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Galaxies n°73 (Nouvelle Série)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Revue, n°73, SF - nouvelles - articles - critiques, septembre 2021, 192 pages, 11€

L’écrivain polonais Stanislas Lem est né en 1921 et décédé en 2006. Le centenaire de l’auteur de « Solaris » est l’occasion pour les revues « Galaxies » et « Bifrost » de lui rendre hommage à travers un dossier.
La première à dégainer, « Galaxies » s’est associée avec l’Institut Polonais de Paris pour le réaliser.



L’auteur polonais de SF Rafal Kosik présente Stanislas Lem dont il est un grand admirateur. Intitulé “Mon Lem”, cet article est l’occasion de découvrir l’œuvre de Lem, ainsi que le contexte politique dans lequel elle est sortie et qui forcément a eu son importance. Par la suite, Didier Reboussin et Jean-Pierre Andrevon s’attachent à « Solaris », le premier au roman et le second aux deux adaptations au cinéma.
Figurent aussi au sommaire un entretien datant de 1966, un essai (!) de bibliographie des œuvres traduites et deux nouvelles, une de Stanilas Lem et l’autre de Rafal Kosik.
“L’éducation de Chiffrion” est un inédit de 1965 qui n’a pas été repris dans le recueil « La Cybériade ». Il s’agit en quelque sorte de la conversation entre un maître et son élève, du moins un inventeur et un robot de sa conception. Les événements prennent un drôle de tour quand toutes les statistiques sont bafouées. On a vraiment l’impression d’une leçon, d’une personne de mauvaise foi, moralisatrice qui détient le savoir face à un être artificiel qui ne sait pas ce qu’il dit, alors que son cerveau est bien plus puissant. Pour éviter la censure, il fallait toujours prendre des détours, décrire le présent à travers le prisme de la SF, ce qui donne un résultat pas toujours accessible à la première lecture et un sentiment de froideur, de distance qui peut laisser les lecteurs de côté.
Rafal Kosik a écrit “Le dernier souffle” en hommage à Stanislas Lem. Jared est chargé de trouver de l’eau sur Mars, mais sa passion est avant tout l’archéologie et quand il met à jour des corps dans le désert, l’histoire apparait sous un autre jour. L’auteur pose clairement la question : l’homme retient-il les erreurs du passé ? En a-t-il seulement envie ? Ou ne vit-il que dans l’instant présent en asséchant les sous-sols martiens sans considération futures ? Un beau texte où les enjeux supérieurs priment.

La section Nouvelles débute par le second Prix du Le Bussy 2021. “Fusions” de Stéphane Miller fait très fort. La jeune Violette vit en banlieue, c’est une fan de Jerry Lee Lewis qui n’attend que ses 18 ans pour mettre les voiles et échapper à ce coin sans espoir avec ses dealers, caïds, sans oublier des parents songeant avant tout aux jeux vidéos. Seule personne à la comprendre, le Vétéran, vendeur de pizzas et trans à l’ancienne. Un jour, la coupe est pleine pour Violette... L’auteur nous brosse un portrait sans concessions, le tableau est noir, très noir et il fallait bien que Violette l’éclaire dans un coup d’éclat. Vraiment très bien !

Par la suite, l’intérêt des nouvelles ne cesse de décroître, c’est du moins mon sentiment.
Dans “Peau contre peau”, Brian Stableford étire son idée de tailleur dédié au nouvelles peaux à l’extrême. L’échange entre le tailleur et un client difficile devient vite long et il était temps que la fin arrive. Cela aurait mérité d’être plus ramassé.

Avec Hugues Lictevout, le voyage dans le temps est aisé. Une puce permet ce prodige dans certaines limites. On dirait même qu’elle s’affranchit des distances, tant tout semble facile. Pourtant l’accès à l’endroit le plus protégé du futur se fait grâce à un badge que le personnage dérobe sans autre. Pour servir l’idée directrice, l’auteur a sombré dans la facilité, ce qui nuit à la cohérence de “L’autre trame du temps”.

Isabelle Lauzon nous transporte dans un jeu vidéo. Raën franchit tous les obstacles et parvient au but. Et bien non ! Arrivé à la fin, je me suis demandé ce qu’il fallait comprendre, s’il y avait quelque chose à comprendre dans “Les sortilèges d’Huntilil”.
“Outretemps” nous délivre en général des pépites exhumées du passé. Là, “Anticipations” de Marcel Périn s’avère d’autant plus une déception. Lors de sa rédaction en 1926, la télévision en était à ses débuts. Dans ce court texte, il en décrit l’avenir, lui prêtant des perfectionnements assez délirants aux conséquences grand guignolesques. Effectivement on peut faire un parallèle avec Internet et d’autres choses, mais cela ne suffit pas.

Dans la partie Articles, “Musique & SF” s’intéresse à Suzanne Ciani. Dans les années 1970, la musique électronique expérimentale, très peu pour les Américains . Et alors quand c’est une femme qui en jouait, c’était mission impossible. Une rubrique qui ne cesse de surprendre et qui prend encore une autre dimension cette fois-ci.
Seconde apparition de Georges-J Arnaud dans “Croisière au long du Fleuve”. Cette fois-ci, Michel Vannereux, le rédacteur en chef du « Météore » et de « La Tribune des Amis d’Edgar Rice Burroughs », présente le cycle majeur « La compagnie des Glaces ».
Suivent 60 pages de chroniques en tout genre, dont celles fouillées du Dr Stolze.

« Solaris » est un classique de la science-fiction. Pour autant, les autres œuvres de Stanislas Lem sont loin d’être aussi connues. Il est légitime de profiter du centenaire de sa naissance pour le remettre sur le devant de la scène et le Polonais Rafal Kosik était à même de resituer le contexte de sa carrière littéraire.
La partie Nouvelles commence en fanfare, mais s’avère décevante par la suite.
Un numéro avec des hauts et des bas dans lesquels figure clairement l’illustration de couverture peu inspirée et peu engageante signée Trust.


Titre : Galaxies Nouvelle Série
Numéro : 73 (115 dans l’ancienne numérotation)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Couverture : Trust
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, entretiens...
Site Internet : Galaxies
Dépôt légal : septembre 2021
ISSN : 1270-2382
N° ISBN : 9782376251316
Dimensions (en cm) : 13,4 x 21
Pages : 192
Prix : 11€


Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
22 octobre 2021


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