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Ballons dirigeables rêvent-ils de poupées gonflables ? (Les)
Karim Berrouka
ActuSF, Hélios, nouvelles (France), fantastique / pastiche / conte / thriller, 380 pages, novembre 2020, 8,90€

Des flics médusés, un génie triste, des spectres grévistes, un héros de conte de fées coaché, des faes pourchassés, une chasse au trésor, l’enfer des tranchées...



ActuSF a la très bonne idée, pour la réédition poche des « Ballons dirigeables rêvent-ils de poupées gonflables ? » de lui adjoindre les nouvelles de deux autres recueils, et de nombreux textes inédits, doublant ainsi sa pagination et la dose de pépites ubuesques et sidérantes.

Plutôt qu’un désossage systématique de chaque texte, fastidieux et par trop divulgâcheur, disons dès ce préambule que ce recueil montre à merveille l’étendue des talents de conteur de Barrouka, qui sait émouvoir, terrifier et faire rire avec la même puissance. Derrière cette maitrise, le petit plaisir pervers de ne pas toujours prévenir le lecteur de la voie empruntée, et d’en briser les codes. Par exemple dans “Jack et l’homme au chapeau”, exercice d’écriture autour du conte de Jack et le haricot magique, où il joue avec les styles narratifs, les registres de langues, mais tord aussi la valeur pédagogique du conte en adjoignant au héros un fonctionnaire lui psychanalysant le moindre geste, ce qui brise un poil l’élan héroïque de l’ado.

Dans un esprit proche, “Éclairage sur un mythe urbain : la Dame Blanche dans toute sa confondante réalité” joue sur la répétition d’une même scène initiale + déclencheur, en variant les personnages parmi une galerie chère à l’auteur, des punks défoncés qu’il aime tendrement aux bourgeois cathos qu’il déteste tout aussi bien.

J’aime beaucoup ses incursions dans des semblants de fantasy, comme “Le Siècle des lumières” et “D’or et de diamant”, où magie et noirceur se confondent à merveille. L’auteur y injecte du matériau suffisant pour un plein roman, et rend un texte à l’os, et la brièveté du format laisse un goût amer de manque.
Ses textes fantastiques sont tantôt émouvants (“L’Histoire commence à Falloujah”, souvent terrifiants (l’enquête sur le serial killer de “Elle” aux forts accents psy, très immersive, poisseuse comme le « Seven » de David Fincher).
D’autres sont inclassables, la case dans laquelle l’auteur se sent visiblement le mieux ; Mention spéciale au très court et magnifique “Charbon”.

On a pu lire Karim Berrouka sur des formes plus longues, applaudir à deux mains son formidable « Club des punks... », ce recueil rappelle qu’il est avant tout un nouvelliste au verbe puissant, qu’il s’agisse de provoquer le rire ou au contraire de nous immerger dans les tréfonds des turpides humaines.


Titre : Les ballons dirigeables rêvent-ils de poupées gonflables ? (nouvelles)
Regroupe les nouvelles parues dans :
- Les ballons dirigeables rêvent-ils de poupées gonflables ?
L’Histoire commence à Falloujah
Concerto pour une résurrection
Elle (inédite)
Éclairage sur un mythe urbain : la Dame Blanche dans toute sa confondante réalité
Dans la terre
Jack et l’homme au chapeau
Le Siècle des lumières
De l’art de l’investigation (inédite)
Le Cirque des ombres
- Théâtres de cendres
Charbon
Naufrage (inédite)
Les sombres
D’or et de diamant (inédite)
Théâtre d’ombres (inédite)
- Enfances de poussières :
L’enfant rouge
... comme un ange gardien (inédite)
Le piano (inédite)
Conjonction (inédite)
Clothilde court dans la forêt
Ils sont cinq (inédite)
Auteur : Karim Berrouka
Couverture :
Éditeur : ActuSF
Collection : Hélios
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 380
Format (en cm) : 18 x 11 x 3
Dépôt légal : novembre 2020
ISBN : 9782376863212
Prix : 8,90 €



Nicolas Soffray
19 juin 2022


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