Si l’emballage fait l’unanimité, il en est tout autre du contenu avec des nouvelles d’une qualité inégale pour moi.
Je n’ai jamais vraiment réussi à appréhender le futur imaginé par Jean-Louis Trudel dans “Le Matin, les arbres et leurs cadeaux”. Ce texte relève du SolarPunk et nous présente donc un avenir plausible basé sur une technologie responsable. Les arbres ont été transformés, un nouvel ordre mondial est en train d’émerger avec Le Souverain. Anghia Chaudhry se rend au Chili pour recouvrer une dette, mais elle a accepté cette mission surtout pour des raisons personnelles. Le futur comme l’histoire ne m’ont pas convaincu. Décevant.
Dave Côté s’avère bien plus inspiré. Aurel se fait pirater son compte bancaire et se retrouve à nouveau aveugle, car son interface RA, lui permettant de voir, a aussi été détruite. Il peut heureusement compter sur son amie Léna pour lui dégotter une autre interface, mais cette dernière est loin d’être aussi perfectionnée que la précédente. Léna n’arrête pas de l’améliorer, mais Aurel doit affronter de drôles de phénomènes. “L’artisan du déluge” nous montre comment une vie peut basculer, le handicap qui attend à nouveau Aurel et le difficile réapprentissage qui s’en suit. Une très belle nouvelle.
Quant à “L’autre trame du temps” de Hugues Lictevout, je renvoie le lecteur vers ma chronique du numéro 73 de « Galaxies », dans lequel ce texte figurait déjà ! Même s’il a été retravaillé pour cette parution, il ne s’agit pas d’un inédit et ceux qui l’ont lu peu auparavant, ne le reliront sûrement pas. Moi, j’ai sauté cette vingtaine de pages sans aucun remords.
Malgré une apparition finale étonnante, « Le carrousel » d’Orson Scott Card fonctionne très bien. D’un coup, les morts réapparaissent à la surface de la Terre. Ils ont retrouvé leur corps de jeune adulte, mais n’ont plus de besoins ni d’envie. Le couple Cyril - Alice battait de l’aile depuis un moment, mais quand elle revient ressuscitée, les choses empirent encore. Quel avenir pour cette humanité à deux vitesses ? Comment cette aberration est-elle possible ? Une nouvelle surprenante et stimulante.
“Les cosmos invisibles” de Mario Tessier m’a laissé un sentiment mitigé. Il s’agit d’une conversation entre un voyageur sillonnant le multivers, lassé par son propre univers trop prévisible, trop parfait, avec un habitant d’une autre réalité. Quelle est-elle ? Mystère... Cela s’apparente à une liste de mondes basés sur des postulats différents, sans réelle histoire, ce qui est troublant.
Par contre, elle accompagne parfaitement “Les carnets du Futurible” : “Les Cartes de Tendre, ou la géographie imaginaire”. Elle peut être considérée comme une illustration du dossier de Mario Tessier qui a bien mené son affaire en conciliant les deux. Cette rubrique est toujours un plaisir à parcourir, aussi instructive que distrayante. Les contrées imaginaires sont vastes, la cartographie une science pleine de surprises...
Dans la partie Critiques, j’ai surtout retenu celle présentant « Wapke », – « demain » en langue atikamekw – le premier recueil de nouvelles d’anticipation autochtone publié au Québec, comme le présente Stanké, l’éditeur.
Ce numéro 220 de « Solaris » laisse un sentiment mitigé avec des nouvelles à l’intérêt très inégal, une étant même déjà parue un mois avant dans la revue « Galaxies ». Mario Tessier régale le lecteur comme à l’accoutumée.
Titre : Solaris
Numéro : 220
Direction littéraire : Jean Pettigrew, Pascal Raud, Daniel Sernine et Élisabeth Vonarburg
Couverture : Colin Surprenant
Illustrations intérieures : Bernard Duchesne et Suzanne Morel
Type : revue
Genres : nouvelles, articles, critiques
Site Internet : Solaris ; numéro 220
Période : automne 2021
Périodicité : trimestrielle
ISSN : 0709-8863
ISBN : 9782924625729
Dimensions (en cm) : 13,2 x 21
Pages : 162
Prix : 13,95 $ CAD
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