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Entretien avec Jérémy Partinico
Auteur de « Dictopia » chez Subverti
16 septembre 2022

Le nom de Jérémy Partinico, pour sa première publication ludique, entre dans la cour des auteurs de jeux de lettres à retenir avec l’excellent « Dictopia ». Il est publié par les éditions Subverti, qui ont obtenu cet été le Prix Écoludique au FLIP 2022.
Cependant, Jeremy navigue dans le monde du jeu et du divertissement depuis déjà bien longtemps. En particulier avec sa société « Jeu 10 ouïe » avec laquelle il propose « des animations originales autour du jeu, d’escape game mobiles et de la musique ».
Un panel d’activités créatives qui passent aussi par le jeu d’échecs et les jeux abstraits, type de jeux dont il vient de sortir un représentant avec « Yoxii » aux éditions Cosmoludo.



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Tu présentes aujourd’hui un jeu de lettres intitulé « Dictopia ». Mais quel a été ton parcours pour y parvenir ? Quelle a été la bascule qui t’a fait passer de joueur à créateur ?

Depuis tout petit, j’ai toujours aimé jouer. J’ai un rapport très spécial au jeu. La plupart des personnes y voient une façon de s’évader, de se distraire ou bien de se mesurer aux autres. Moi j’y vois une source de créativité incroyable. Rien de mieux qu’un jeu de lettres où nous laissons notre imagination nous guider pour créer des mots.

L’idée première de « Dictopia » était d’avoir des cartes avec une consonne et une voyelle, pour ne jamais être limité dans la création de mots, afin de rendre le jeu le plus accessible possible. Ensuite il fallait trouver des petits défis pour rajouter de la rejouabilité. Paradoxalement, ces contraintes se révèlent être de précieux guides pour former un mot. Et pour finir, la possibilité de scorer quand on a le bon nombre d’yeux encourage les moins à l’aise avec les lettres. Bien sûr l’objectif ultime, c’est d’arriver à réaliser l’ensemble des missions.

Quelle est la genèse de « Dictopia », de son cheminement jusqu’aux boutiques aujourd’hui ?

« Dictopia » a nécessité un long développement pour parvenir à l’équilibrage d’aujourd’hui. Ensuite nous avons parcouru avec l’éditeur de nombreux festivals partout en France pour le faire découvrir. Et enfin en novembre 2021 il y a eu le lancement du financement participatif sur Ulule, où nous avons atteint plus de 20 000 euros en seulement trois semaines. Puis il y a eu la sortie boutique le 25 mars 2022.

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« Dictopia » est très marqué par sa thématique autour de la manipulation des mots et du langage. Était-ce déjà une idée directrice du prototype initial ou bien la rencontre avec Subverti t’a-t-elle guidé à l’insu de ton plein gré sur ce chemin ?

La thématique est arrivée très tardivement dans le développement du jeu. C’est l’éditeur Subverti qui un jour me l’a proposée. Puis après quelques discussions, c’est apparu comme une évidence. Surtout que le livre « 1984 » de George Orwell venait de rentrer dans le domaine public. Nous avons procédé à un sondage qui a confirmé largement que nous prenions la bonne direction.

As-tu fait des recherches pour accentuer l’aspect dystopique ?

Pas spécialement, j’ai surtout fait des recherches autour de George Orwell et son œuvre « 1984 ». J’ai d’ailleurs appris beaucoup de choses.

Qu’est-ce qui te plaît dans les jeux de lettres ?

Notre langue est extrêmement riche, et les jeux de lettres sont là pour nous le rappeler en enrichissant notre vocabulaire.

Comment amène-t-on des idées supplémentaires qui vont servir le jeu et pas l’alourdir comme les missions de la Résistance ou les yeux inquisiteurs ?

C’était une de mes plus grandes exigences, de conserver des règles très minimalistes afin de créer un jeu très fédérateur, avec une prise en main immédiate.

Comment équilibrer le nombre de lettres dans le jeu pour que les tirages permettent toujours de composer un mot, même court ?

Pour le nombre de lettres c’est assez simple. On trouve beaucoup de statistiques sur Internet, sur la fréquence des lettres dans la langue française. C’est plus l’équilibrage du nombre d’yeux qui a demandé beaucoup de travail. Je ne compte plus les tableaux Excel réalisés.

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Tu nous as avoué être amateur de jeux abstraits. Lesquels ?

Sans hésitation : le jeu d’échecs. C’est un jeu millénaire qui a sans cesse évolué avec le temps et les différentes civilisations. Cet héritage du passé en fait un jeu parfait. Ce qui me fascine le plus, c’est cette infinité de possibilités et l’harmonie de chaque déplacement.
J’ai la chance d’avoir sorti en boutique un jeu abstrait à la fin du mois d’août. Il s’intitule « Yoxii », publié chez Cosmoludo. C’est un jeu dans l’univers des échecs et du go, avec une mécanique pourtant très différente. Il devrait être jouable sur BGA prochainement.

Comment s’est déroulé le travail éditorial avec Subverti ? Beaucoup de modifications ont-elles été nécessaires entre ton prototype et le jeu final ?

C’est assez compliqué de résumer la phase de développement, mais le principal changement a été sur la façon de scorer, pour rendre l’expérience de jeu plus agréable.

Quels sont les autres types de jeux qui t’inspirent ? Quels types aimerais-tu créer ?

La pose de tuiles, les jeux de plis, les jeux à cocher, les jeux de déductions et d’enquêtes, et bien sûr… les jeux abstraits.
La liste est longue, mais dans l’ensemble j’aime les jeux aux règles minimalistes.

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Quels sont les jeux de société qui t’inspirent ? Apprécies-tu plutôt des mécaniques, des auteurs, des univers ?

Jouer ou aimer un jeu ne m’inspire pas forcément. L’inspiration me vient plutôt dans ma vie quotidienne.
J’apprécie beaucoup les mécaniques de jeux et j’attache très peu d’importance à la thématique ou l’univers, c’est souvent le cas dans les jeux allemands.
Sinon j’aime très souvent les jeux de Bruno Cathala, même si ça ne surprend personne.

Quelles sont tes influences venant d’autres media : cinéma, livres, BD, peinture… ?

Peut-être les jeux vidéo, car la passerelle est étroite entre ces deux univers. Je ne joue pas particulièrement à beaucoup de jeux vidéo, mais je bénéficie de l’expérience de mon frère qui est programmeur. Hé oui, l’un fait des jeux vidéo, l’autre des jeux de société.

Quelles sont tes techniques de travail ? As-tu des routines ?

Je pars d’une idée et j’essaie de trouver un moyen de la faire fonctionner. Je dis toujours, le plus dur ce n’est pas d’avoir des idées mais de les faire exister.
Après j’ai la chance d’intervenir tous les jours dans des collèges pour faire des animations de jeux. J’en profite pour réaliser mes tests. Ensuite, j’ai la chance de faire partie d’un groupement d’auteur, le Mouvement des Auteurs Ludiques Toulousains (le MALT). Nous nous réunissons régulièrement pour des tests.

Comment conçois-tu tes prototypes ?

J’utilise le logiciel Canva pour le graphisme, sinon pour mes jeux abstraits c’est impression 3D la plupart du temps.

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Quels conseils pourrais-tu donner à un.e apprenti.e créateur.trice de jeux ?

Ne vous attachez pas à votre mécanique. Osez explorer toutes les pistes, afin de trouver le bon équilibre. Et surtout ne vous découragez jamais quand vous recevez des avis négatifs. Si vous saviez le nombre de personnes qui m’ont dit : « Non, je ne vais pas tester, je n’aime pas les jeux de lettres » ou « Jamais un jeu de lettres ne marchera ». J’ai les mêmes réflexions pour les jeux abstraits. Je laisse dire, et je continue ma route, car je sais qu’il y a un public plus large que l’on ne pense pour ce type de jeux. J’en ai la preuve tous les jours dans les écoles.

Peux-tu nous citer 3 jeux que tu recommanderais à nos lecteurs.trices ?

« Kluster », un jeu d’adresse avec des aimants. Un jeu qui fait toujours l’unanimité.

« Next Station London », mon jeu du moment. Des règles simples et une rejouabilité incroyable.

Et pour finir « 7 Wonders Duel » pour les initiés. J’aime cet équilibre dans les différentes stratégies possibles.

Merci beaucoup pour vos réponses Jérémy.


À lire sur la Yozone :
- « Dictopia », la chronique
- Entretien avec Yoann Brogol, boss de Subverti

- Jérémy Partinico sur Facebook
- Jérémy Partinico sur Instagram


Illustrations © tous droits réservés & La Depêche & Subverti


Michael Espinosa
Christelle Espinosa
16 septembre 2022



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