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Dodo en boîte et psychosphère
L’affaire Jane Eyre de Jasper Fforde - L’odyssée de l’espèce de Roland C. Wagner
Délices & Daubes n°21


Et voilà que ça recommence. Le livre dont tout le monde parle, génialissime, drôlissime, qui sort en « blanche » - alors que c’est quoi d’ailleurs ? une uchronie urbaine ?-m’a gonflé au point de le laisser tomber à la moitié. Il s’agit de L’affaire Jane Eyre de Jasper Fforde (10/18).

Alors ça démarre pas mal dans une Angleterre déjantée en 1980 qui fait la guerre à l’URSS et au Pays de Galles. Avec un papa de l’héroïne qui arrête les pendules et se balade dans le temps. Mais ça tourne vite au vinaigre. Si vous ne connaissez pas sur le bout des doigts la littérature brittonne classique, c’est limite du lisible. Ou alors vous faites semblant de comprendre et vous vous prenez pour un(e) érudit(e).

Ce livre a été écrit en anglais par un Anglais pour les Anglais. Eux doivent avoir une vague idée de ce dont il s’agit pour l’avoir appris à l’école. Les Grenouilles, non. Les Amerloques peut-être un peu. Alors, comme ce bouquin fut un best seller en Angleterre et aux Etats-Unis, on l’a traduit en français. Et tout le petit monde critique hexagonal de s’imaginer connaître par coeur les poèmes de Woodsworth, et sur le bout des doigts son Richard III, et de trouver absolument génial cet « ouvrage jubilatoire ». Ben si ça vous fait jubiler, vous gênez pas pour moi !

Il y a de l’humour anglais, des jeux de mots (peut-être drôles en anglais), des ambiances anglaises. Je ne suis pas bi-culturel franco-britton et ne sais pas grand chose des auteurs anglais du 19e siècle. Or cette histoire se passe dans les livres anglais, comme son titre l’indique. Vous voulez vous taper tous les bouquins des sœurs Brontë et de William Thackeray, entre autres, pour comprendre Jasper ? Vous me suivez ?

Est-ce que j’ai déjà dit « anglais » ? Alors oui, on peut être une Grenouille élévée au bon lait gallois et ne pas même imaginer le problème, certes ! Mais on peut aussi lire le bouquin en s’énervant de ne pas en percevoir la subtilité ou encore jubiler. Pourquoi pas ? On est libre de dire des conneries non ? La preuve : les billets de votre serviteur...

Incroyable mais vrai ! J’ai reçu en SP, de l’Atalante, L’odyssée de l’espèce de Roland C. Wagner. Parce que c’est le troisième tome des Futurs Mystères de Paris, et que j’avais aimé le premier (DD n°5) mais pas le deuxième (DD n°12).

Ce titre est celui du dernier numéro, le 2001, de la collection « Anticipation », des Éditions Fleuve Noir, 1997. Et ben, ils ont eu raison de me l’envoyer, il est vachement bien celui-la. On retrouve la plume légère, les personnages sympas, dont l’extraordinaire AI anar, et une histoire, tirée par les cheveux, certes, mais cohérente (pas comme le tome deux). Il y a de l’action, de l’humour, des rebondissements, un peu de science pas bête ni prétentieuse. Un bel équilibre pour un livre divertissant sous-tendu par une philosophie sympathique ;

Tem se fait accuser d’un double meurtre qu’il n’a pas commis par un inspecteur surdoué mais pas clair. Avec sa copine, son AI et ses copains, il va finir par comprendre. C’est un peu compliqué et ça remonte loin, à l’origine de l’Homo sapiens sapiens - d’où le titre -, et de la psychosphère. Cette notion, très vague dans les premiers tomes, prend plus de consistance et de cohérence. On y croirait presque.

Bref, à mon très, ô combien, humble avis (amtocha), zappez le tome deux mais lisez le tome trois. Tant pis pour la collec des sublimes couvs de Caza.

Vous aurez noté mon ouverture d’esprit, j’espère ? Je viens de dire que LGM c’était moyen (DD n°2O) et j’encense RCW pour ce bouquin-là. Ben oui ! Celui-là je l’ai trouvé délicieusement goûtu !


Henri Bademoude
8 octobre 2006


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