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Crépuscule des Urmes (Le), tome 2 : La Prophétie du Livre Noir
Arnaud Druelle
Gulf Stream, roman (France), fantastique, 426 pages, septembre 2022, 18,50€

Quelques mois ont passé depuis l’affrontement. Jane et les garçons perdus ont trouvé refuge auprès de la famille d’Azko, et se cachent du shérif à leurs trousses. Marcus a été emmené par l’Ordre du Dragon rouge, car la marque sur son torse le désigne comme leur élu. Ils sont sans nouvelles de Louise, qui a été recueillie par des religieuses. Parviendra-t-elle a mener sa grossesse à terme, en sachant que Rhyan a été arrêté et que le shérif veut le pendre ?
Enfin, Egon est passé dans le Monde Oublié. Il y trouve comme guide Gwendall, le fils de son maître. Mais le fourbe gubbin lui cache bien qu’il a tué son père et qu’il travaille pour l’Urme des Ténèbres.
Quant à Azko, qu’on avait cru mort, il erre dans l’Entre-Deux, désert aux allures d’Orient. Aidé d’un vieux marchand, il va affronter des mythes de son peuple pour prouver sa valeur et pouvoir rentrer chez lui.



L’ordre du Dragon Rouge, de son côté, se penche a nouveau sur un livre de prophéties attribué à Merlin. Les grands maîtres, réunis en secret, découvrent que jeunes 3 élus vaincront l’Urme des Ombres : une guerrière, un mage et un Fils du Vent.

Je n’en dévoile pas trop sur l’intrigue, qui encore une fois est on ne peut plus classique mais bien menée : nos héros séparés seront à nouveau réunis, par hasard (ou bien est-ce la main du Destin). Tous auront dû surmonter leur chagrin et avancer : Jane s’est affirmée comme la meneuse des garçons perdus, Marcus, malgré son caractère impétueux, apprend la magie, Azko se confronte à des épreuves et des créatures de légende, Egon découvre le Monde Oublié et cherche à comprendre son rôle de Pan. Tous quatre rencontrent des obstacles : Jane voit les plus grands des garçons se battre pour elle -ce qui la gonfle, elle doit leur faire une leçon de féminisme-, Marcus est trop impatient et râle qu’on ne lui dise pas tout, Egon subit la duplicité de Gwendall qui le convainc qu’il vaut mieux s’allier à Harmidia que la combattre - et mourir.
De plus, il y a un traître dans l’Ordre, qui mettra en danger l’union de tous.

Comme dans le premier volume, il y a un paradoxe entre l’enjeu de cette histoire (la fin du monde des humains) et l’importance d’un grand nombre de rebondissements. Hormis les aventures teintées de magie d’Egon et surtout d’Azko, le quotidien de Jane et Marcus est... routinier. Si vous attendiez des explosions partout, vous serez déçu. Mais c’est ce qui fait la force et l’ancrage historique du roman d’Arnaud Druelle : le sort du monde se joue en petits comités d’initiés, et le reste du temps il faut bien vivre, s’abriter, se cacher... La réunion des chefs de l’Ordre dans les souterrains de la ville voit ses allures grandioses brutalement ramenées à terre lorsque Marcus râle ou bien que le traître tente de semer la zizanie. Très souvent on marche sur la corde raide entre fantastique et normalité.

Il faudra attendre la bataille finale pour basculer complètement dans cette dimension épique et apocalyptique, et encore : son rythme assez haché est loin du fracas d’un choc de titans. Au contraire là encore, l’auteur laisse la place aux sentiments, aux émotions, avec la vue d’un drame à des lieues du champ de bataille.

Au sortir de ce second volume un peu plus épais, j’ai du mal à avoir une opinion tranchée : les magnifiques couvertures de Passye annonçaient noirceur et magie, on aura été servi. Mais bien loin d’une fantasy anglo-saxonne qui plonge ses jeunes héros dans un voyage à couper le souffle, sans repos, nous aurons ici pris notre temps, celui de vivre avec les personnages, dans leur époque, avec leurs contraintes.
Parfois le trait est un peu gros, forçant l’aspect pédagogique attendue de la littérature jeunesse, mais on appréciera de voir des personnages comme Marcus essayer de changer, des personnages féminins forts et déterminés, tout comme on aura été enchanté de se plonger dans une culture et une mythologie tziganes bien peu connues (car les lecteurs sont encore trop jeunes pour « Peaky Blinders »). Certaines promesses littéraires n’auront pas été tenues, ou auront tourné court, décevant un peu les plus grands (comme moi) qui auraient aimé creuser plus loin.
Mais les 10-13 ans adoreront lire mieux que de la fantasy ultra-classique et calibrée, une histoire bien écrite qui fait appel à leur intelligence et à leur curiosité, en utilisant tout de même les clés narratives de base du roman d’aventures.

« Le Crépuscule des Urmes » est donc un bon diptyque à mettre entre les mains des préados, qui leur donnera le goût de l’Histoire, du fantastique et de la lecture.
Les plus aguerris resteront sans doute sur leur faim, avec une histoire de presque 800 pages si riches d’éléments et parfois si pauvre en réponses...


Titre : La Prophétie du livre noir
Série : Le Crépuscule des Urmes, tome 2/2
Auteur : Arnaud Druelle
Couverture : Passye
Éditeur : Gulf Stream
Collection : 13+
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 426
Format (en cm) :
Dépôt légal : septembre 2022
ISBN : 9782383490197
Prix : 18,50 €


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Nicolas Soffray
8 décembre 2022


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