz Sherman), Rupert Evans (John Myers), Karel Roden (Grigori), Jeffrey Tambor (Tom Manning), Doug Jones (Abe Sapien), Brian Steele (Sammael), Ladislav Beran (Kroenen), Biddy Hodson (Ilsa), Corey Johnson (Agent Clay), Kevin Trainor (’Broom’ jeune), Brian Caspe (Agent Lime), James Babson (Agent Moss), Stephen Fisher (Agent Quarry), Garth Cooper (Agent Stone)
Né des flammes de l’Enfer et convié sur Terre par Raspoutine pour y propager le chaos, Hellboy a heureusement été récupéré par les alliés avant que les sorciers du IIIème Reich ne s’emparent de lui. Elevé comme un fils par le professeur Broom, responsable du Bureau des Recherches Paranormales de la Défense, le diablotin écarlate a maintenant appris à contrôler sa force herculéenne et s’est constitué, avec le télépathe Abe Sapien et Liz Sherman, une jeune femme capable de déclencher le feu par la seule force de son esprit, une étonnante famille qui protège secrètement la planète des démons et des forces du mal. Mais, le retour inattendu de Raspoutine va bousculer l’ordre des choses et obliger Hellboy à se confronter à ses origines.
Après l’énorme « Spider-Man 2 », c’est au tour de Hellboy de se faire son cinéma. Si, bien sûr, le démon rouge ne connaît pas la popularité quarantenaire du lanceur de toiles, les dix épisodes de la série « Les germes de la destruction », mêlant un personnage légendaire (Raspoutine), des traumatismes historiques (le nazisme), cosmogonie Lovecraftienne au graphisme épuré de Mike Mignola, ont eu tôt fait de séduire les lecteurs en mal de nouvelles sensations fortes. Parmi eux, Guillermo Del Toro. Cinéaste mexicain déjà coupable de « Cronos » et « Mimic », il défraie la chronique en 2002 lorsqu’il commet, coup sur coup, deux grandes réussites du cinéma fantastique, à savoir « L’échine du Diable », un film de fantômes intimiste à tendance autobiographique (tourné en Espagne sous l’égide de la boîte de production de Pedro Almodovar), et « Blade 2 », une expérience visuelle et l’une des toutes meilleures adaptations de BD réalisée à ce jour. Alors, quand ces deux artistes de talent annoncent travailler ensemble à la transposition de Hellboy du papier à l’écran, ici, sur la Yozone, l’excitation est à son comble. Toujours est-il que si, durant la longue période de gestation de ce projet (il a fallut 6 ans pour que Hellboy voit le jour), Guillermo Del Toro a dû se battre bec et ongle avec la production pour préserver l’intégrité de l’univers de Mike Mignola, ce dernier, parfaitement confiant dans les motivations du metteur en scène, l’a résolument poussé à s’emparer de son héros de papier pour mieux le transcender sur l’écran de ciné. Un parti pris judicieux puisque le réalisateur, grand fan de la BD devant l’éternel, va compiler les éléments des différents albums pour proposer une version cinématographique inédite des origines de la créature et de sa confrontation avec son créateur. D’ailleurs, dès les premières images, Del Toro s’approprie le personnage en provocant sa venue sur Terre le jour de son propre anniversaire (le 9 octobre au lieu du 23 décembre 1944 dans la BD) et impose immédiatement sa vision des choses au moyen d’une introduction savamment orchestrée. D’un côté, on retrouve le Hellboy original de Mignola, avec Raspoutine, ressuscité en grand sorcier d’Adolf Hitler, invoquant les 7 dieux du Chaos pour offrir la victoire aux armées de l’Axe, de l’autre, on découvre celui de Del Toro qui introduit avec brio un méchant aussi fascinant qu’efficace en la personne du Dr Karl Kroenen (évoqué dans la BD comme membre du projet « Ragna Rok »), un indestructible nazi masqué adepte de la magie noire et de l’arme blanche. Mais le meilleur est encore à venir quand, 60 ans plus tard (autrement dit de nos jours), le jeune agent du FBI, John Myers (un autre ajout de Del Toro) se présente à son nouveau poste au BPRD, le Bureau des Recherches Paranormales de la Défense. Et là, c’est le choc. Non seulement, Ron Perlman (qui ferait aussi un excellent Ranxerox) incarne un Hellboy plus vrai que dessiné, mais, de plus, Abe Sapien (Doug Jones), l’homme-poisson télépathe, s’avère également totalement bluffant. Le professeur Broom, interprété par l’excellent John Hurt, et Liz Sherman, à laquelle la charmante Selma Blair prête ses traits, ne sont pas en reste, surtout que la pellicule, contrairement à ce que l’on pouvait imaginer après le percutant « Blade 2 », ne cède pas tout à l’action, au manichéisme et à la puissance dévastatrice de son principal protagoniste. En effet, le réalisateur qui s’est investi personnellement dans la refonte du personnage, installe une subtile relation entre le colosse infernal et son père adoptif autour d’un triangle amoureux composé de Liz, Myers et Hellboy. En tout cas, sans bénéficier de la manne financière des grosses pointures hollywoodiennes comme « Hulk » ou « Spider-man », le surdoué de Guadalajara va habilement jongler avec les différentes techniques à sa disposition pour matérialiser l’univers graphique de Mignola et nous ambiancer un grand film gothique, alternant psychologie, humour et combats homériques entre gentils mutants et entités maléfiques. Même si les plus récalcitrants pourront toujours ergoter sur les changements apportés au matériau d’origine ou encore sur l’aspect perfectible de certains effets numériques, ce « Hellboy », à mi-chemin entre le film de studio et le cinéma d’auteur, est une sacrée réussite. Une adaptation dont les images persistent bien au-delà de la projection et qui devrait donner à beaucoup l’envie de (re)plonger dans les BD de Mike Mignola.
FICHE TECHNIQUE
Réalisation : Guillermo del Toro
Scénario : Guillermo del Toro et Peter Briggs d’après la bande dessinée de Mike Mignola
Producteurs : Lloyd Levin, Lawrence Gordon, Mike Richardson
Producteur associé : Mike Mignola
Producteur exécutif : Patrick J. Palmer
Musique originale : Marco Beltrami
Musique additionnelle : Buck Sanders
Image : Guillermo Navarro
Montage : Peter Amundson
Distribution des roles : Nancy Bishop, Jeremy Zimmerman
Création des décors : Stephen Scott
Direction artistique : Marco Bittner Rosser, Peter Francis
Décorateur de plateau : Hilton Rosemarin
Création des costumes : Wendy Partridge
Maquillage : Mike Elizalde
Design consultant : Mike Mignola
Son : Steve Boeddeker
Effets spéciaux : Nick Allder
Effets visuels : Edward Irastorza
Cascades : Monty L. Simons
Production : Revolution Studios, Dark Horse Entertainment, Lawrence Gordon
Distribution : Columbia Tristar
Effets spéciaux : Black Box Digital, Cinovation Studios, Eden FX, Fantasy II Film Effects, Spectral Motion Inc., The Orphanage, Tippett Studio
Presse : Anne Lara et Marion Aubert pour la Columbia Tristar
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